“Un tourisme de masse en croissance ne sera jamais durable” selon TimothĂ©e Parrique 🔑

0

TourMaG – Dans votre livre, vous dites : « Entre produire plus, et polluer moins, il va falloir choisir. Choix facile car une Ă©conomie peut tout Ă  fait prospĂ©rer sans croissance, Ă  condition de repenser complètement son organisation. » Que faut-il repenser en premier ?

Timothée Parrique : La façon dont on mesure la richesse.

Aujourd’hui on s’obstine à amasser des points de Produit Intérieur Brut (PIB) alors que cet indicateur fait abstraction des choses les plus essentielles, à commencer par la nature.

Orienter une transition sociale et écologique en fonction du PIB serait aussi absurde que d’évaluer une séance de yoga avec un podomètre. Débarrassons-nous de ce logiciel obsolète pour repenser l’économie à partir de l’écologique et du social, et non le contraire.

TourMaG – En quoi la croissance verte qui nous est vendue par le Gouvernement et l’Europe est-elle une utopie ?

Timothée Parrique : Parce qu’aucune expérience historique, en France et ailleurs, n’a réussi à montrer qu’il serait possible de découpler la croissance économique de toutes les pressions qu’elle a sur la nature.

La croissance verte est une hypothèse toute droite sortie de modèles économiques simplistes, basés sur des observations parcellaires.

En l’état actuel des connaissances, c’est un pari extrêmement risqué pour faire face à une problématique écologique aussi dangereuse, urgente, et incertaine.

TourMaG – Est-ce que tourisme et durable sont compatibles ? Le tourisme implique toujours le dĂ©placement ?

Timothée Parrique : La soutenabilité est une question de proportion. Un tourisme de masse en croissance ne sera jamais durable, car il finira toujours par dépasser les capacités de charge (limitées) des écosystèmes.

Même logique d’ailleurs pour la croissance de toute autre activité économique.

Comme disait l’économiste américain Kenneth Boulding : pas de croissance infinie dans un monde fini ! Il faut repenser un tourisme plus lent, un tourisme de proximité, et un accès au tourisme beaucoup plus équitable qu’aujourd’hui, où seuls les plus riches peuvent voyager.

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici