Tourisme de masse ou marchandisation du temps libre ?

0

  • Appli mobile TourMaG
  • AppStore
  • Google Play

Réflexions sur notre devenir touristique – par Claude MORIN / Président de Tourisme et Stratégie avec la collaboration de Patrick VICERIAT (DETENTE Consulting et l’AFEST)


Claude Morin, informaticien, consultant et spécialiste des Centrales de réservation, revient sur l’épineuse question du « reste à réserver » (nouvelle dénomination des disponibilités) dans les destinations touristiques françaises. L’article I., celui que vous tenez entre les mains, a trait au niveau de numérisation de l’ensemble des professionnels d’une destination. Le II. concernera les évolutions nécessaires dans les missions des responsables des collectivités territoriales touristiques. (article en préparation). Enfin, le III. abordera la reprise en main (partielle ou totale) de la distribution multi-canal par les destinations et les évolutions prévisibles chez les distributeurs.




Le surtourisme Pont Charles (Prague) /crédit DepositPhoto

Le surtourisme Pont Charles (Prague) /crédit DepositPhoto

Les crises de tous ordres ont toujours existé cependant, jusqu’à récemment, le peu de diversité des moyens de communication et la lente propagation des informations diluaient nos capacités à percevoir rapidement et globalement l’ampleur des bouleversements à venir.

De nos jours l’instantanéité et la multiplicité des échanges de vraies et fausses informations qui souvent se neutralisent ou se contredisent, l’accès libre aux écrits en tous genres d’analystes exprimant avec conviction tout et son contraire, les prévisions optimistes ou alarmistes d’organismes tous plus officiels les uns que les autres, bousculent nos façons de penser, conditionnent et orientent nos sujets de réflexions pour tenter d’imaginer l’avenir.

Les activités touristiques nationales et internationales évoluent dans un monde de multicrises qui contraignent fortement toutes les différentes facettes de la chaîne de production. Les acteurs professionnels ont beaucoup de difficultés à appréhender à moyen terme, parfois à court terme, les formes et les contenus des obstacles qu’ils devront surmonter.

Par manque de recul et face à la difficulté de se projeter, ils se réfugient dans l’exploitation de ce qu’ils connaissent, ne serait-ce que par l’obligation de retrouver rapidement un nécessaire équilibre économique.

Les titres, dans les revues professionnelles, confirment la tendance en magnifiant les seuls résultants quantitatifs : « … occupation et fréquentation très satisfaisantes, consommation et chiffre d’affaires en net rebond, … » La bataille pour obtenir la première place sur le podium est, à nouveau, engagée.

Les différents aspects des multi crises auxquelles nous sommes confrontées, dont la fréquence et l’intensité augmentent, se font ressentir de plus en plus fortement dans notre environnement touristique quotidien.

Sans prétendre être exhaustif, nos lendemains touristiques devront faire face à une accumulation de diverses crises :

– Les multi crises sanitaires car il faut les nommer ainsi en évitant de se focaliser sur la seule crise de la COVID 19. Notre monde, submergé par les déplacements toujours plus nombreux de populations et de voyageurs, est ouvert à tous les échanges qui favorisent les contacts et les passages d’épidémies locales à pandémies mondiales.

Nous devons l’accepter, vivre avec et nous préparer sans pour autant connaître l’ampleur de la prochaine crise ni avoir la certitude de maitriser aisément et rapidement les mesures et les moyens de protection à mettre en œuvre.

Les progrès médicaux sont rapides, les mouvements de populations entre les pays encore plus. Les compagnies aériennes estiment que le trafic évalué, avant la crise sanitaire, à 4,5 milliards de passagers en 2019 atteindra 10 milliards de passagers vers 2050. Est-ce envisageable ?


10 milliards de passagers vers 2050. Est-ce envisageable ?

Faut-il se protéger ? De quoi ? Comment ? Pourra-t-on prendre des dispositions pour préserver les échanges touristiques ou devrons-nous en permanence nous adapter selon les évènements sanitaires ?

Après le paiement sans contact, devons-nous nous attendre à un monde touristique virtuel sans contact dont certains décrivent déjà les contours dans le métavers ?

