200.000 voyageurs et vacanciers devraient avoir visité d’ici la fin de l’année cette collectivité d’Outre-mer où le tourisme représente 85% des ressources propres.
La Polynésie française est parvenue cette année à retrouver un nombre de touristes comparable aux années précédant la crise Covid, selon les prévisions du gouvernement communiquées à l’AFP. Plus de 200.000 touristes devraient avoir visité la Polynésie d’ici la fin de l’année, précise la même source. Dave Hetzel, un Américain venu de Seattle pour faire de la voile, achève son voyage dans l’immense piscine écrasée par la chaleur du Sheraton de Tahiti. «Tout est superbe, des paysages aux fonds marins en passant par les restaurants, mais le mieux, c’est l’accueil de la population», résume-t-il pendant que sa compagne le tartine de crème en hochant la tête. «On voyage souvent, mais c’est le plus bel endroit qu’on ait jamais vu», s’exclament en cœur Matthew et Amelia Mackin, un couple de Canadiens en voyage de noces, qui vient de revenir à Tahiti après une semaine à Bora Bora.
Dans cette collectivité d’outre-mer où le tourisme représente 85% des ressources propres, le nombre de visiteurs avait été divisé par trois en 2020 et 2021, en raison de la fermeture des frontières, puis de l’épidémie elle-même. La vague Delta de Covid-19 avait causé le décès de plus de 500 personnes en août-septembre 2021, pour une population de 280.000 habitants.
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«Nous sommes une destination refuge»
Hôtel sur pilotis à Bora Bora – (Polynésie Française). bru / stock.adobe.com
Il n’était pas prévu que la Polynésie atteigne dès cette année le nombre record de 236.000 touristes, obtenu en 2019. Mais elle va approcher, voire dépasser, l’affluence des années précédentes. Et cette progression devrait se poursuivre l’an prochain. «Nous souhaitons atteindre un seuil soutenable de 280.000 touristes en 2027, soit une progression de près de 10% annuelle», a déclaré à l’AFP le président de la Polynésie française Edouard Fritch, également chargé du portefeuille ministériel du Tourisme. Le gouvernement souhaite atteindre ce nombre de visiteurs, mais pas le dépasser, afin d’éviter le tourisme de masse.
«Pendant la pandémie, l’isolement était une contrainte, c’est maintenant une force», confirme la directrice marketing de Tahiti Tourisme, Vaihere Lissant. «Nous sommes une destination refuge, pour se reconnecter avec ses proches et avec soi-même : c’est le «slow» tourisme, on peut prendre le temps, voyager moins mais plus longtemps», ajoute-t-elle. Les professionnels notent des changements de comportement des touristes depuis la crise : ils réservent leur séjour moins à l’avance et restent un peu plus longtemps. Plus de 17 jours en moyenne pour un voyage en Polynésie, contre 15 avant la pandémie.
La saturation guette
«On a fait un mauvais premier trimestre, mais ensuite 2022 est pour nous la meilleure année et, sauf accident sur nos marchés porteurs, 2023 sera encore une année record», se réjouit de son côté Thierry Brovelli, directeur du luxueux Intercontinental Tahiti et coprésident du Conseil des Professionnels de l’Hôtellerie, qui regroupe 28 hôtels et plus de 2000 chambres. Il se félicite de l’arrivée, ce week-end, d’un premier vol de Delta Airlines. Après Air Tahiti Nui, Air France, United Airlines et la low-cost French Bee, ce sera la cinquième compagnie aérienne à desservir la Polynésie depuis les États-Unis.
Les hôteliers ne déplorent donc plus le manque de sièges dans les avions. Les transporteurs aériens, en revanche, regrettent le manque de chambres. Plusieurs hôtels de Tahiti, Bora Bora et Moorea ont fermé pendant la pandémie. En 2020, la Polynésie a perdu 900 chambres sur les 5.376 qu’elle offrait l’année précédente. Certains hôtels vont rouvrir, mais pas tous: la saturation guette. Les hôteliers souhaitent que le gouvernement facilite la construction de nouveaux bâtiments par la double défiscalisation, locale et nationale, qui permet de financer jusqu’à 60% des coûts de construction. L’objectif du gouvernement est d’atteindre 6.600 clefs en 2027.
La Polynésie française reste une destination où dominent les hôtels 4 et 5 étoiles, mais les pensions de famille sont une offre en progression. Le tourisme de croisière, lui, atteint près de 1.000 escales annuelles dans les îles polynésiennes, pour 33.000 visiteurs.