Bhoutan, Italie, Thaïlande : ces pays qui fixent une taxe d’entrée pour lutter contre le tourisme de masse

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Le Bhoutan, pays du “bonheur intérieur brut”, est bien décidé à préserver son petit coin de paradis himalayen du tourisme de masse. Longtemps resté fermé à l’extérieur, le Royaume qui n’avait ouvert ses frontières aux touristes étrangers qu’en 1974, s’apprête à rouvrir ses portes le 23 septembre prochain… Mais pas à n’importe quel prix ! Comme Venise récemment, la Thaïlande et certains pays d’Europe, de nombreux pays instaurent ou augmentent une taxe d’entrée déjà en place, afin de développer un tourisme durable.

Au Bhoutan, une taxe pour se préserver du tourisme de masse

“Valeur élevée, faible volume”, telle est la politique du Bhoutan en matière de tourisme. La taxe touristique n’y est pas nouvelle, mais son montant va être multiplié par trois dès le mois de septembre 2022. Jusque-là, les touristes devaient s’acquitter d’un forfait de 250 dollars à la journée, soit 240 euros, dont le prix comprenait l’hébergement, les repas, la rémunération obligatoire d’un guide, et une taxe de “développement durable” de 65 dollars. C’est cette dernière qui s’élèvera désormais à 190 euros par visiteur et par nuitée. De quoi alourdir la note des visiteurs, mais pas sans raisons.

Le but ? “Financer un tourisme neutre en matière d’émissions de CO2 et à bâtir un secteur touristique toujours plus durable”, a déclaré le ministre des Affaires étrangères et président du Conseil du tourisme, Tandi Dorji. “Le Covid-19 nous a permis de repenser la façon de structurer et d’exploiter le secteur afin que le Bhoutan en tire un bénéfice non seulement économique, mais aussi social, tout en maintenant une empreinte carbone au plus bas”, a-t-il expliqué.

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Quels pays vont imposer une taxe touristique à l’entrée ?

Sans le savoir, on s’acquitte généralement de frais d’entrée lorsque l’on réserve une chambre d’hôtel ou un billet d’avion dans un pays étranger. De fait, la plupart des pays disposent déjà d’une taxe de séjour pour les visiteurs extérieurs, mais une nouvelle taxe ou l’augmentation d’une taxe de séjour préexistante semble voir le jour dans certains pays qui comme le Bhoutan, souhaitent limiter les effets pervers du tourisme de masse et ainsi miser sur un tourisme plus vert. Alors, quels pays sont concernés ? Sans en dresser une liste exhaustive, voici quelques pays qui ont récemment choisi d’adopter ce type d’imposition :

Victime du tourisme de masse, l’Italie a bien failli entrer sur la liste du Patrimoine mondial en péril de l’Unesco. Suite au Covid-19, les autorités ont décidé de mieux réglementer la fréquentation touristique. Pour exemple, les paquebots de croisière ont désormais l’interdiction d’entrer dans le centre historique de la Cité des Doges. Plus récemment, à Venise, qui reçoit 33 millions de personnes en moyenne chaque année, les autorités ont annoncé qu’il faudra bientôt s’acquitter d’une taxe de séjour pour les visiteurs à la journée. Devant prendre effet dès le mois de juin, la taxe a finalement été reportée au 16 janvier 2023, comme l’a fait savoir Simone Venturini, le conseiller en charge du Tourisme pour la ville, ce 1er juillet. Si vous allez à Venise cet été, vous ne serez donc pas mis à contribution !

Depuis le mois d’octobre 2019, les touristes souhaitant voyager en Nouvelle-Zélande doivent s’acquitter d’une “taxe écologique “d’environ 20 € pour lutter contre le tourisme de masse et contribuer au financement de la transition écologique du pays.

C’est l’un des pays les plus visités au monde (40 millions de visiteur par an avant le début de la pandémie), et c’est aussi, par effet d’incidence, l’un de ceux qui en souffre le plus. Les réflexions autour de la nécessité de concilier industrie du tourisme et protection de l’environnement, ont permises d’élaborer une taxe qui servira à financer la gestion des attractions touristiques et couvrir l’assurance-accident de certains vacanciers incapables de régler ces frais. Ce droit d’entrée d’un montant de 9 euros qui aurait dû entrer en vigueur en avril dernier, a lui aussi été reporté. Il pourrait être appliqué à compter du mois d’octobre. Des mesures de restriction ont toutefois déjà été adoptées, comme la limitation de fréquentations de plages mythiques comme la Maya Bay.

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Vers le développement d’un tourisme durable

Nul n’ignore aujourd’hui les conséquences néfastes du tourisme de masse sur la biodiversité et la préservation de sites archéologiques et du patrimoine. Ce dernier n’est pas non plus sans effets sur les populations locales, qu’il chasse parfois littéralement des villes. La gentrification, la destruction des écosystèmes, la pollution : nombreux sont les effets pervers du tourisme de masse. Le secteur représente d’ailleurs à lui seul 8 % des émissions de gaz à effet de serre dans le monde, selon une étude parue en 2018 dans la revue Nature Climate Change.

Mais si l’on ne peut que saluer la prise de conscience environnementale grandissante de ces pays qui choisissent de repenser et de restructurer le secteur, on peut toutefois s’interroger sur qui cette politique de taxes va-t-elle peser, et craindre qu’elle n’écarte la dimension sociale, en affectant exclusivement les catégories de personnes les plus pauvres. Le Bhoutan ne s’en cache, l’objectif, en fixant une taxe élevée, est de faire le tri entre les touristes. Mais à l’heure où seul un français sur deux peut se permettre de partir en vacances, et où le concept même de tourisme reste inconnu pour une large partie du monde, la question semble légitime : le tourisme va-t-il devenir de plus en plus un secteur réservé aux riches ?

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