Le discours d’introduction à la convention ADN Tourisme de ce jeudi 20 octobre, prononcé par François de Canson, président du Comité Régional de Tourisme de la Région Sud.
1ERE CONVENTION D’ADN TOURISME – MARSEILLE
20 octobre 2022
Discours de François de CANSON
Cette Convention est une première et je me réjouis de vous y voir si nombreux dans cette ville de Marseille à laquelle, en homme du sud. Vice-Président du Conseil Régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, je suis particulièrement attaché.
Ma motivation est simple et réfléchie, la crise a eu pour conséquence d’exacerber de nombreuses tendances dont nous devinions déjà les contours.
Nous les connaissons, nature, authenticité, expérience, conscience de l’environnement, prise en compte des habitants, limitation des conflits d’usage, exclusivité, du vrai, des valeurs… mais aussi un certain tourisme bashing, un sentiment de culpabilité que certains aimeraient généraliser.
Une seule réponse à cela, construire un tourisme positif, en parler, désacraliser la sempiternelle dichotomie qui voudrait le voyage vertueux et le tourisme aux externalités négatives.
Accompagner la prise de conscience toute simple que développer une économie du tourisme peut aller de paire avec préservation de l’environnement, d’un patrimoine, des habitants d’un territoire…
Et ce n’est pas anodin si j’ai choisi d’installer cette première convention dans les murs de cet Hôtel de Région.
Nous sommes dans un laboratoire grandeur nature, d’une institution qui a fait le choix depuis plusieurs années de consacrer une part croissante de son budget à sa politique dédiée au climat, le budget à venir sera 100% climat, merci Renaud de démontrer qu’avoir une Cop d’Avance dépasse le slogan d’officine de com et peut se conjuguer au présent.
En une journée, nous ne pouvons certes pas changer le monde, mais nous pouvons décider ensemble de le rendre meilleur.
La belle et jeune Fédération que je préside doit porter une vision, un sens, une méthode. C’est tout l’objet de ce rendez-vous qui devra déboucher sur concret plus que sur du concept. Rendez-vous que nous pérenniserons.
Notre réseau des organismes institutionnels de tourisme est organisé, expert, solidaire et constitue un solide interlocuteur pour les pouvoirs publics comme pour les entreprises. Il regroupe en un lieu unique les organismes des régions, des départements des intercommunalités et des villes, les CRT, les ADT et les Offices de Tourisme, une véritable intelligence territoriale du tourisme, et disons-le, du jamais vu.
Certains diront qu’ensemble on est plus forts, d’autres que pour réussir il faut chasser en meute, il était naturel d’agréger dans une même arène l’ensemble des acteurs institutionnels du tourisme, car in fine nous servons le même objectif : l’attractivité de nos territoires.
Toute la sève de ce tourisme français si diversifié, si essentiel pour nos territoires, nous la portons toute l’année et nous la défendons, avec vous acteurs privés, acteurs de la mobilité ou acteur de la transition. Il faut en avoir conscience c’est un poids nouveau dans le paysage institutionnel, une influence que je n’entends que constructive et vigilante.
Madame la Ministre, je vous l’ai dit lors de notre première rencontre, vous savez que vous pouvez compter sur nous et avec nous.
Nous pouvons affirmer notre place aux cotés :
– de l’Etat (avec la DGE et bien entendu l’outil exceptionnel qu’est Atout France)
– et des opérateurs privés.
Ce triptyque qui porte le développement du tourisme français est désormais plus lisible et c’est une excellente chose.
C’est pour donner corps à cette ambition de travailler en collectif que j’ai voulu très vite organiser cette Convention, ce grand Davos des idées, des volontés et des solutions.
Soulignons d’abord la bonne santé du tourisme en France. Et marquons un temps d’arrêt, c’est important après ce que nous avons vécu.
Les Français en particulier ont prouvé leur attachement aux vacances et à leur pays. Mais on a noté aussi un très fort rebond de la clientèle internationale !
Après un excellent printemps qui nous a permis d’enregistrer des taux de fréquentation supérieurs à ceux de 2019 – année de référence -, cet été, en France, le tourisme a battu des records et tous les territoires ont tiré leur épingle du jeu.
Ce sera sans doute une année exceptionnelle, une année record, une année peut être historique – quelle belle revanche !