– Les multicrises géopolitiques dont, jusqu’à ce jour, leur éloignement tendait à nous en faire oublier les conséquences. La dramatique guerre en Ukraine, au cœur de l’Europe, ravive toutes les craintes et les peurs face à un toujours possible emballement du conflit, exacerbe toutes les tensions entre les nations, renforce la nécessaire redéfinition du futur d’une Europe élargie et met en évidence le sentiment d’insécurité des populations qui se replient sur elles-mêmes.

Mais cette guerre qui broie les Ukrainiens nous fait aussi prendre conscience des multiples conflits entretenus par des dirigeants voire des dictateurs belliqueux, porte-paroles d’idéologies réductrices, avides de pouvoir et d’actifs financiers.

La filière touristique devra constamment s’adapter et s’organiser face aux inévitables et lourdes conséquences économiques qui pèseront sur la chaîne de production des acteurs touristiques et sur l’état d’esprit des voyageurs.

Le choix opportuniste et temporaire d’une destination, face à l’incertitude croissante de la stabilité politique des pays, deviendra la règle tant chez les professionnels que chez les clients. Le modèle économique des guerres est-il plus puissant que celui de la paix ? Saura-t-on un jour choisir ?

– Les multi crises climatiques ou le défi de la sobriété. Le dernier rapport du GIEC décrit l’ampleur et les inévitables conséquences prévisibles à moyen / long terme.

Face à cette spirale autodestructrice, la prise de conscience est réelle et des initiatives, plus ou moins importantes mais encore trop souvent disparates, voient déjà le jour.

Dans le même temps, notre monde produit toujours de folles réalisations avec, pour exemples, des bateaux de croisière à l’allure d’immenses immeubles flottants aux dimensions démesurées, une croissance non maitrisée et trop souvent irrationnelle de l’immobilier de loisirs fer de lance d’un improbable modèle économique dans les territoires, des zones inappropriées à la réalisation d’équipements sportifs insensés qu’il faut aujourd’hui entièrement climatiser pour recevoir du public et la liste est encore très longue …


Le consommateur paiera-t-il le prix pour préserver la nature ?


Le consommateur peut-il et va-t-il payer le prix, parfois très élevé, pour préserver la nature ? /crédit DepositPhoto

Le consommateur peut-il et va-t-il payer le prix, parfois très élevé, pour préserver la nature ? /crédit DepositPhoto

Notre monde touristique devant l’ampleur considérable des défis pour toutes les formes de transport, pour les stations littorales ou de montagnes, pour l’ensemble des territoires d’accueil touristique, semble dépassé pour appréhender et prendre en compte les conséquences futures du tourisme de masse.

Surtourisme et surconsommation se heurtent à la difficulté de changer nos habitudes de penser le tourisme, encouragés par de bien démodés plans de relance de la fréquentation. Faut-il arrêter ? Comment ? Quand ? pour quels nouveaux modèles économiques ? Saurons-nous nous projeter dans l’avenir ?

– Les multi crises écologiques avec l’appropriation de territoires pour aménager, construire des espaces touristiques polluants dont les activités produisent des déchets ingérables, non gérés ou très mal gérés. La préservation de la nature est à l’ordre du jour, chacun veut produire « plus blanc que blanc » mais globalement le compte n’y est pas, loin de là. Faut-il accélérer le mouvement ? A quels coûts ?

Le consommateur peut-il et va-t-il payer le prix, parfois très élevé, pour préserver la nature ? Le touriste de demain deviendra-t-il le protecteur de son propre environnement ? Voyager plus proprement ? Saura-t-on imaginer de nouveaux espaces que l’on pourrait enfin qualifier de destinations écologiques ? Quelle définition touristique acceptable peut-on proposer au mot « écologie » ?

– Les multi crises alimentaires provoquées par la pénurie à l’échelle planétaire de toutes sortes de produits. Les pays le plus souvent concernés sont les pays émergents mais, à l’aune de l’actuel conflit au cœur de l’Europe, nous commençons à percevoir les premiers effets de la réduction de la production de denrées essentielles.

Il faut également observer que la relation entre l’apport touristique dans un pays émergent face à la population locale en proie à la pénurie alimentaire pose également la difficile question de la définition d’un tourisme éthique, notion qui ne doit pas être seulement déclarative. Enfin le phénomène de surpopulation mondiale induit un manque de nourriture et d’eau potable.

