Elles sont à Nîmes pour le forum international : “À Kharkiv, on a besoin d’imaginer, de penser au tourisme d’après”

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Yuliia Zghurska et Yuliia Sosyukina viennent de la deuxième d’Ukraine, qui, à la frontière russe, se trouve sous les bombes. Elles sont à Nîmes pour participer deux jours durant au forum A World for travel.

Elles ont laissé leur ville de Kharkiv sous les frappes de l’armée russe, il y a quelques jours, pour rallier Nîmes au terme d’un voyage compliqué. Yuliia Zghurska est en charge de la coopération internationale au sein du conseil municipal de la deuxième ville d’Ukraine. Sa collègue Yuliia Sosyukina, elle, y est déléguée au tourisme; cette ancienne miss Ukraine est aussi ambassadrice de bonne volonté auprès de la Commission des droits de l’Homme de l’Onu. Elles sont venues participer, deux jours durant, au forum A World for travel (AWFT).

Pourquoi participer à un tel événement sur le tourisme ?

Yuliia Zghurska : Il ne s’agit pas que de tourisme ou de coopération internationale. Depuis le début de l’invasion russe, nos missions respectives se sont élargies… Nous venons témoigner de ce qu’il se passe à Kharkiv, dire la souffrance des gens. Mais aussi nouer des relations, avec la France notamment, pour la reconstruction, et trouver des moyens de lever de l’argent. Pour préparer la suite.

Comment réussir à penser tourisme pour une destination, votre ville, quand elle se trouve sous les bombes ?

Travailler sur la promotion de Kharkiv, c’est notre domaine d’action depuis des années et ça l’est encore. Aujourd’hui, on agit pour préserver notre patrimoine, nos monuments, nos paysages. Et on continue d’accueillir du monde. Le tourisme à Kharkiv, dans une certaine mesure, existe encore : nous recevons des diplomates, des ministres, des journalistes et si notre premier objectif est de nous assurer de leur sécurité, on essaie aussi de leur faire ressentir l’atmosphère particulière de ce qu’était notre ville. Aujourd’hui encore, quand les citoyens de Kharkiv entendent quelqu’un parler dans une langue étrangère, ils s’efforcent de bien l’accueillir, d’afficher des sourires malgré tout.

Le thème de ce forum est le tourisme durable. Ce concept est-il vraiment une préoccupation pour vous ?

Bien sûr, c’est difficile de penser à cette notion quand on doit penser à la manière de préserver les vies, les bâtiments, les stations électriques ou notre alimentation en eau. Mais on prépare la suite. On a déjà commencé à collecter des documents pour restaurer au plus près de ce qu’ils étaient nos bâtiments historiques détruits. Et pour les autres constructions, les immeubles d’habitation par exemple, le maire réfléchit déjà à la manière de les imaginer différemment, avec des architectes.

On a besoin de ça. On a besoin d’imaginer, de penser au futur. Cette guerre fera un jour partie de l’Histoire. On doit travailler sur le tourisme d’après, se mettre déjà sur ce chemin, comprendre et connaître les tendances. Le tourisme sera très important pour notre économie. Et les visiteurs reviendront non seulement pour voir la beauté de Kharkiv mais aussi pour découvrir la cité des braves, celle que la Russie n’a pas réussi à tuer. La ville phénix.

A World for travel, le forum d’un “nouveau paradigme”

Après Évora au Portugal l’an passé, Nîmes accueille depuis ce jeudi et durant deux jours la 2e édition de A World for travel (AWFT), le “forum mondial dédié à la transformation de l’industrie du tourisme”.

Entre l’hôtel Atria et le musée de la Romanité, 400 professionnels internationaux prennent part aux multiples tables rondes, conférences et ateliers. Parmi la centaine d’intervenants : une dizaine de ministres ou secrétaires d’Etat (Jamaïque, Bosnie-Herzégovine, Egypte, etc.), des universitaires et experts ou encore des hauts cadres du secteur privé, issus notamment des sponsors de l’événement, Costa croisières, Accor, Pierre et vacances ou Google.

Cinq axes d’actions urgentes

Après avoir défini cinq axes d’actions urgentes en 2021 à Évora, AWFT ambitionne désormais “la transformation de l’ensemble des acteurs de l’industrie du voyage pour que leurs modèles deviennent durables dans tous les aspects de leurs activités : environnemental, social, sociétal et économique”.

Cette année, le forum entend ainsi créer une plateforme de partage des meilleures pratiques et perspectives. “Il faut réussir à créer de la confiance dans cette transformation durable pour toutes les parties prenantes”, préconise Christian Delom, secrétaire général d’AWFT.

“Nous avons besoin d’un nouveau paradigme”, renchérit Muriel Abadie, vice-présidente de la Région Occitanie pour le tourisme durable. À l’estrade, l’élue cite en exemple le nouveau schéma régional du tourisme (2022-2028) que la collectivité votera le mois prochain. Il a été conçu à l’aune du “Pacte vert” signé en 2020, qui “instaure la transition écologique dans toutes les politiques” de la Région.

Pour le rédiger, des consultations ont eu lieu dans les 13 départements, dont le Gard.

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