au salon du tourisme Fitur, les voyageurs chinois attendus avec impatience – EURACTIV.fr

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Depuis trois ans, ils avaient quasiment disparu des circuits internationaux : le retour des touristes chinois, autorisés depuis le 8 janvier à voyager librement, ravit les professionnels du tourisme, qui espèrent tourner définitivement la page de la crise sanitaire.

« Trois ans, c’est long, on est contents qu’ils reviennent » : dans les allées du Salon international du tourisme Fitur, qui se tient jusqu’à dimanche à Madrid, Angela Harizaj affiche son optimisme face à l’abandon par Pékin de sa politique « zéro Covid ».

« Avant la pandémie, on travaillait beaucoup avec le marché chinois », explique cette jeune femme, responsable commerciale de « My Tour in Italy », un tour-opérateur spécialiste de l’Italie. « On espère que ça va vite redémarrer, en tous les cas on y travaille », insiste-t-elle.

Selon l’Organisation mondiale du tourisme (OMT), la Chine était le pays d’où provenait le plus grand nombre de touristes avant la pandémie, avec 154 millions de voyageurs internationaux en 2019. Les Chinois étaient aussi les plus dépensiers, avec 255 milliards de dollars déboursés au total.

Mais ces chiffres se sont écroulés avec les restrictions draconiennes imposées par Pékin face à la pandémie – et notamment les quarantaines obligatoires pour les voyageurs en provenance de l’étranger, finalement supprimées le 8 janvier.

« Reprise enclenchée »

Au pied de la Tour Eiffel, devant le Colisée ou dans les rues de Londres… « Pendant trois ans, on n’avait plus de touristes chinois. Ca a été très dur pour ceux qui travaillaient avec ce marché », rappelle Tim Fairhurst, secrétaire général de l’Association européenne du Tourisme (ETOA, European Tourism Association).

Pour cette organisation regroupant 1 200 entreprises spécialistes des destinations européennes, la réouverture des frontières est donc « une bonne nouvelle ». « Tout le monde a hâte que les Chinois reviennent » et de reprendre le « rythme » pré-pandémie, insiste M. Fairhurst.

Combien de temps faudra-t-il pour que ce retour se concrétise ? Au Fitur – l’un des principaux salons touristiques au monde, avec 8 500 entreprises et 120 000 professionnels présents cette année – certains parient sur un redémarrage rapide quand d’autres se veulent plus prudents.

« On attendait la réouverture des frontières chinoises depuis longtemps, donc forcément on aimerait que ça aille vite », sourit Vanessa Losbar, responsable commerciale de la branche loisirs de B&B Hôtels, propriétaire de 680 établissements dans le monde.

Avec la levée des restrictions, cette chaîne hôtelière économique a enregistré 10.000 demandes de nuitées en région parisienne pour des groupes de touristes chinois. « Clairement, la reprise est enclenchée (…) Enfin! », se réjouit Mme Losbar.

Un optimisme partagé par Carlos Garrido de la Cierva, président de la Confédération espagnole des Agences de Voyages (CEAV), qui insiste sur la « forte envie de voyager » des touristes chinois « après trois ans de restrictions », de nature à « doper le secteur ».

« Dans beaucoup de pays, la reprise a été immédiate quand les restrictions ont été levées. On espère qu’on aura la même chose ici », explique-t-il.

Série d’obstacles

Selon l’OMT – qui s’attend à voir le tourisme mondial s’approcher de son niveau d’avant-crise dès cette année, après une nette amélioration en 2022 – plusieurs obstacles pourraient cependant retarder ce redémarrage, à commencer par la poursuite de l’épidémie.

La flambée des cas de Covid en Chine a, en effet, poussé plusieurs pays, dont la France, les Etats-Unis et le Japon, à imposer depuis début janvier des tests PCR pour les vols venant de Chine. Des mesures dénoncées par Pékin, qui a suspendu en représailles la délivrance de certains visas.

Pour Tim Fairhurst, de l’ETOA, le manque de vols disponibles et le prix élevé des billets d’avion pourraient également freiner la reprise : pendant la crise, les liaisons avec la Chine ont été réduites de manière drastique et les remettre en route « prend du temps », juge-t-il.

A ces obstacles s’ajoutent enfin un problème administratif, car nombre de Chinois ont vu leur passeport expirer au cours des trois dernières années. Et il est probable que l’afflux de demande provoque un phénomène d’engorgement.

« Il faudra de la souplesse sur les annulations de dernière minute, on en est conscient », assure Vanessa Losbar. Un avis partagé par Angela Harizaj, qui reste néanmoins confiante: « le retour des touristes chinois prendra peut-être un peu de temps, mais nous sommes en bonne voie ».

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