Vacances: quelles sont les nouvelles destinations de rêve?

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Ces dernières années ont modifié profondément le marché et les acteurs du tourisme. Ces horizons différents recèlent encore des destinations de rêve. Mais elles ne se vivent plus de la même façon.

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“Le monde se rétrécit”. Nombreux sont ­celles et ceux qui, préparant leurs ­vacances, en viennent à ce constat. Instabilité politique, mesures sanitaires, ­guerre… Cette année 2022 devait sonner le retour en force du voyage sans contraintes, les pieds dans l’eau. On n’y est pas encore tout à fait pour les raisons qu’il n’est pas nécessaire d’évoquer à nouveau. Mais les vacances 2022 sont déjà bien plus enthousiasmantes que celles de l’année précédente.

“Notre nouvelle agence de voyages, c’est un appartement de standing dans lequel on reçoit les clients comme si on mangeait le soir entre amis et on parlait vacances.” Damien Maréchal est voyagiste, il possède trois agences et est, par ailleurs, président de l’UPAV, l’Union professionnelle des agences de voyages. “C’est une réinvention de la fonction de conseiller le voyage. Cela se fait sur rendez-vous et au lieu de la relation comptoir classique, on reçoit les gens dans la salle à manger, la cuisine ou dans le salon. Autour d’un petit verre on discute de leurs vacances passées et de leurs envies pour leur futur séjour. En fonction de celles-ci, on leur propose une formule de voyage. Ce peut être une offre “brochure” préexistante. Mais c’est bien souvent un voyage sur mesure. Après, nos écrans dans le salon permettent grâce à des séquences images de “partir en vacances” en parcourant l’offre adaptée.”

Beaucoup de candidats vacanciers, outre les ­craintes diffuses liées à un hypothétique retour du Covid et d’éventuelles répercussions de la guerre en Ukraine, craignent un très fort taux d’occupation des endroits de villégiature. À cause du ­phénomène de “rattrapage” de personnes frustrées de n’avoir pas pu voyager à leur guise pendant deux ans durant lesquels elles ont par ailleurs ­économisé. Et du fait de ce qu’on entend ici ou là: certaines infrastructures hôtelières n’auraient pas été correctement entretenues. Le nombre de lits aurait baissé assez fortement sur certains littoraux. Partir cet été, n’est-ce pas à coup sûr se retrouver sur la plage d’un hôtel serrés comme des sardines au soleil?

Recherche d’indépendance

“On s’attend à une absence totale du tourisme russe en Europe et dans de nombreuses destinations dans le monde. Cela devrait aérer les hauts lieux touris­tiques.” Cette année, ceux-ci devraient être plus éloignés de la Belgique que l’année dernière. De nombreux Européens avaient pris leur voiture et par conséquent de nombreuses régions notamment françaises étaient saturées de touristes. Mais qu’en sera-t-il? “Cet été, il y aura beaucoup plus de départs en avion. Ce qui s’annonce, c’est l’Espagne, les îles espagnoles, l’Italie, la Grèce, la Turquie, la Croatie. L’Égypte reprend des couleurs, la Tunisie également. Et puis, les Caraïbes, le Mexique, la République dominicaine et l’Amérique du Nord.” Bref, c’est un retour aux classiques du genre avec un petit moins 20 % sur la fréquentation d’avant-Covid de 2019. Mais y a-t-il des “destinations de rêve” qui apparaissent dans les demandes et quelles sont-elles?

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“C’est-à-dire que les rêves ont changé. Ce qui est clair, c’est qu’il y a une demande pour voyager autrement. On cherche de plus petits hôtels. On demande par exemple les Seychelles, mais selon un mode différent de l’approche classique. Pas la trinité habituelle “plage/cocktails/luxe”. Mais la flore, la faune, les biotopes des Seychelles. Et c’est assez similaire pour toutes les destinations traditionnellement “de rêve”. L’Afrique autrement. Ne pas aller dans un safari traditionnel où vous êtes à bord d’un des cinq ou six véhicules 4 x 4 qui se suivent. Mais faire les choses soi-même de façon indépendante.” Cette envie nouvelle d’indépendance se traduit par la diffusion d’un concept récent de mode de voyage: l’autotour.

