“FairMoove est la première DNVB du tourisme français”

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Le fondateur d’Easyvoyage.com présente son dernier projet entrepreneurial, FairMoove, un site de voyage nouvelle génération à l’orientation écoresponsable.

JDN. Dans quel contexte est né FairMoove ? 

Jean-Pierre Nadir, fondateur de FairMoove. © FairMoove

Jean-Pierre Nadir. J’ai déposé la marque FairMoove en avril 2020. Je n’avais pas pensé au concept et à la manière dont j’allais opérer, en revanche, je réfléchissais depuis des années à l’évolution de la distribution des voyages en ligne et en physique. Depuis deux ou trois ans, les jeunes générations manifestent une défiance vis-à-vis du tourisme, en pointant du doigt le caractère polluant pour la planète. Les discours prônant le fait de ne pas voyager ou de voyager près de chez soi ont gagné du terrain depuis les marches pour le climat. Face à ces nouvelles réalités, le monde du voyage peine à s’adapter. Or, je pense qu’il existe une vraie logique de marché en associant les fondamentaux du voyage traditionnel, et les millennials, cette génération qui souhaite changer les choses par une consommation militante. Je n’avais pas anticipé tous ces éléments mais j’ai observé les changements en cours que le covid a accéléré.

Dans quelle mesure l’approche de FairMoove est-elle différente de celle des autres acteurs du marché du voyage en ligne ?

Nous sommes la première DNVB du tourisme français. Au-delà du rapprochement des peuples et la découverte d’autres modes de vie, le voyage implique aussi la problématique de la démographie mondiale et de l’emploi. Des secteurs auparavant pourvoyeurs d’emplois comme l’agriculture ou l’industrie manufacturière ont perdu en main d’œuvre du fait du recours massif aux machines. Je pense qu’il est essentiel de développer des modèles économiques dans les pays à destination. Si l’on souhaite respecter les grands équilibres géopolitiques, il faut donner les moyens aux locaux de se développer dans leur pays grâce au tourisme. Certains pays disposent d’un fort potentiel touristique qui n’a pas suffisamment été exploité, comme l’Algérie ou le Sénégal par exemple. 

Comment concilier cette dimension économique et touristique avec la problématique environnementale ?

Pendant longtemps, le tourisme s’est appuyé sur un rapport Nord-Sud dans lequel les populations locales étaient peu rémunérées et tous les bénéfices revenaient en Europe. C’est la fin de ce modèle. Désormais, il faut développer un écosystème gagnant, sur place, et respectueux des habitants. Concernant les hôtels, on adopte la démarche éco-bâti dans une logique d’impact positif. On réinvente les établissements en intégrant différents procédés comme le gulf stream qui permet de créer des courants d’air dans l’hôtel et de consommer moins de climatisation, voire plus du tout. On développe également le photovoltaïque dans les pays ensoleillés que l’on met en avant sur FairMoove, de manière à alimenter les hôtels en énergie propre. On s’occupe aussi de la récupération des eaux de pluie, en plus de traiter les eaux de douche pour arroser les pelouses et les plantes. On remplace le plastique par du vrac… Toutes ces initiatives doivent permettre de mieux rémunérer les employés sur place. 

Et pour le développement de l’économie locale ?

Nous veillons à ce que 80% des produits proposés dans l’hôtel proviennent de circuits courts dans un rayon de 100 à 300 km maximum. Cela implique de supprimer certains produits comme le jus d’orange si le pays n’en produit pas et de le remplacer par du jus de groseille ou du jus de mangue si c’est la saison. Si les produits locaux ne sont pas en quantités suffisantes, nous allons investir auprès des producteurs pour alimenter les chaînes de production. Les excursions doivent aussi être pensées très locales en englobant la restauration chez l’habitant, notamment. 

“Nous veillons à ce que 80% des produits proposés dans l’hôtel proviennent de circuits courts”

Combien d’établissements hôteliers sont actuellement référencés sur FairMoove ? 

