Contents ou pas ? Oui. Les acteurs du tourisme interrogés sont globalement satisfaits de ce mois de juillet. Les campings sont les grands gagnants de cette première période estivale, devançant quelque peu les hôteliers dans la course aux réservations. Les touristes sont bel et bien présents. Même si certains professionnels notent des changements dans les habitudes de consommation. Ce mois de juillet 2022 signe le grand retour des vacanciers étrangers, notamment des Anglo-Saxons.
À la mi-temps de cette saison estivale (oui, déjà !), les acteurs économiques du secteur touristique dressent un premier bilan de ce mois de juillet. Dans l’ensemble, les professionnels interrogés s’accordent à dire que la saison est plutôt bonne. Mais des nuances apparaissent en fonction des spécialités de chacun.
Pour l’heure, les plus enthousiastes de l’équipe touristique sont les campings. Manuel Bey, de la fédération de l’hôtellerie de plein air de l’Occitanie se fait le porte-voix d’un soulagement général : “Nous avons un très bon retour de la fréquentation en juillet. On peut parler d’une augmentation de 5 à 10 % par rapport à 2019, date de référence pré-Covid”. Également propriétaire des Galets à Argelès-sur-Mer, il note que certains touristes français habitués à partir au Maroc, en Tunisie ou en Croatie continuent de favoriser les Pyrénées-Orientales pour leurs vacances. “Car lors des réservations, en février, rien ne leur assurait à 100% qu’ils pourraient voyager dans ces régions sans restriction sanitaire due au Covid”.
À Canet-en-Roussillon, Roger Pla, patron historique du Brasilia confirme cette tendance. Dans les allées de son camping cinq étoiles, le taux d’occupation atteint en ce moment les 98 %. “Le matin, nous avons une vingtaine d’emplacements pour le passage (les camping-cars, NDLR) mais le soir ils sont tous pris”, précise Roger Pla. Ce mois de juillet a signé le grand retour des Anglais, Irlandais et Ecossais, privés de Catalogne Nord depuis la crise sanitaire. À l’intérieur de son établissement, Roger Pla ne ressent pas particulièrement les problèmes de pouvoir d’achat. “Mais c’est vrai qu’ils restent peut-être un peu plus au camping que les autres années. Il faut dire qu’avec la chaleur, à 16 heures, ils ne vont pas se promener, ils restent au bord de la piscine”.
Nous ne sommes pas aussi bons que ce que nous devrions être
Des touristes bien présents mais qui consomment aussi peut-être différemment. Conséquence sûrement de l’inflation, si certains restaurants ou clubs de plage sont moins pris d’assaut les midis (voir encadré), les grandes surfaces du littoral font le plein de clients. À l’instar de l’Intermarché d’Argelès-sur-Mer qui affiche une croissance de son chiffre d’affaires “de 4% par rapport à 2021 qui était déjà une excellente année”, confirme Laurent Bougerolles, le directeur, qui voit d’ailleurs dans son magasin beaucoup de vacanciers étrangers.
Dans l’hôtellerie, la réussite semble un peu moins franche. Le patron de l’Union des métiers et des industries des Pyrénées-Orientales, Brice Sannac, prend l’exemple de la Côte Vermeille. Cette dernière semaine de juillet, sur des sites de réservation en ligne, des chambres pour le soir même sont encore disponibles à Collioure, Banyuls ou Argelès. “Je n’ai jamais vu ça !, s’exclame-t-il. Normalement, tout le monde est complet plusieurs jours avant. Par rapport à 2021, on a une baisse du taux d’occupation de 10 à 25 % selon les zones. Après deux excellentes années, maintenant que l’on retrouve une concurrence européenne, nos lacunes apparaissent. Nous ne sommes pas aussi bons que ce que nous devrions être. Nous devons améliorer la politique touristique de ce département et revoir sa communication”. La propriétaire d’un hôtel trois étoiles de Saint-Cyprien avoue accuser une baisse de 20 % par rapport à 2021.
Xavier Lormand, propriétaire d’une dizaine d’hôtels dans le département et au-delà (Argelès, Collioure, Saint-Cyprien, Canet et Sète, NLDR), dont les très huppés L’Île de la Lagune et les Flamants Roses tempère. Pour lui, “la saison n’est pas catastrophique du tout. Nous avons une dynamique moins forte qu’en 2021 mais cela reste très correct. Sur l’ensemble de mes établissements, en moyenne, on doit être à 85% de taux d’occupation. Nous avons toujours plus de réservations de dernière minute. Et août devrait s’annoncer encore meilleur”. Sur ce dernier point, tous les interrogés sont d’accord. Du 1er au 15 août, tous ou presque prévoient de faire le plein.
Vers la disparition du service du midi ?
Le président de l’Union des métiers et des industries des Pyrénées-Orientales soulève une nouvelle problématique. Selon lui, certains restaurateurs pourraient se diriger vers la “fin” du service du midi car les consommateurs préféreraient désormais s’attabler le soir. Plusieurs propriétaires de clubs de plage du littoral catalan confirment la tendance, surtout en semaine. Roland Khelil, du Caliente à Saint-Cyprien assure : “Pour l’instant, la saison se passe bien. Mais c’est vrai qu’on travaille beaucoup plus fort le soir que le midi. À la plage, il fait trop chaud pour se mettre à table à l’heure du déjeuner”, estime-t-il. Avec la conjoncture inflationniste, certains clients en vacances font peut-être aussi le choix d’économiser le repas du midi au profit du dîner.
“Sur la semaine du 14 juillet, le taux d’occupation était de 72,5 %” dans les stations balnéaires de l’Agglo
L’Etablissement public de coopération intercommunale (EPIC), Perpignan Mediterranée Tourisme, a commandé une étude sur la fréquentation touristique de ce mois de juillet. Concernant les stations balnéaires de l’Agglo, Le Barcarès, Torreilles, Sainte-Marie-la-Mer et Canet en-Roussillon, la tendance est à la croissance. “Nous avons une augmentation du taux d’occupation de 9,8 points par rapport à 2021, assure Alain Ferrand, président de l’EPIC. Sur la semaine du 14 juillet, le taux d’occupation était de 72,5 % (soit 5 points supplémentaires par rapport à 2021). On atteindra les 84 % la semaine du 6 août, soit 10 points de plus qu’en 2021”. Mais, le changement des habitudes des consommateurs est une nouvelle fois pointé du doigt. “Les animations gratuites connaissent une très forte fréquentation”, confirme-t-il.