Une aventure balisée et sécurisée

“L’autotour, c’est organiser un voyage de manière à rendre les vacanciers indépendants de manière sécurisée tout en garantissant un certain confort. On booke les vols, on délivre un véhicule à l’aéroport, avec un road book qui vous déroule jour après jour votre programme. Les routes à prendre, les curiosités à voir, le temps de trajet, les endroits où se restaurer et l’accommodation où vous logerez le soir. On a organisé cela en Afrique, en Colombie. On peut également faire une déclinaison sac à dos – au Cap-Vert par exemple – mais sur un mode tout confort, avec des petites infrastructures haut de gamme.”

Une demande claire d’une réinvention de l’aventure a vu le jour. “Une réinvention de l’aventure, ­certes. Mais une aventure canalisée et balisée. Beaucoup de gens n’ont pas envie d’être dans un tourisme de masse. Ça existait déjà avant, mais avec le Covid, ça a pris une autre dimension. Cette envie d’avoir un petit cocon à soi, de ne pas fréquenter trop de gens… Et également ce besoin de sécurité. Passer par des organisateurs professionnels, par des agences, c’est avoir la garantie que quoi qu’il arrive, vous ne serez pas seul à devoir gérer un vol de retour supprimé que vous auriez acheté sur Internet.” Les deux ans qui se sont écoulés ont augmenté deux besoins. Celui de vivre une aventure particulière et restreinte à un petit groupe. Et le faire en sécurité. Ce dernier point semble attesté par une tendance de réservation de vacances online en baisse au profit du recours à une agence de voyages. Mais le rêve d’une aventure sécurisée et balisée connaît également une autre déclinaison.

Le naturel revient au galop

“Beaucoup de demandes ont trait à un retour à la nature. Un autotour vers l’Islande avec infrastructure encadrée. De nombreuses demandes pour les pays scandinaves, mais pas en bateau: en voiture. On n’avait pas ce type de demande parce que les distances par route sont considérables. Mais de cette manière, les clients remontent tous les fjords… C’est également une “aventure”. Certaines routes peuvent être bloquées mais il y a des solutions de délestage via des ­ferries.” Une aventure qui se soldera par l’arrivée le soir dans un endroit cosy et chaleureux. Des solutions pas spécialement bon marché mais encore abordables. Sur le mode “retour à la nature” ou “réinvention de l’aventure”, il existe toutefois un marché très haut de gamme qui d’évidence se porte bien et laisse à penser que, pour certains, le rêve connaît peu de limites.

islande destination de rêve

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Nature préservée, épargne entamée

Quark Expeditions vous emmènera en Antarctique à partir de Puntas Arenas, au Chili, pour une croisière de 11 jours durant laquelle vous pourrez faire des randonnées sur le 7e continent à la recherche des pingouins et, si le cœur vous en dit, plonger dans la mer polaire ou y faire du kayak. Prix par personne en cabine supérieure: près de 17.000 dollars. SkySafari propose un itinéraire de 13 jours dans l’est de l’Afrique entre la Tanzanie et le Kenya qui vous mènera en 6 trajets à bord d’un luxueux Cessna Grand Caravan de lodge en centre de ­thalassothérapie sous tente à la découverte des ­animaux sauvages de la région. Prix par couple: 54.950 dollars. Le vol aller-retour pour Nairobi n’est pas inclus dans l’offre. En cherchant un peu, il y a pléthore d’offres exclusives de ce type. Le Pérou “famille” en 6 jours pour 12.000 euros. Ce même Pérou, “à la recherche des Incas” mais en train, avec massages et soins, pour 3.000 euros par personne pour deux nuitées. Le Botswana à cheval et en hélicoptère.

L’Indonésie offre également de multiples destinations axées sur le retour à la nature et spécialement les barrières “intactes” de coraux et l’observation de la vie marine. Cette région était un véritable paradis en la matière. Au cours des trente dernières années, le tourisme de masse a transformé ce havre de beauté, de spiritualité et de nature en un gigantesque camping sauvage. La moindre île est ­dévolue aux touristes et dans les eaux de nombreux littoraux les bandes hygiéniques ont remplacé, entre deux eaux, les poissons lumineux de jadis. Il existe toutefois des endroits préservés accessibles à certains bateaux. Par exemple un catamaran de 62 m2 de 3 cabines. Vous devrez débourser 33.000 dollars pour que vous et vos cinq invités puissiez voir, pendant 5 jours, grâce à cet esquif, la “plus grande biodiversité du monde”…

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