Avec sa Route des Pingouins, Franck Jaclin réinvente le tourisme côtier

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Une villa luxueuse dans le sud de la France, ce n’était vraiment pas son truc. Une grosse cylindrée toutes options, avec le bling-bling qui va avec, encore moins ! Franck Jaclin préfère bâtir dans la réalité d’un terroir et une dynamique populaire. Un gîte à 25 € la nuit par personne ou un hôtel vue mer à prix maîtrisé, oui, c’est ça, sa came !

Débuts dans l’informatique

Lorsqu’il acquiert le château de Kergroadez, en 2000, on l’attend au tournant dans la petite commune de Brélès (29), au nord de Brest. Encore un « Parisien » qui va se casser les dents sur les murs d’une vieille bâtisse qui tombe en ruines… Mais c’est mal connaître le Lillois, qui a fait fructifier une société qu’il a créée à seulement 20 ans. Licence de science-éco et comptabilité en poche, il décroche le concours d’HEC et sort en parallèle les premiers logiciels qui permettent de présenter des images par ordinateur. Dans les années 80, tout est à inventer dans l’informatique. Avant la déferlante Power Points de Microsoft, il inonde le marché mondial de solutions innovantes et va jusqu’à commercialiser les premiers vidéoprojecteurs. Sa société, Media Gerance (550 collaborateurs), entre en Bourse en 1998. Dès son arrivée en Bretagne, il s’en sépare progressivement pour se consacrer à sa nouvelle vie.

J’ai découvert le dynamisme et la force des associations. Cela m’a donné envie de construire autour de ça

Franck Jaclin finit par vendre l’ensemble des parts de sa société. Pour rénover son château, il sait qu’il va devoir s’appuyer sur un modèle économique spécifique. Il commence par ouvrir au maximum sa propriété aux locaux et aux associations du secteur. « J’ai découvert le dynamisme et la force des associations. Cela m’a donné envie de construire autour de ça ». Des municipalités voisines disposent de locaux inoccupés en bord de mer. Il propose d’en faire des gîtes pour augmenter l’attractivité de ces territoires. « J’étais venu avec mon épouse et mes quatre garçons en Bretagne à vélo. On avait galéré pour trouver des points de chute. Les gîtes et les chambres se faisaient rares le long de notre parcours côtier ».

De Carantec à Molène et Ouessant

Il imagine La Route des Pingouins, en hommage aux vrais pingouins qu’on croise en mer, au nord de la Bretagne, et en souvenir d’une maison familiale regrettée. Son parcours démarre avec des gîtes à 25 € la nuitée. Dans la foulée, c’est la création d’un premier hôtel-restaurant, le Château de Sable, à la place d’une ancienne colonie de vacances, à Porspoder (29). Il complète par le Castel Ac’h, à Plouguerneau (29) ; le Roch ar Mor, à Ouessant (29), l’hôtel de Carantec (29) et le Belvédère, à l’ouest de Brest.

Il récupère la gestion des gîtes de l’îlot Ledenez, face à Molène, et rachète l’emblématique Kastel an Daol de la famille Masson. Il ajoute à son itinéraire l’ancienne conserverie de Doëlan (29), dans le sud-Finistère, avec le projet d’un véritable village-accueil.

Franck Jaclin a racheté le restaurant du terroir Le Ruffé, à Brest, précédemment détenu par Thierry Beauvy et Jean-Michel Faijean (au milieu et à droite). C’est Julien Robert (27 ans) qui en devient le chef, après avoir travaillé au Roch ar Mor d’Ouessant. (Photo François Destoc/Le Télégramme)

Soutenu par la Caisse des dépôts, il vient d’acquérir le restaurant du terroir, Le Ruffé, à Brest, ainsi que l’ensemble de l’immeuble pour y établir une Maison du goût breton et créer un espace dédié aux producteurs locaux (démonstrations de produits, de préparation…). Les deux derniers étages deviendront des chambres « gîte d’étape » : une première au cœur de Brest, à deux pas des gares routières et maritimes.

Du thé et du poivre à Kergroadez

Sa société, qui emploie autour de 90 CDI, a tout récemment basculé sous statut social et solidaire et va intensifier sa production de produits locaux. Une partie des légumes proposés dans ses restaurants provient des jardins de Kergroadez. On y plantera bientôt des arbres à thé et des poivriers sur plusieurs dizaines d’hectares. Thé vert, thé noir, si possible mêlés aux fruits du verger de Kergroadez ! « On va aussi planter du romarin pour produire de l’huile essentielle ». Vous avez dit essentiel ? Produire local, faire travailler les gens du cru, redynamiser les îles et les territoires côtiers, proposer une autre façon de voyager et de découvrir le littoral breton. Comme un poisson dans l’eau, le « Ch’ti » trace sa route avec humilité et application, le long du littoral breton.

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