Tourisme et voyage, le TCS analyse les tendances 2022

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C’est un secteur touché de plein fouet par la crise du covid. Après deux ans de pandémie, l’industrie du tourisme et des voyages se reconstruit peu à peu. Si la prudence reste de mise, il est tout de même possible d’observer des signes encourageants. Point névralgique du secteur, la mobilité doit aussi permettre d’accompagner cette reprise de manière pertinente, en particulier dans une époque où la manière de se déplacer joue un rôle économique et durable fondamental. Avant d’évoquer ces éléments, petit retour sur l’année 2021, ses temps forts, ses défis et ses succès pour l’organisation qui fêtait ses 125 ans.

Le Temps: Quel bilan général dressez-vous sur l’année 2021?

Jürg Wittwer: Nous avons vécu une deuxième année marquée par la pandémie, durant laquelle nous avons continué à assister nos membres, par exemple en lançant la Covid-Line. Nous avons ainsi pu répondre à presque 20 000 appels pour aider les voyageurs à naviguer dans le monde très complexe des mesures sanitaires et à rester mobiles, cela malgré le coronavirus. L’année dernière, nous avons également fêté nos 125 ans, un jubilé important qui n’est pas à la portée de beaucoup d’entreprises, et qui nous a permis de souligner combien le TCS a évolué au fil des décennies, pour rester pertinent encore aujourd’hui.

Quels ont été les principaux challenges de l’année?

Nous en avons eu plusieurs, car la pandémie a limité les déplacements de nos membres et nous a beaucoup sollicités en tant qu’organisation active, entre autres, dans le domaine de la santé. Maintenir notre tournée du jubilé dans le contexte sanitaire que nous avons connu en 2021 a constitué un challenge considérable, tout comme le fait d’assurer la continuité de nos activités. Mais nous avons surmonté les différents obstacles, en gardant en tête une chose essentielle: servir nos membres. Ils ont d’ailleurs été plus nombreux que jamais à fréquenter nos campings, avec plus d’un million de nuitées. Les pages de notre site internet consacrées à la planification de voyage à l’étranger ont par ailleurs été consultées 60 millions de fois. Partout dans le monde, nous avons porté assistance à nos membres – environ 470 000 fois l’année dernière – soit une intervention toutes les 70 secondes.

Par rapport à vos 125 ans, quels messages (re)transmettre à vos membres? Et comment leurs attentes ont-elles évolué au fil du temps?

Durant la tournée que nous avons organisée à travers la Suisse, nous avons pu remarquer à quel point le TCS est ancré dans la vie de la population. Si nous sommes parvenus à affronter les défis qui se sont présentés depuis 125 ans – des problématiques liées au cyclotourisme au début du XXe siècle à la voiture électrique en passant par l’essor de l’automobile et du tourisme international – c’est parce que nous sommes restés à l’écoute de nos membres. Nous leur proposons des prestations qui correspondent à leurs besoins et à l’époque dans laquelle ils vivent. Aujourd’hui, notre contexte est principalement celui de la transition vers la mobilité électrique et multimodale.

Concernant le secteur du tourisme et des voyages, quelles tendances majeures semblent se dégager pour 2022?

Après deux ans de pandémie, les Suisses ont hâte de voyager à nouveau et le budget des vacances a plutôt augmenté, après les épargnes de deux années de vacances passées sur le balcon. Trois éléments peuvent cependant contrecarrer cette tendance de base très favorable. Premièrement, l’Europe se trouve malheureusement à nouveau en guerre. Cette attaque par un pays en possession d’armes nucléaires sur un Etat indépendant crée un fort sentiment d’insécurité parmi les Suisses. Certaines personnes n’ont plus forcément envie de partir loin pour passer leurs vacances. Deuxièmement, la pandémie n’est pas terminée et de nombreuses mesures sanitaires restent en place en dehors de l’Europe, notamment en Asie. Troisièmement, la guerre et les mesures sanitaires limitent les destinations touristiques. Je m’attends à des voyages principalement en Europe, et potentiellement cela va créer des problèmes de capacités, autant au niveau des hôtels que des compagnies aériennes, qui sont encore loin d’offrir le nombre de places dont on bénéficiait avant la pandémie. En bref, je constate un fort désir de voyager, qui malheureusement ne pourra pas être satisfait comme souhaité dans tous les cas.

Quelles sont les perspectives de la branche en temps (post-)covid?