Sur 650 000 hébergements référencés sur Booking, FairMoove en compte actuellement 3 500 et à terme, il y en aura 5 000. Nous sélectionnons et valorisation des acteurs qui mènent les bonnes initiatives car nous souhaitons prouver que le tourisme est la solution et non le problème. Le combat de Fairmoove est d’inciter tous les acteurs touristiques dans le monde à rejoindre notre approche dans la réinvention des modèles. Les hôtels sont répertoriés sur la base d’une cinquantaine de labels dont cinq référents qui regroupent jusqu’à cent critères. On retrouve bien sûr les problématiques écologiques et humaines, mais aussi les enjeux de biodiversité. A partir de ces différents labels, nous avons constitué un méta label en considérant que les clients ne connaissent pas tous les labels existants sur le sujet du tourisme responsable.

Le tourisme responsable proposé par FairMoove est-il à la portée de tous les Français ?

L’objectif de FairMoove n’est pas de promouvoir le tourisme responsable mais de le démocratiser en le proposant au plus grand nombre. A savoir les 55 à 60% des Français qui disposent d’un budget variant de 2 000 et 3 500 euros pour leurs vacances. Effectivement, poser des panneaux photovoltaïques représente un coût au moment de l’installation, mais l’énergie est ensuite fournie gratuitement puisqu’alimentée par le soleil, idem pour la récupération des eaux de pluie. Toutes ces démarches réduiront petit à petit le coût des vacances pour les consommateurs, et toute la chaîne de valeur est gagnante. 

Comment se porte l’activité de FairMoove depuis l’ouverture des ventes à l’été 2021 ?

Nous avons connu des perturbations tous les mois en raison des vagues du covid et à présent de la guerre en Ukraine. Toutefois, nous observons une belle progression car nous sommes parvenus à sceller des partenariats avec différents acteurs dont Veepee ou Showroomprivé. Cela nous positionne comme la porte d’entrée vers le tourisme responsable en plus d’augmenter le trafic de notre site. 

“Nous observons une belle progression car nous sommes parvenus à sceller des partenariats”

Nous développons actuellement des partenariats avec des influenceurs qui partagent les mêmes valeurs que Fairmoove autour du tourisme responsable. Nous leur proposons un deal exclusif sur un an et leur donnons la possibilité de créer une page sur notre site. L’influenceur peut ainsi partager une sélection de ses hôtels préférés. Dès lors, il devient un ambassadeur à long terme qui détaille ses expériences de voyage sur FairMoove. 

Fairmoove est aussi un média puisque nous publions des actualités toutes les semaines autour du tourisme responsable, sans oublier les guides de voyage rédigés par une cinquantaine de rédacteurs sous le prisme écologique. Nous venons d’ouvrir la régie pour nouer des partenariats sur place et mettre en avant le potentiel écologique des territoires. Le projet est assez global et mobilise une équipe de dix salariés, dont mes associés Arthur Courtinat et Corinne Louison. 

Agé de 57 ans, Jean-Pierre Nadir débute sa carrière dans la presse aux côtés de Robert Lafont, auprès duquel il devient actionnaire du groupe Entreprendre. Il rachète en 1989 le quotidien Le Sport. De 1990 à 1999, il lance différents titres de presse. En 2000, il crée un portail d’information, Easyvoyage.com, avec l’objectif de fédérer l’offre des voyagistes présents sur le net et d’informer les voyageurs en développant, avec une équipe de journalistes, des guides de voyages, mais aussi de commercialiser des séjours ou billets d’avion. En décembre 2006, il prend la présidence de la holding Groupe Easyvoyage. En juin 2015, il cède la majorité d’Easyvoyage au groupe Webedia et prend la direction du pôle Tourisme avant de quitter définitivement le groupe en mars 2020. Il dépose la marque FairMoove en avril 2020.

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