Ces pénuries entrainent une augmentation des prix de détails. L’indice FAO (organisation des Nations Unies pour l’alimentation) des prix des produits alimentaires atteint actuellement un pic historique Apportons-nous une valeur ajoutée à ce ou ces pays ou bien sommes-nous des prédateurs ? Les touristes doivent-ils consommer une partie des ressources domestiques au détriment de la population locale ?

– Les multi crises économiques, engendrées par les dérives de nombreux pays, sont amplifiées par l’ensemble des crises qui nous environnent. Inflation, stagflation, stagnation, pénuries des énergies non renouvelables, raréfaction de produits de première nécessité, pénurie de main d’œuvre pour produire plus et bien d’autres aspects encore.

Les ingrédients d’insidieuses crises économiques multiformes, profondes et durables sont là pour contraindre le pouvoir d’achat des touristes et des visiteurs. L’inflation est présente partout dans le monde et accroit la pression financière sur les pays les plus fragiles. Saura-t-on imaginer de nouveaux modèles économiques plus souples et mieux adaptés aux aléas de toutes les crises ?


Réduire l’usage de l’avion et de la voiture

Moins souvent, moins loin, moins longtemps, moins cher ? Cette hypothèse situe la ligne directrice actuellement adoptée pour relancer la fréquentation touristique mais demain ?

– La crise des métiers assurant le bon fonctionnement des activités touristiques. La récente crise sanitaire avec ses longues périodes de confinement a modifié durablement les rapports fondamentaux et essentiels au travail.

Le constat est le même partout avec une pénurie déroutante de main d’œuvre qui fait déjà craindre une dégradation des services voire une réduction des activités. Les premiers effets se font déjà ressentir à l’approche de la saison touristique. Qu’en sera-t-il demain ?

Selon l’Institut pour le Futur (think tank californien) si l’on se projette en 2030, plus de 80 % des formes et des types d’emplois ne nous seraient pas encore connus …

Le numérique, la robotique, l’intelligence artificielle, … participeraient grandement à la métamorphose du marché du travail. Le tourisme et les loisirs sont-ils concernés ?

Entre une révolution débutante dans la façon de vivre son travail et la difficulté d’identifier les nouveaux métiers de demain, les enjeux et leurs conséquences sont considérables. Mieux former ? Repenser les temps de travail ? Donner un nouveau sens à la vie professionnelle ? Imaginer et prévoir les métiers de demain ? Avec une interrogation récurrente : l’expérience client, crédo des années 2010/2020, risque-t-elle de se dégrader ou de se modifier ? Quelle sera la place de l’humain ?

– La crise de la disruption numérique qui déstabilise les modèles traditionnels et évincent les entreprises et les structures qui n‘ont pas su se réinventer, innover pour répondre rapidement aux nouveaux bouleversements technologiques. L’économie numérique est un monde déroutant qui très souvent marginalise ceux qui n’arrivent pas à suivre les changements profonds apportés par la désintermédiation.

L’intelligence artificielle, reposant sur la collecte d’innombrables données et sur l’utilisation de complexes algorithmes, laisse entrevoir d’inattendus mais possibles usages. Ira-t-on vers l’identification renseignée du bon et du mauvais touriste ? Faut-il imaginer récompenser sous différentes formes le « bon touriste » et pénaliser les mauvais comportements de certains ?

Allons-nous vers de nouvelles stratégies avec l’apparition de nouveaux intermédiaires ? Allons-nous assister à la disparition de certains secteurs historiques ? La révolution numérique est-elle à la base de nouveaux modèles économiques ? La collecte des données ouvre-t-elle de nouveaux horizons ?

– La crise latente des formes de transport actuellement utilisées. Fondé sur l’abondance des énergies fossiles, passée l’alerte COVID qui a imposé de difficiles périodes de confinement, le monde des transports sous toutes les formes reprend de la vigueur sans oser faire autrement face aux lourdes conséquences financières des changements à appréhender et à l’incertitude des lendemains.

L’économie capitalistique déploie ses tentacules dans la plus grande incohérence. Nous devrons innover pour retrouver plus de proximité et d’actions collectives dans les déplacements avec pour objectif de réduire l’usage de l’avion et de la voiture. avec la volonté d’instaurer des pratiques respectueuses de l’environnement et devant contribuer à une décarbonation active.


