Italie : le tourisme et le cinéma à la rescousse de la dernière steppe sauvage du pays

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Les dolines et les ravins karstiques caractérisent le paysage naturel d’Altamura, de Laterza et de Gravina in Puglia, villes où faisaient halte les voyageurs qui parcouraient la via Appia lors de l’Antiquité. Près de la ville d’Andria se trouve l’immense Castel del Monte, le « cœur de pierre » de l’Alta Murgia. Dans leurs plats, les chefs cuisiniers de la région mettent des ingrédients qu’ils récoltent et se procurent localement : chardons sauvages, pleurotes, lampascioni (de petits oignons sauvages), blé dur, amandes, raisins et olives. (Les Pouilles produisent près de 40 % de l’huile d’olive d’Italie).

(Naples : ces œuvres antiques cohabitent avec la modernité.)

Cela n’a pas empêché l’Alta Murgia de disparaître de la carte après un exode rural qui a vu des milliers de personnes se diriger vers les villes industrielles en quête d’un emploi et d’une vie meilleure. Au fil des décennies, c’est devenu une décharge illégale où l’on déposait des déchets industriels ainsi qu’une alcôve pour la pègre. La région a également accueilli dix bases américaines de lancement de missiles nucléaires dans les années 1960.

Mais cet obscur recoin des Pouilles connaît actuellement une renaissance. Des bénévoles de la région, de jeunes entrepreneurs rentrés au bercail comme Mariantonietta Scalera et des élus œuvrent de concert pour restaurer des zones autrefois recouvertes de déchets, pour promouvoir la culture et la cuisine locale et pour ouvrir des sites archéologiques autrefois fermés au public.

On a pu admirer cet effort collectif visant à rendre son charme à l’Alta Murgia dans des superproductions comme Mourir peut attendre, film dans lequel un James Bond poursuivi par des malfaiteurs traverse le pont de Gravina in Puglia à toute allure, mais aussi lors de défilés de mode de maisons comme Gucci qui ont fait du Castel del Monte, château éthéré et octogonal construit par l’empereur Frédéric II en 1240 ap. J.-C., leur toile de fond.

« Il y a un désir de renaissance. Il y a de l’enthousiasme, indique Mariantonietta Scalera. Les gens reviennent. »

Bien que les plages du Salento et que le littoral du Gargano soient depuis peu les régions les plus touristiques d’Italie avec leurs millions de visiteurs, parmi lesquels des célébrités comme Helen Mirren, George Clooney ou Madonna, l’Alta Murgia demeure fidèle à ses traditions culturelles et culinaires uniques et réserve à ceux qui s’aventurent sur ses itinéraires intérieurs la saveur inattendue d’un lieu intemporel.

 

RENAISSANCE D’UNE RÉGION

Après des décennies de disette touristique, l’Alta Murgia et les communautés environnantes ont lancé un vaste programme de restauration mené de front par des organisations à but non lucratif, par des entrepreneurs de la région ainsi que par des politiciens. Leurs efforts ont été récompensés en 2004 lorsque ces plaines de 675 kilomètres carrés sont devenues un parc national. Selon Francesco Tarantini, président du parc, cette désignation a poussé des personnes comme Mariantonietta Scalera à revenir et à investir dans la terre.

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