“Toxic tour”, voyage au pays de la pollution

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Une plage paradisiaque aux eaux turquoise, un lac teinté d’ocre et de rouge, une réserve naturelle où les loups prospèrent… Ne vous laissez pas tromper, ces lieux dignes de cartes postales sont en réalité des sites hautement pollués. La série documentaire Toxic tour, à découvrir sur Arte.tv, nous emmène à la découverte de ces paysages, dont la beauté pourrait presque nous faire oublier les désastres qu’ils dissimulent.

“Venez voir à quoi ressemble la planète Mars !” lance Lucas Barrero, un biologiste originaire d’un village d’Andalousie situé à proximité du fleuve Rio Tinto. Ici, les eaux couleur rouge sang attirent les touristes à la recherche de photos “instagramables”. Pourtant, aucun poisson ne survit à l’acidité et à la concentration en métaux lourds de ce cours d’eau pollué par les mines de la région. Remises en service en 2015, elles continuent de déverser leurs rejets dans cette “zone sacrifiée”, théâtre de conflits sociaux historiques, explique le biologiste.

Le Rio Tinto est l’un des six lieux à la beauté singulière dévoilé dans Toxic tour, à voir en ligne sur Arte.tv. Au travers de six mini-épisodes, ce tour d’Europe nous propose de visiter des sites hautement pollués aux apparences trompeuses. C’est là tout le paradoxe révélé par cette série documentaire. “La pollution est généralement invisible et impalpable (…). J’ai cherché au contraire des lieux où elle est visible à l’œil nu, et confère aux paysages un caractère si photogénique que l’on peut croire à des beautés naturelles“, explique la réalisatrice Lise Carlo.

Des désastres écologiques et humains

Espagne, Allemagne, Italie… Chaque épisode est présenté par un témoin – scientifique ou citoyen – dont l’histoire est rattachée à ces lieux, car derrière la pollution se cache aussi des drames humains. En Roumanie, c’est un village entier qui a été englouti sous les déchets d’une mine de cuivre. Aujourd’hui s’étend à la place un lac, tantôt ocre, tantôt turquoise. En Provence, ce sont les rejets de boues rouges toxiques, colorant les collines et polluant les fonds marins, qui sont accusés de provoquer des cancers.

Le dernier épisode, consacré à Tchernobyl en Ukraine, nous est raconté par Marina Shkvyrya, une zoologue qui étudie les effets de la radioactivité sur les grands prédateurs. Si la zone d’exclusion autour de l’ancienne centrale nucléaire est aujourd’hui devenue une réserve naturelle où prospèrent plusieurs meutes de loups, la pollution est toujours là et demandera encore des années pour en connaître les conséquences sur la faune. “En tant que scientifique, il me semble que, malgré 35 ans de tragédie, je ne peux pas dire “ça suffit”. Mais pourtant, ça suffit !”, regrette-t-elle. Un sentiment que l’on retrouve au cœur de chaque témoignage et qui nous invite à revoir notre rapport à la nature.

Florine Morestin

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