Tourisme durable en Occitanie : comment concilier hausse de la fréquentation et sauvegarde de l’environnement ?

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Des experts imaginent le tourisme de demain qui serait plus responsable et écologique. Des débats ont eu lieu jeudi et vendredi à Montpellier au Corum lors des Universités du Tourisme durable. 

Les experts se sont succédé sur la scène du Corum pour évoquer la thématique transversale des deux journées dédiées au tourisme durable : “Affronter les paradoxes : transition ou rupture ?”. Comment concilier hausse de la fréquentation touristique et la maîtrise de la pollution ? Vaste débat. Que le docteur en sciences cognitives Thibaud Griessinger se propose de ne pas trancher dans le vif : “Les écologistes aimeraient tout résoudre et le faire vite : leurs cerveaux grillent, ils font une sorte de burn-out intellectuel. Or, il faut un peu de sagesse, savoir poser les impératifs. On ne changera pas tout de suite et tout seul. Cela prendra du temps”.

Des experts ont alterné au Corum sur les paradoxes du tourisme durable.

Il faut voir le verre à moitié plein : “Se dire que faire une coupe du monde au Qatar ou des jeux d’hier en Arabie saoudite, c’est  absurde ou ridicule, c’est un signal positif. Tout comme les boycotts de villes comme Lyon ou Grenoble, il y a un effet d’entraînement qui montre que cela va dans le bon sens”.

La jeunesse à la manœuvre

Autre signal positif de ces Universités, la mobilisation de la jeunesse qui refuse le monde tel qu’il va. En particulier ces jeunes diplômés qui ne se retrouvent pas dans les perspectives offertes par les grandes écoles. Hélène Cloitre et Arthur Gosset, coproductrice et réalisateur ont présenté leur documentaire “Ruptures”. Un témoignage édifiant sur le parcours de six étudiants, la future élite issue des grandes écoles, qui refuse de contribuer à un système destructeur.

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Une jeunesse qui a choisi, elle, de trancher ce fameux paradoxe quand le secteur lui, cherche à se réinventer. C’était le thème de la table ronde animée par la rédactrice en chef du magazine A/R Sandrine Mercier qui a relevé son propre paradoxe : “Je nage moi aussi en pleine dissonance, on est un magazine de voyage, on prône une certaine sobriété mais on doit aussi prendre assez souvent l’avion”. Alors comment faire ? Johanna Wagner, Senior Advisor ESG auprès d’Extendam, propose de “tenter. On craint toujours d’être le pionnier car il y a un risque”.

Le risque Franck Leroux, fondateur d’Evi Hob, a décidé de le saisir. En rachetant “des petites structures vieillissantes dans des petites villes de moins de 20 000 habitants”. Pour proposer un concept hôtelier à taille humaine dans lequel peut-être intégré des commerces “ou même une crèche”, un lieu intégré dans son environnement qui vit toute l’année “et pas seulement de mai à septembre”. Un lieu qui prône le circuit court et une décoration faite par des artistes locaux. “Ce que l’on propose c’est une expérience immersive pour des voyageurs en quête d’authenticité”.

Changer de logiciel

Jean-Christophe Guérin est allé encore plus loin. En plein Covid, alors qu’il est surendetté, il lance Ahimsa Voyages après avoir repris la société Vie Sauvage, spécialiste dans les safaris en Afrique. Son objectif : imaginer le voyage de demain. Soit faire voyager ses clients moins souvent mais plus longtemps “pour leur offrir le voyage d’une vie”. De quatre semaines au moins ! Soit l’exact contraire “d’un week-end en avion en Europe ou un voyage long-courrier d’une semaine”. “C’est tout un logiciel qui convient de changer”, assurent les spécialistes pour réduire de façon drastique l’empreinte carbone du tourisme. “Car plus de 80 % de la pollution générée par un voyage vient du trafic aérien”, assure Jean-Christophe Guérin qui plaide pour le “partir mieux !”. Mais un voyage qui ne sera pas donné à tout le monde or, il est toujours très facile de partir pour quelques euros à bord d’un avion d’une compagnie low cost. Même si les temps changent et les habitudes aussi.

Pour cela, les experts proposent de changer les indicateurs de performance. “Abandonner le terme de croissance pour l’indicateur de progrès écologique”, comme le propose jean Pinard. Soit arrêter avec les nuitées ou le chiffre d’affaires et plaider pour des indicateurs d’un tourisme qui mute vers un modèle plus responsable et écologique.

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