Le tourisme devra participer financièrement aux bouleversements


L’avion ou la voiture pollue le plus. Mais, il reste une certitude : ces deux modes de transport participent beaucoup plus fortement à la pollution que d’autres /crédit DepositPhoto

L’avion ou la voiture pollue le plus. Mais, il reste une certitude : ces deux modes de transport participent beaucoup plus fortement à la pollution que d’autres /crédit DepositPhoto

Selon les études les plus récentes, la voiture serait, en moyenne, aussi polluante voire plus que l’avion. On observe que les émissions de CO2/passager/km de l’aviation ont, ces dernières années, baissé beaucoup plus vite que celles des voitures. Cependant, d’autres facteurs plus complexes à analyser doivent être pris en compte pour évaluer les émissions de CO2 dues aux avions.

Il apparait donc difficile de dire qui de l’avion ou la voiture pollue le plus. Mais, il reste une certitude : ces deux modes de transport participent beaucoup plus fortement à la pollution que d’autres tout en précisant que voyager en avion une fois par an pollue souvent moins que de rouler toute l’année en voiture pour ses déplacements quotidiens.

Le transport aérien représente de l’ordre de 4-5% des émissions de CO2 mondiales, soit plus de deux fois moins que le transport routier. Les compagnies aériennes ont déjà adopté un objectif de « zéro émission nette » d’ici à 2050 dont le coût global, estimé par IATA, s’élèvera à plus de 1 550 milliards de dollars sur 30 ans !

Des mesures restrictives commencent à voir le jour pour réduire, particulièrement dans les grandes villes, l’usage de la voiture mais les grandes transhumances touristiques estivales et hivernales ont encore de beaux jours. Le train sur le continent européen apparaît comme la solution souhaitée permettant de réduire considérablement les émissions de CO2 .

Mais ce mode de transport nécessitera de prendre en charge les différents aspects de l’inévitable rupture de charge. Ce seront de difficiles problèmes à résoudre avec la liaison du domicile à la gare, avec le « dernier kilomètre » à parcourir, avec les déplacements dans la destination, … Pourtant le kérosène utilisé par les avions n’est toujours pas taxé alors que partout ailleurs l’énergie est taxée, y compris l’énergie de traction pour les trains.

Des décisions politiques s’imposent. Très probablement, le monde du tourisme devra participer financièrement à ces grands bouleversements. Ces crises, dissociées seulement en apparence, convergent toutes vers une même problématique de résilience. Nous devrons, confrontés à toutes ces secousses en série aux effets inattendus, aller vers de nouvelles normalités.

Face à tous ces défis encore mal mesurés et encore moins maitrisés, nous ne souffrons pas d’une absence de solutions mais bien plus d’une absence de décisions. Mais lesquelles ?

AUJOURD’HUI : IL FAUT AGIR ET VITE On n’a pas vraiment le choix, la fréquentation touristique doit être relancée pour sauver l’économie touristique. C’est le leitmotiv de l’état et des institutions régionales, départementales et locales. C’est la demande des professionnels du tourisme.

Hésitants sur les perspectives et face aux incertitudes d’une gestion des actions de relance dont la complexité est amplifiée par la multiplicité et l’accumulation des crises prévisibles ou inattendues, les responsables touristiques reprennent les mêmes modèles économiques dans l’impossibilité de les modifier à très court terme.


Réapprendre à vivre dans un monde sobre en carbone

Prisonnier d’un objectif général quantitatif, on déclare avec force que l’on se rapproche des niveaux de fréquentation d’avant COVID. Le surtourisme reste une opportunité pour tous les opérateurs de voyages qui ne prennent en compte que les risques prévisibles à court terme.

« Alors que l’été s’annonce historique, le WORLD TRAVEL & TOURISM COUNCIL (WTTC) s’attend à une année 2023 de tous les records … Source TOURMAG ».

Par habitude, nous acceptons que différents organismes imposent de nombreuses démarches de labellisation présentant une grande quantité de labels, marques, et certifications de tous ordres qui s’accumulent dans, le plus souvent, l’incompréhension ou la méconnaissance générale des touristes auxquelles ils s’adressent.

Certains labels, très peu nombreux mais très connus et particulièrement efficaces, ont une vraie valeur de marque commerciale et pourront servir de support et de laboratoire pour aborder les changements et les évolutions.