Toutefois, les défis à relever ne sont pas tous derrière nous.
Je n’oublie pas bien sûr l’enjeu de l’hiver devant un pouvoir d’achat qui pèse toujours plus sur les dépenses des Français et devant la flambée des coûts de l’énergie qui impacte terriblement le budget des stations de ski, un vrai casse-tête pour tous les élus et managers de stations.
Je sais Madame la Ministre toute l’attention que vous portez à ce sujet.
Mais avec les années Covid qui ont vu le rideau se baisser sur de nombreuses activités, nous avons tous appris à faire face collectivement aux défis.
Nous avons tous surtout, je l’espère, compris une chose si jamais la démonstration restait encore à faire : le tourisme est une activité complexe et non une économie de rente.
Il est indispensable, à ce sujet, de casser les idées reçues du « ça marche tout seul », comme il est nécessaire d’opposer au discours sur le « tourisme bashing » les faits, étayés, et rien que les faits.
Le monde entier a compris que, quand le tourisme s’arrête, tout s’arrête, tout un écosystème qui irrigue des secteurs entiers, du transport au lieu de séjour, de la culture au sport, de la gastronomie à l’exploration de la nature, des producteurs locaux à l’artisanat, de l’organisateur d’événements aux lavandières qu’il emploie : tout a été impacté, appauvri, à l’arrêt.
Et c’est grâce à l’effort de tous (les professionnels sur les territoires, l’Etat, les collectivités et les membres de notre réseau), à cet élan de solidarité que personne n’est resté au bord du chemin.
En revanche, alors que le voyage est une activité unanimement admise comme porteuse de bienfaits, de découvertes, et d’épanouissement personnel, il n’en est pas de même de la notion de tourisme.
Or, c’est l’activité touristique qui rend tous ces voyages individuels ou collectifs possibles. En apportant des services, en créant de l’intérêt et en s’intéressant aux besoins des visiteurs, on réconcilie voyage et tourisme, aventure personnelle et découverte d’un lieu, déconnexion et reconnexion, mouvement et enrichissement.
C’est pourquoi nous avons intitulé cette Convention ACTE 1 : « POUR UN TOURISME POSITIF » c’est bien là tout l’enjeu de l’avenir. Rendre possible l’activité touristique et faire comprendre son bienfait pour les territoires et l’ensemble des hommes et femmes qui y vivent ou y séjournent.
Car le tourisme, le voyage, les vacances, les week-ends célèbrent tout simplement le mouvement, l’altérité, la rencontre, le partage, l’ouverture d’esprit.
Et le Mouvement, depuis la nuit des temps, c’est la Vie. C’est ce que nous enseignent tous les grands écrivains voyageurs de Stendhal à Stevenson, d’Alexandra David à Sylvain Tesson.
C’est ce dont rêve chacun : bouger, changer d’air, changer de cadre, nourrir son esprit, apprendre et comprendre.
C’est un maillon du bonheur.
Toute la chaîne du tourisme est un instrument de développement – économique, émotionnel et psychologique – qui a réussi à contribuer de façon extraordinaire au rayonnement de si nombreux pays dont le nôtre.
8% du PIB national : aucune, je dis bien aucune, filière ne contribue autant à l’économie nationale. Cela mérite le respect, l’attention et bien sur l’exigence.
Alors, « arrêter le tourisme », comme on peut l’entendre dans la bouche de certains rigoristes qui doivent pourtant trouver eux aussi plaisir à voyager, serait aussi absurde que de demander d’arrêter de marcher.
Notre pays va entrer dans deux années, 2023 et 2024, placées sous le signe du sport. Deux évènements majeurs vont s’enchaîner : la Coupe du Monde de Rugby et les Jeux Olympiques et
Paralympiques. Ils doivent être, et nous nous y employons déjà, des catalyseurs bénéfiques pour les territoires et plus particulièrement pour l’industrie du tourisme.
Dans un an, 10 villes, sans compter les camps de base, battront au rythme du ballon ovale.