La pandémie a laissé de profondes traces dans le secteur du tourisme, que ce soit au niveau des compagnies aériennes, de l’hôtellerie ou de la restauration. Nous avons observé un essor considérable du tourisme de proximité, souvent en voiture ou en camping-car. D’autre part nous avons vu par le passé que les flux touristiques ont une assez grande résilience. Que cela soit un attentat terroriste, une catastrophe naturelle ou un crash financier, lorsque la situation revient à la normale les plages et hôtels se remplissent à nouveau très rapidement. Le covid n’a pas changé l’envie des Suisses de profiter de la mer ou de découvrir des cultures inconnues. Après la guerre et lorsque la pandémie sera définitivement vaincue, les destinations traditionnelles retrouveront leur essor.

Comment le TCS entend-il accompagner et soutenir le secteur?

Quelles que soient les perspectives, il y a un fait incontestable: l’insécurité et l’incertitude des voyageurs ont augmenté. C’est le devoir du TCS d’y remédier et c’est ce que nous faisons. Le Livret ETI est de loin l’assurance voyage la plus répandue en Suisse. Notre soutien aux voyageurs commence avec des informations constamment mises à jour et accessibles via notre site web. Nos informations de voyage sont par exemple aussi reprises dans l’application du DFAE. Ensuite nous soutenons nos membres qui rencontrent des problèmes lors de leurs déplacements. Toute personne qui appelle notre centrale d’alarme a accès jour et nuit à nos médecins, nos spécialistes en logistique, nos juristes et notre réseau international de prestataires. Par ailleurs, grâce au module TravelSafety accessible dans notre application mobile, nous pouvons localiser nos membres en cas de crise. Nous avons par exemple, à partir de notre centrale à Vernier, déjà guidé des membres pour sortir de la zone de danger d’un volcan ou pour contourner un soulèvement populaire pour atteindre l’aéroport sain et sauf. Le TCS est une association et l’aide pour nos membres est notre raison d’exister. En bref, si le TCS est un pilier pour la sécurité des voyageurs, alors tout le monde en profitera, l’industrie du voyage et les voyageurs.

Et de quoi sera faite la suite pour le TCS? A court et moyen terme, quels projets majeurs vont être réalisés?

Le Livret ETI est au cœur de nos activités de protection des voyageurs. En ce moment il n’y a pas de changements prévus sur ce point, aussi parce que les couvertures sont déjà les plus extensives du marché. La pandémie a par exemple toujours été couverte, autant pour l’annulation que pour le rapatriement ou les quarantaines. Les changements à court terme se produisent donc plutôt en coulisses. Nous sommes par exemple en train de renforcer notre réseau de voitures de location en Europe du Sud. Nous prévoyons un grand nombre de voyages routiers en direction de la mer cet été, et en cas de panne non réparable nous voulons être sûrs de disposer de suffisamment de voitures de location pour nos membres.

D’autre part nous développons constamment notre offre touristique en Suisse. Quelques nouveaux campings vont nous rejoindre dans les mois et années à venir. Par ailleurs, l’offre moderne du camping va bien au-delà d’un bout de terrain mis à disposition pour planter une tente. Nos hôtes peuvent loger dans des roulottes, des tipis et dans de nombreux autres types d’habitats. Nous avons sur nos campings plus de 1000 lits fixes à disposition pour les visiteurs qui veulent profiter de la nature sans devoir amener leur propre tente. Autre tendance: nos campings deviennent de plus en plus des lieux touristiques en offrant diverses activités à leurs visiteurs dans le domaine du sport, des randonnées ou encore de la gastronomie.

Quelle est votre vision à long terme, et sur quels aspects, enjeux et objectifs se base-t-elle?

Le TCS est le spécialiste de l’aide en cas d’urgence et nous continuerons à développer nos capacités d’intervention dans ce domaine. Suite à l’importance grandissante de la mobilité électrique, nous avons par exemple lancé le service d’assistance à domicile. Si une voiture n’est pas chargée le matin, le problème peut concerner la borne de charge ou le système électrique de la maison. Nous mandatons alors des spécialistes pour réparer cette panne. Un service de dépannage pour la maison que nous avons par ailleurs étendu au domaine sanitaire et du chauffage des maisons. L’année passée nous avons également créé, ensemble avec la FIA, notre académie des drones, qui s’occupe du potentiel de cette nouvelle technologie pour la mobilité urbaine. Il y a des fortes chances pour que nous montions prochainement dans des drones automatisés, bien avant l’apparition de voitures autonomes sur nos routes. En bref, nous suivons notre devise: évoluer aux côtés de nos membres.

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