La destination Martinique part à la reconquête de ses clients

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La destination se relance. En atteste l’éductour que vient d’organiser SOLEA qui compte bien conforter sa position sur cette île. Une bonne occasion d’interviewer le directeur du comité du tourisme sur les projets à venir.

Interview : François François Baltus-Languedoc directeur Général du Comité Martiniquais du Tourisme.

Tour Hebdo : Quelle est la situation du tourisme en Martinique en 2022 ?

François Baltus-Languedoc : Nous sommes dans le top 20 des destinations, ce qui nous place dans la position d’un pays qui compte dans le monde du tourisme. Mais si nous sommes en augmentation de plus de 100 % par rapport à l’année 2021, nous ne sommes avec 320 000 touristes qu’à 60 % par rapport de l’année de référence de 2019. Le chemin de la reconquête reste ouvert.

 

Tour Hebdo : Vous êtes inquiet ?

François Baltus-Languedoc : Non, mais mobilisé. Les chiffres annoncés par les TO révèlent un + 49% des réservations pour cette année. Après 2 années noires, une offre aérienne réduite, l’annulation des croisières ; les ventes repartent avec plus de vol aidé en cela par l’allégement des contraintes sanitaires.

 

Tour Hebdo : Au-delà des aspects conjoncturels, comment relancer la destination ?

François Baltus-Languedoc : Avant même la Covid, nous avions déjà engagé une recomposition de l’offre en direction des nouvelles tendances du tourisme. Nous présentons notre île comme une expérience de vacances plutôt qu’un voyage. Bien sûr, nous ne sommes pas la seule destination à tenter de le faire. Mais pour le coup, la Martinique possède de réels atouts pour des séjours plus immersifs ponctués par des rencontres, des découvertes, de la culture avec ses musées, ses expositions temporaires et permanentes.

 

Tour Hebdo : Pas que pour les plages !

François Baltus-Languedoc : Bien sûr et la meilleure preuve est apportée par la fidélité de nos touristes. Ils reviennent pour revoir les personnes qu’ils ont connues et appréciées. Un attachement se crée et puis nous donnons des gages à nos visiteurs, et non des moindres ! La Yole, cette petite embarcation en bois massif utilisée à l’origine par les pêcheurs de l’île des Antilles est inscrite au registre des bonnes pratiques de sauvegarde du patrimoine immatériel de l’UNESCO. Elles donnent lieu à des rondes organisées chaque année à la fin du mois de juillet, l’un des événements les plus prisés du territoire. Notre attachement à la nature marque les esprits, comme l’atteste notre titre de réserve mondiale de Biosphère et notre candidature au patrimoine mondiale de l’UNESCO.

 

Tour Hebdo : C’est-à-dire ?

François Baltus-Languedoc : Nous avions déjà obtenu le classement par l’UNESCO en 2020 de réserve mondiale de biosphère. Maintenant, nous candidatons avec nos volcans qui représentent une référence pour l’étude des sciences de la terre avec ses pitons de Carbet qui forment une expression remarquable d’un phénomène géologique rare et les forêts humides très anciennes qui hébergent une flore et une faune exceptionnelle dotées de nombre d’espèces endémiques. Cette reconnaissance aurait un retentissement remarquable auprès de tous les voyageurs dans le monde.

 

Tour Hebdo : Vous attendez une réponse pour quand ?

François Baltus-Languedoc : Pour septembre. C’est demain ! Vous voyez, nous n’ambitionnons pas de ressembler aux autres. La pluralité de la Martinique se suffit en elle-même avec ses plages, son patrimoine, sa nature, ses rivières, ses montagnes, sa culture. C’est ce concentré qui fait la richesse de notre destination.

 

Tour Hebdo : Comment le faire savoir auprès de la nouvelle clientèle ?

François Baltus-Languedoc : Nous travaillons sur un hub internet. L’idée consiste à faire évoluer notre site pour le rendre full interactif. Il se présentera comme une plateforme où convergeront toutes les initiatives visant à faire connaître nos différentes activités dans toutes leurs richesses. Il sera participatif. Les touristes pourront l’utiliser comme une source d’information avant, pendant et même après leur voyage en publiant leur photo par exemple. C’est un gros chantier qui sera prêt dans quelques mois.

Tour Hebdo : Comment se passe l’accueil ? C’est une critique qui vous est souvent adressée.

François Baltus-Languedoc : Il reste du travail à faire, mais ça évolue bien. D’abord, car globalement, l’accueil dans le monde se professionnalise et monte en gamme. C’est le cas chez nous. La formation joue un grand rôle. Au-delà du BTS tourisme, les jeunes accèdent à des écoles de masters spécialisés Bac +4, ce qui n’était pas le cas avant. L’hébergement a mis à profit ces 2 années Covid pour améliorer ses infrastructures et accompagner son personnel dans une meilleure prise en compte des attentes des clients. Enfin j’ajoute une chose : les Martiniquais adorent leur île. Au-delà de l’accueil commercial que je viens d’évoquer, la population se montre toujours empressée de rendre service aux touristes.

 

Tour Hebdo : D’où l’expression ‘’immersif’’ qui vous avez employé !

François Baltus-Languedoc : C’est pour dire que le touriste de demain n’aura plus la même appétence à se retrouver dans un cercle fermé entre sa serviette de bain et sa plage. Il aura à cœur d’échanger et d’aller à la rencontre d’une autre culture avec ses anecdotes et ses surprises. Prenez l’exemple de la distillerie Clément. Elle est emblématique. Elle abrite des expositions dans un superbe parc pour faire vivre l’histoire du passé et celle de demain avec l’art contemporain. Vous pouvez visiter avec un guide. La promenade est magnifique et mérite à elle seule le déplacement, en plus de la dégustation des rhums sous toutes ses formes. Vous voyez, le côté immersif prend tout son sens.

 

 

 

 

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