Pour les Jeux de Paris 2024, le Comité d’Organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques et son président Tony Estanguet ont voulu casser les codes en engageant le plus tôt possible l’ensemble des territoires. C’est un changement de paradigme pour des épreuves qui sont habituellement limitées dans l’espace. Pour la première fois dans l’histoire des Jeux, 63 collectivités hôtes françaises, à tous les échelons territoriaux, ont été retenues pour accueillir les futures épreuves olympiques qui se dérouleront du 26 juillet au 11 août 2024 : Paris et sa région mais également six villes de France pour les matchs de football (Bordeaux, Nantes, Lyon, Saint-Etienne, Nice, Marseille).
Marseille organisera également les épreuves de voile, pendant que Lille accueillera les rencontres de handball et Tahiti la compétition de surf… meilleure solution pour mettre en avant tout le savoir-faire français et le partager avec l’ensemble de la population afin de créer un véritable engouement populaire.
C’est pourquoi, afin de faire vivre ces futurs Jeux dans toute la France et de renforcer l’attractivité des territoires, ADN Tourisme a signé une convention de collaboration avec Terre de Jeux 2024. En parallèle, nous avons créé une Commission Paris 2024 qui réunit un panel d’adhérents volontaires et travaille notamment sur l’accompagnement des hébergeurs dans l’accueil des équipes paralympiques.
Nous avons également réuni un groupe de travail « hospitalité » pour que les territoires soient prêts à accueillir le monde entier.
Le monde entier aura les yeux rivés sur la France et il nous faudra mettre en avant tout le savoir-faire français et savoir accueillir comme il se doit nos visiteurs ! Faire taire ceux qui voudraient laisser croire que l’épisode stade de France deviendrait la norme.
Mais ça n’est pas suffisant : les polémiques qui enflent depuis les JO d’hiver de Pékin sans neige naturelle et maintenant la coupe du monde de football au Qatar ou encore l’annonce des Jeux asiatiques d’hiver en Arabie saoudite doivent nous interpeller.
Ce ne sont pas des considérations géopolitiques qui font réagir, mais bien la relation au durable, au respect, au bon sens.
La dimension environnementale dans les évènements à dimension mondiale n’est plus une valeur d’ajustement mais bien d’adhésion, et ceci ira croissant.
Et la réponse se trouve notamment au coeur des territoires.
Militons, défendons un tourisme de valeurs, un tourisme qui montre l’exemple, un tourisme progressiste et qui protège ; dialoguons avec nos visiteurs pour qu’ils comprennent qu’en vacances on est aussi chez quelqu’un d’autre, et que ces lieux doivent être découverts, protégés et respectés ; montrons mieux aux habitants les bénéfices multiples du tourisme ; recherchons les pépites innovantes, les solutions intelligentes qui affleurent partout.
Cassons les immobilismes, sortons des protocoles, acteurs du tourisme devenons un employeur collectif équitable, inclusif, bref exemplaire. Prenons en compte les aspirations des jeunes générations qui dominent déjà le marché du travail : télétravail quand c’est possible, autonomie, garanties d’égalité homme-femme.
À ADN Tourisme, notre conviction est forte : le tourisme doit être plus que jamais un laboratoire permanent, un moteur de changement autour des défis de demain.
– Le développement du tourisme à l’année
– L’acceptabilité par les habitants
– L’amélioration de la régulation des flux
– La mobilité
– La programmation des investissements nécessaires
– L’amélioration de l’attractivité des métiers.
Et surtout la prise en compte de l’urgence de la préservation de l’environnement.
Nous devons devenir un exemple mondial du tourisme responsable. Pourquoi ?
Parce que nous sommes la France, pays phare du tourisme et c’est le rôle des leaders de montrer le chemin.
Parce qu’une activité de service est plus facile à réorienter qu’une activité industrielle : alors faisons-le ! Les solutions existent : elles sont connues, elles sont collectives autant qu’individuelles.
Nous parlons là de centaines de territoires et de près de 2 millions d’emplois. C’est la grande affaire de la France, sa vitrine et son économie moteur.
C’est une des grandes sources de son attractivité et c’est notre responsabilité à tous.
Nous devons créer de nouvelles formes de développement au service d’un tourisme plus vertueux, plus protecteur de l’environnement, plus attentionné pour les habitants sans perdre de vue les enjeux économiques toujours essentiels.
Alors, merci pour leur présence aux experts qui ont accepté de partager leurs expériences et leur vision du secteur ; merci à tous pour votre présence.
Je ne doute pas que cette journée sera fructueuse : ensemble trouvons la sémantique et les fondements du tourisme de demain !