Les opérateurs de tourisme se disent déçus par le PLF 2023

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« Malgré les efforts indéniables de la ministre du Tourisme pour obtenir davantage de moyens financiers, le contenu du PLF 2023 est une grosse désillusion pour tout le secteur privé », nous confient plusieurs professionnels qui s’attendaient à une augmentation du budget ministériel.

Un bilan positif mais bien en deçà de la concurrence

Selon eux, si le bilan de l’année 2022 sera globalement positif grâce à une tendance mondiale conforme à celle exprimée depuis l’ouverture des frontières, le Maroc aurait pu faire beaucoup mieux à l’instar de destinations concurrentes comme la Turquie qui est loin devant.

En d’autres termes, les performances en termes d’arrivées et de recettes du Royaume, après deux années de crise sanitaire, résultent d’une dynamique globale, et non de mesures gouvernementales plus particulièrement d’ordre financier. Celles-ci sont toujours attendues par le secteur privé, qui ne voit rien venir.

« C’est une dynamique structurelle, où la nouvelle crise occasionnée par la guerre en Ukraine n’a eu aucun impact négatif sur l’envie de voyager qui dépasse désormais celle de posséder, après une pandémie mortifère », nous explique un grand hôtelier d’Agadir. D’après lui, ce besoin vital de voyager et de dépenser davantage a toutes les chances de se renforcer, après une longue période d’abstinence liée à l’interdiction de se déplacer à l’international.

Une hausse du trafic étroitement liée aux disponibilités aériennes

Tous les opérateurs consultés avancent que l’engouement pour le Maroc, qui progresse chaque mois, a surtout été le fait des marchés français et anglais, qui disposent du plus grand nombre d’avions vers la destination marocaine.

« En réalité, c’est la richesse de l’offre aérienne et de la promotion qui déterminera l’issue de l’année 2022 qui ne dépendra pas de l’enjeu des vacances scolaires, que ce soient celles de juillet-août, de la Toussaint ou des fêtes de fin d’année, car ces périodes marchent toujours en termes d’arrivées », résume un ancien président de fédération.

Le véritable enjeu, selon lui, sera plutôt de faire le plein durant le mois de janvier, de remplir les hôtels de Marrakech les jours de semaine et ceux d’Agadir en hiver ou encore de sortir la région de l’Oriental de la saisonnalité.

« Les moyens alloués par le PLF 2023 insuffisants, le potentiel est dix fois plus important »

« Sachant que le Maroc est géographiquement très proche du plus grand marché mondial du tourisme qu’est l’Europe, le potentiel d’arrivées est dix fois plus important que ce que nous arrivons à exploiter actuellement, mais le problème est que le contenu de la loi de finances pour 2023 ne traduit pas du tout notre volonté et les ambitions ministérielles », dénonce un autre grand investisseur hôtelier désirant également témoigner anonymement.

« Quand on sait que le budget du ministère n’évoluera pas en 2023, comment sera-t-on en mesure de multiplier nos lignes aériennes, alors que l’ONMT, qui est chargé de séduire les compagnies aériennes et de vendre la destination à travers des grandes campagnes publicitaires, disposera au final des mêmes moyens financiers qu’en 2022 ? », s’inquiète notre interlocuteur. L’occasion d’ajouter que si l’Etat avait renforcé les dessertes aériennes, les recettes actuelles, qui sont en hausse par rapport à celles de 2019 auraient éventuellement pu être multipliées par deux.

 « Entre une feuille de route qui tarde à sortir et un budget statique, l’objectif de 26 millions de visiteurs en 2030 est compromis » 

A l’instar de ses confrères qui se disent très déçus, il constate que le projet de loi de finances pour 2023 ne correspond pas du tout à leurs attentes qui se résument pourtant, selon lui, à un calcul très simple.

« Si on veut multiplier par quatre le taux de croissance des arrivées, pour espérer doubler leur nombre à l’horizon 2030 par rapport à l’année de référence 2019, il faut simplement multiplier par le même coefficient le budget ministériel, mais on ne voit pas cette ambition sur les budgets alloués par le ministère des Finances », déplore l’hôtelier pour qui l’objectif ne pourra pas être atteint sans un véritable effort financier de la part du gouvernement.

Tout en minorant la responsabilité de la ministre du Tourisme « qui ne détient pas les cordons de la bourse » nos interlocuteurs s’inquiètent cependant du retard de deux semaines de la feuille de route ministérielle.

Celle-ci est censée montrer la voie aux opérateurs privés à travers des recommandations chiffrées pour profiter de la dynamique de croissance actuelle et in fine atteindre, à l’horizon 2030, les 26 millions de visiteurs étrangers.

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