Vers un tourisme plus durable ? – En quête de demain

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Nans-les-Pins, un petit village du Var, a vu récemment déferler des centaines de voitures et de visiteurs venus marcher jusqu’aux sources de l’Huveaune, site classé Natura 2000, après la publication sur Instagram de somptueuses photos bleu lagon prises par des internautes. À tel point que la commune a dû prendre un arrêté municipal et demander le renfort d’écogardes pour les protéger. « Si ça continue, dans six mois, le site n’existe plus », a alerté le maire.

À rebours du tourisme de masse, qui bien souvent sature les sites, pollue et abîme, l’heure est à un tourisme plus durable, plus respectueux de la nature et des hommes. Un tourisme qui « tient pleinement compte de ses impacts économiques, sociaux et environnementaux actuels et futurs », selon la définition officielle de l’Organisation Mondiale du Tourisme. Un tourisme qui « préserve aussi notre patrimoine et gère bien les déchets, a précisé Thierry Breton, le commissaire européen au tourisme lors de la Conférence des ministres du Tourisme de l’Union européenne qui s’est tenue en mars 2022. Certains se sont plaints du tourisme de masse, nous devons aller vers un tourisme plus inclusif et respectueux de l’environnement ».

Le Covid-19 a fait grandir chez de nombreux touristes l’envie de consommer autrement leurs voyages, de façon plus éthique et solidaire.

« Le public exprime une réelle volonté pour un tourisme plus durable »

Une tendance plébiscitée par les Français ! D’après les chiffres publiés fin avril par Booking.com, le spécialiste de la réservation de voyages en ligne, 57 % des voyageurs français interrogés déclarent vouloir voyager de manière plus durable dans les douze prochains mois, soit une hausse de onze points par rapport à 2021. Dans cette enquête, 25 % des Français révèlent qu’ils ont préféré voyager en basse saison pour éviter le tourisme de masse au cours de l’année écoulée, et près d’un quart (24 %) qu’ils ont choisi une destination plus proche de leur domicile pour réduire leur empreinte carbone. « Le public exprime une réelle volonté pour un monde plus sain, un tourisme plus durable, plus lié aux territoires. Un retour à des valeurs, assez anciennes, finalement, qui seront sans doute les fondamentaux du tourisme de demain », explique Florence Rousson-Mompo, directrice du tout premier salon Horizonia, qui réunira à Lyon, en septembre tous les acteurs participant à la réflexion et à la transformation du tourisme vers un futur durable. Selon elle, « la covid-19 a fait grandir chez de nombreux touristes l’envie de consommer autrement leurs voyages, de façon plus éthique et solidaire. En cette sortie de crise, les gens veulent redonner du sens à leurs vacances. C’est une vraie tendance de fond ».

C’est une transition longue. Les établissements touristiques vont devoir penser différemment.

« S’engager dans une démarche différente »

L’évolution vers un tourisme plus qualitatif, durable et résilient, est lourde d’enjeux, sachant que cette industrie représente en France 8 % du PIB et génère près de 900 000 emplois salariés directs. Concrètement, cela implique de relever les défis liés aux mobilités, de réduire les émissions de CO2, de préserver la ressource en eau, de protéger les milieux fragiles -en Méditerranée, 90 % de la biodiversité se situe dans les 200 premiers mètres de la frange littorale -, de limiter les pollutions et les déchets -en France, une commune touristique produit en moyenne 100 kilos de déchets par an et par habitant supplémentaire par rapport à une commune lambda. Ce n’est pas rien !

« Intégrer le développement durable à tous les niveaux de l’activité touristique suppose que les professionnels du secteur s’engagent dans une démarche différente et offrent des produits qui se démarquent de ceux proposés habituellement », explique Atout France, l’Agence de développement touristique de la France. Les pays anglo-saxons ou nordiques ont été les premiers à s’engager dans cette voie, suivis d’une partie de l’offre italienne, en avance sur d’autres pays récepteurs comme l’Espagne ou le Portugal. « C’est une transition longue, confirme Florence Rousson-Mompo. Les établissements touristiques vont devoir penser différemment. Par exemple, si j’ai un restaurant, peut-être mon chef peut-il travailler davantage avec les producteurs locaux en circuit court ; dans mon hôtel, je peux investir dans du linge made in France ; dans mon camping, optimiser la gestion de l’eau avec des robinets dans les douches ou installer des panneaux solaires sur le toit des mobil-homes pour éclairer les lieux la nuit ».

Pour aider les professionnels dans cette démarche, le plan « Destination France » présenté par le gouvernement en novembre 2021 prévoit de mobiliser 1,9 milliard d’euros de crédits publics. Avec un objectif clair : faire de la France la première destination pour le tourisme durable en 2030.

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