Le cas des Gîtes de France est particulièrement intéressant. Soucieux de « verdir » la communication touristique, les communicants déploient une panoplie de slogans rassurants sur le tourisme durable, sur les engagements écotouristiques, sur les productions écoresponsables, sur la mobilité douce (le plus souvent au milieu des voitures), sur les produits à faible empreinte carbone et bien d’autres affirmations qui rassurent.

Quelques initiatives de gestion des flux touristiques titillent la réflexion face à des mesures restrictives encore trop peu appliquées, … La communication est un leurre qui rassure et donne l’impression d’obtenir un résultat immédiat. On y pense, on sait qu’il faudra s’engager plus avant et quitter le modèle quantitatif mais le changement prend du temps. Et surtout, il n’est pas immédiatement rentable.

DEMAIN : IL FAUT DES MAINTENANT SE PREPARER A CE QUE L’ON VOUDRAIT FAIRE

Le monde de la surabondance nous abandonne. Nous allons vivre des périodes dans lesquelles nous ne pourrons plus nous appuyer sur les normalités que nous connaissons.

Il va falloir commencer à faire le deuil d’un certain mode de vie et de ce que l’on aura vécu, à revoir nos habituels indicateurs de performance qui nous assuraient d’être les champions du tourisme mondial, à apprendre à vivre dans un monde sobre en carbone.

L’Etat, les collectivités territoriales, les entreprises doivent, parmi toutes les évolutions à aborder et toutes les contraintes à maitriser, commencer à identifier et hiérarchiser les priorités, définir les moyens à mettre en œuvre, contrôler chaque réalisation et surtout évaluer à chaque étape les résultats. Il faudra veiller à éviter l’accumulation sans concertation des actions et à privilégier la cohérence entre les territoires touristiques.

Dans le même temps, l’opinion générale pourrait avoir une perception différente des choix de développement touristique retenus par les collectivités. Les avis très évolutifs des touristes, de plus en plus sensibles aux perspectives du tourisme de demain, influeront sur les décisions de ces mêmes collectivités en compliquant les arbitrages.


Changer notre manière de voir le tourisme

Les défis sont divers et nombreux pour les destinations qui devront s’intéresser à de nouveaux types de formation en situation de travail, réfléchir aux conséquences d’une consommation touristique basée sur la répétition de courts séjours, à la nécessaire déconcentration des activités dans l’espace, à une hausse généralisée des tarifs et aux attitudes des clients à la recherche des opportunités de marché.

On y pense … On sait que de nombreuses contraintes vont modifier nos façons de penser et de vivre le tourisme. Mais les nombreuses pistes de réflexion, noyées dans des environnements mouvants, sont difficiles à cerner et à hiérarchiser. « rien ne sert de penser, il faut réfléchir avant » déclarait l’humoriste PIERRE-DAC

APRES-DEMAIN : IL EST GRAND TEMPS D’ENGAGER DES REFLEXIONS SUR UN ENSEMBLE DE TRANSFORMATIONS PROBABLEMENT RADICALES POUR IMAGINER CE QUE L’ON SOUHAITE ATTEINDRE

Le tourisme de masse que nous connaissons est une parenthèse dans l’histoire nouvelle des temps de loisirs. Il ne s’agira plus de ce que l’on veut faire mais de ce que l’on veut atteindre tout en reconfigurant nos modes de vie et nos modèles économiques. Nous serons contraints de changer notre manière de voir le tourisme pour imaginer des avenirs différents.

Nos habituels indicateurs de performances devenus obsolètes vont devoir être réinventés mais pourrons- nous éviter de nous poser cette question apparemment fondamentale : est-ce que l’on va gagner autant d’argent dans un monde sobre en carbone ?

Des « managers, animateurs des transitions » qui devront être formés, seront les chercheurs / initiateurs de formes novatrices de tourisme. Ils situeront et définiront les enjeux indispensables pour engager dans le temps de profondes réformes pour vivre des approches différentes des périodes de loisirs / détente de proximité.

Ces managers d’un nouveau genre sauront comprendre les évolutions des métiers touristiques, analyser les transformations des activités commerciales, définir une approche globale pour assurer la continuité de la destination et décliner des plans de travail. En un mot, ils seront capables de reconstruire en permanence la destination.

