Les conseils de voyage d’Inès de la Fressange

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Le meilleur livre sur le voyage ?
Ines de la Fressange : Où que j’aille, j’emporte le Cartoville (livre de cartes et lieux incontournables, NDLR), c’est devenu une drogue. En dehors de cette parenthèse pratique, j’aime beaucoup le roman de Graham Greene intitulé Voyages avec ma tante (10/18).

Editée par Gallimard depuis 2001, la collection « Cartoville » comprend 154 guides. Gallimard

Le film qui vous fait voyager ?
J’ai très envie de voir Confident royal, le film de Stephen Frears sur la reine Victoria et son serviteur indien que j’ai raté, car j’adore l’Inde.

Votre mode de transport favori ?
Le train, parce qu’il n’y a pas besoin d’attendre le décollage pour sortir son ordinateur !

Une anecdote qui vous est arrivée dans un hôtel ?
J’ai mis le feu au Taj Mahal Palace. Je suis particulièrement sensible aux odeurs et j’étais avec mes deux filles à Bombay. J’appelle le concierge et lui demande une bougie ou des bâtons d’encens – une chose courante en Inde, à mon sens – pour parfumer ma chambre. Un employé m’apporte alors une grosse coupelle en terre cuite remplie d’un liquide indéfinissable et allumé que je place sur une table. Tout à coup, une flamme énorme s’empare des rideaux, que ma fille aînée et moi avons tenté d’éteindre en soufflant dessus. Panique à bord ! Mais le temps d’aller chercher de l’aide, l’incendie avait cessé grâce au voilage ignifugé. Il a ensuite fallu fournir des explications… Une grosse frayeur !

Le Taj Mahal Palace de Bombay, achevé en 1903.

Le Taj Mahal Palace de Bombay, achevé en 1903. DR

Votre compagnie aérienne préférée ?
Air France parce qu’ils me connaissent et me reconnaissent. Parfois, je pars avec un équipage et je reviens avec le même après un ou deux jours sur place ; ça crée entre eux et moi une espèce de complicité. Une fois, pour me faire plaisir, un steward m’a apporté un petit pot de bébé parce qu’il avait lu dans une interview que j’aimais ça…

Votre plus beau voyage ?
L’Inde, toujours. Hampi dans l’État du Karnataka, un endroit peuplé de ruines magnifiques au beau milieu du Sud du pays, un endroit à peine connu des Indiens. Les paysages désertiques que nous avons parcourus avec un chauffeur, mon mari et moi, sont splendides. Un voyage que je n’oublierai pas !

A Hampi, le temple Virupaksha, construit au VIIe siècle en l’honneur de la déesse Shiva.

A Hampi, le temple Virupaksha, construit au VIIe siècle en l’honneur de la déesse Shiva. DR

Le voyage que vous rêvez de faire ?
Le Sri Lanka, mais leurs hôtels ne semblent pas fascinants. Il faudrait que MGallery ouvre un établissement là-bas… (rires)

Ce qui vous gêne dans le voyage contemporain ?
L’uniformité. C’est pourquoi « Inspired by her » est une démarche intéressante, tournée vers un confort au féminin, plus personnel, à rebours d’une hôtellerie d’affaires pensée pour des messieurs en costumes gris. Autre chose dérangeante : l’air conditionné. Dans certains pays, aux Émirats notamment, c’est souvent vu comme un luxe. En fait, on finit par avoir tout le temps froid.

À quelles attentions êtes-vous sensible en voyage ?
Etre accueillie chaleureusement, être reconnue quand je reviens, une écoute sans obséquiosité… C’est tout un art. Le plus bel endroit du monde avec des gens odieux, c’est à fuir. Et j’ai détesté cette mode new-yorkaise des chambres petites et sombres comme des boîtes de nuit. J’aime la lumière et les endroits clairs.

A mille lieues des sombres et petites chambres new-yorkaises, l’Hôtel du Cloître, à Arles.

A mille lieues des sombres et petites chambres new-yorkaises, l’Hôtel du Cloître, à Arles. Francois Halard

La ville dont vous ne vous lasserez jamais ?
Arles, une ville antique où se superposent différentes strates d’histoire depuis les Romains, et même avant. Chaque fois que j’y retourne ou que je la fais visiter à des amis, je suis éblouie. Cette ville est mythique.

Quels services attendez-vous d’un hôtelier en 2018 ?
A l’heure d’Airbnb, qui offre d’autres façons de voyager, j’attends de l’hôtel qu’il joue son rôle de prestataire de services. Commander une voiture pour l’aéroport, venir me chercher, réserver un spectacle ou un restaurant… Au Japon, mieux vaut que le concierge le fasse ! Il y a peu, je suis partie à Miami représenter Roger Vivier, et je devais enchaîner interviews, photos, cocktails et dîners. Arrivée le matin dans un somptueux hôtel, j’ai demandé que l’on repasse mes vêtements. Deux heures après, pas de vêtements. Le soir, pas de vêtements. Le lendemain matin, alors que j’en avais besoin, on m’a répondu que ma garde-robe était partie pour être repassée ailleurs et qu’elle ne serait pas disponible tout de suite. C’est particulièrement affligeant venant d’un hôtel de grand luxe. Mon métier est compliqué, je ne reste que peu de temps à chaque endroit, alors j’attends de la rapidité, de la gentillesse et de la bienveillance.

Illustration de l’ouvrage « Roger Vivier », paru en 2013 aux Editions Rizzoli New York.

Illustration de l’ouvrage « Roger Vivier », paru en 2013 aux Editions Rizzoli New York. Roger Vivier

Avez-vous des manies quand vous voyagez ?
Plutôt des habitudes que des superstitions… Souvent, on gèle dans les avions, donc j’emporte un châle. Sur un vol de nuit, je préfère avoir mes propres chaussettes. Je demande d’office un oreiller supplémentaire à l’hôtesse et je dîne toujours avant le vol… durant lequel je ne bois que de l’eau. Je me démaquille, me brosse les dents et me mets en jogging en début de vol. Tout ça pour arriver un peu moins fatiguée.

Vous ressourcez-vous en voyage ?
En vacances, oui, mais le voyage n’est jamais un moment complètement serein. Je suis amusée, épatée, intriguée, enthousiasmée par des choses que je vois, mais le voyage est un état étrange. Je m’y sens différente du quotidien.

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