En Belgique, itinéraires cyclables et hébergements labellisés se multiplient dans l’espoir de capter ce nouveau marché en plein essor.
Reconnaissables à leur allure de baroudeurs, les cyclotouristes sillonnent villes et campagnes, sacoches et GPS solidement fixés à leur bécane. Ils pédalent deux-trois heures, s’arrêtent au bistrot du coin, visitent les attractions locales et repartent, pour certains, en quête d’un hébergement pour la nuit. « Depuis la crise sanitaire, leur nombre a connu une augmentation sans précédent », affirme la chargée de projet Vélotourisme chez Provélo, Charlotte Massagé.
Si les statistiques font encore défaut en Belgique, plusieurs études dans les pays voisins confirment la tendance. En Allemagne, plus de 3,9 millions de voyageurs ont sillonné le pays à vélo en 2021 (+500.000 par rapport à 2020). La même année, ils étaient 3 millions aux Pays-Bas (+500.000), alors que le nombre de passages cyclistes sur les véloroutes de France n’a cessé de grimper depuis 2016, pour se stabiliser en 2021, après un bond de 28 % entre 2019 et 2020.
Derrière ce regain d’intérêt pour le voyage à vélo, il y a certes les restrictions sanitaires qui, en temps de pandémie, ont privé de nombreux vacanciers de prendre l’avion, mais aussi la volonté de voyager autrement, à rebours des excès du tourisme de masse. Pour beaucoup, « découvrir le pays et sa population, passer des vacances actives et voyager de façon durable constituent les principales motivations », explique Charlotte Massagé.
La filière commence d’ailleurs à se développer. En témoignent la pléthore de guides touristiques dédiés au deux-roues dans les librairies, l’essor des agences de voyage spécialisées en « slow travel » et le succès des festivals et événements consacrés aux voyages à vélo.
En 2022, les Belges n’ont par exemple jamais été aussi nombreux (+25 % en un an) à consulter le portail web « eurovelobelgium.be », qui reprend les 17 itinéraires cyclables longue distance d’Europe (EuroVélo), dont cinq traversent la Belgique.
Du sportif en recherche d’adrénaline au flâneur en quête d’authenticité, les profils des cyclotouristes sont bigarrés. « On a un peu de tout : des familles avec enfants parfois en bas âge, des couples de trentenaires ou de sexagénaires propulsés par assistance électrique, des voyageurs et voyageuses en solo, des groupes d’amis… «, liste Manon Brulard, co-fondatrice de Slowby, une plateforme de « slow tourism » lancée l’année dernière.
Pour attirer ces nouveaux clients, le secteur touristique s’adapte. Alors que la Flandre multiplie les itinéraires thématiques (Route 14-18, Villes d’art, Ceinture verte, etc.), la Wallonie met en avant ses quelque 1.500 km de Ravel, son réseau points-noeuds, ses neuf itinéraires régionaux et le passage de trois EuroVélo. « Nous constatons également un intérêt croissant pour les circuits combinés avec des découvertes culturelles ou gastronomiques », expose Pauline Bellefontaine, chargée de projets chez Visit Wallonia. Sans compter le succès du label « Bienvenue Vélo », décerné dans le sud du pays à plus de 760 établissements horeca, hébergements et attractions touristiques proposant des aménagements aux cyclistes.
En 2022, la région bruxelloise a également donné un coup de pédale au secteur, avec la finalisation du balisage de son réseau points-noeuds et du tracé de l’EuroVélo 5 dans la capitale. Une trentaine d’hébergements labellisés « Bike Friendly » accueillent par ailleurs les voyageurs et leur monture.
Ravivé pendant la pandémie, le vélotourisme réussira-t-il à s’implanter sur le long terme ? « Tous les indicateurs montrent que la tendance est appelée à se pérenniser », assure Pauline Bellefontaine, de Visit Wallonia. « Au vu des investissements dans les trois Régions et dans la plupart des pays européens, nous pouvons prédire une augmentation du nombre de cyclotouristes dans les prochaines années », confirme Charlotte Massagé, de ProVélo.
Si l’Allemagne est actuellement la première destination mondiale pour le vélotourisme, « la France ambitionne de prendre sa place et les Pays-Bas consacrent d’importants investissements pour promouvoir le vélotourisme. Au carrefour de ces différentes destinations, la Belgique a aussi une carte à jouer », conclut Charlotte Massagé.