Nous savons qu’il n’y a pas aujourd’hui de réflexions stratégiques à long terme pour les activités du tourisme. Aucun projet national ouvert et intégrant l’ensemble des acteurs ne prévoit de prendre en compte les nécessaires évolutions qui constitueront des points de ruptures avec nos habitudes actuelles. Réflexions sur notre devenir touristique…


Vers un changement de regard pour aborder et initier de nouvelles interprétations

S’ADAPTER, mais la diversité des situations ne fait qu’accentuer le risque de voir apparaître de mauvaises adaptations Avec une approche interdisciplinaire associant étroitement le secteur public et le secteur privé, les destinations touristiques devront développer leur capacité de s’adapter constamment tout en gérant les évolutions face aux menaces et aux risques qui mettent en danger leur développement touristique ou leur viabilité.

Ces approches particulièrement complexes laissent entendre que les destinations seront capables de rebondir et de se rétablir en s’orientant, selon le contexte du moment, vers d’autres ressources susceptibles de maintenir des fonctionnements positifs.

Il ne s’agit pas de vouloir résister aux changements ou de faire table rase du passé en voulant recommencer à zéro mais bien plus de se projeter dans l’avenir en recherchant les nouvelles possibilités et pratiques des temps de loisirs / détente. Le risque est d’occulter l’innovation en s’empêtrant dans la gestion de crises permanentes.

Le chemin est étroit, difficile à appréhender et complexe à mettre en œuvre. Les destinations touristiques devront, en identifiant clairement les risques auxquels elles seront confrontées, être capables d’absorber les perturbations tout en se réorganisant face aux évolutions permanentes des marchés.

VERS DES DESTINATIONS RESILIENTES ET FLEXIBLES

Chaque destination, devra apprendre à s’adapter positivement en élaborant sa propre approche d’un concept de résilience. Ce processus induira une nouvelle interprétation de l’existant dans laquelle :

– les changements seront considérés comme des opportunités – les nouvelles technologies constitueront des instruments de réponse

– une veille régulière permettra de comprendre les nouvelles tendances et favorisera la créativité

– l’élaboration des stratégies argumentées et renseignées sera nécessaire

– une planification active sera nécessaire pour aborder l’avenir

– une démarche permanente d’adaptation améliorera la rapidité de réaction face à ses concurrents

– des engagements sur des principes de responsabilité et de durabilité tiendront compte de l’impact sur l’environnement et sur l’économie

Il faut innover pour favoriser l’innovation.

UN OBJECTIF : Réunir des compétences pour réfléchir ensemble aux orientations prévisibles et imaginer nos lendemains touristiques. Rassembler les connaissances et les savoir-faire acquis, établir un état des lieux des initiatives déjà engagées ou prévues, situer les enjeux et les moyens disponibles.

Des personnalités diverses traceront les lignes possibles pour passer du tourisme de masse à une civilisation de loisirs / détente de proximité. Pourrons-nous être un modèle pour l’ensemble du monde face à la faiblesse et la diversité des moyens mis en œuvre au niveau international ?

UNE APPROCHE PAR DESTINATION : « Destination résilience » un concept d’adaptation positive. Permettre à chaque destination de s’auto-évaluer et de renforcer un état d’esprit ouvert vis-à-vis des changements. « Destination résilience » a pour vocation d’aider les acteurs de la collectivité et, plus largement, du territoire (entreprises, acteurs locaux, habitants, etc.), à adopter une attitude touristique résiliente pour mieux anticiper, agir et rebondir.

Demain, c’est aujourd’hui. Réfléchissons ensemble aux formes possibles des profondes évolutions auxquelles nous serons confrontées …


Claude MORIN / INFOTOUR


Tourisme de masse ou marchandisation du temps libre ?

Formé à l’école hôtelière de Thonon-Les-Bains, puis à l’école supérieure de tourisme de Nice (marketing et management), Claude Morin a exercé pendant 14 ans le métier d’agent de voyages spécialisé dans le réceptif (gestion des contrats des tour-opérateurs dans le sud de la France).

Il a dirigé ensuite un bureau d’études spécialisé dans le tourisme ainsi qu’un cabinet de conseil en développement touristique.

Il s’est intéressé aux systèmes de réservations et a développé des solutions dites places de marché ainsi qu’un méta-moteur expérimental de recherche de disponibilités de produits touristiques testé dans différentes destinations.

Mobile : 06 03 83 47 12

morin@infotour.fr


Notez

Tous les commentaires discourtois, injurieux ou diffamatoires seront aussitôt supprimés par le modérateur.

Signaler un abus

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici