La forte hausse des nuitées de la clientèle suisse (+17% par rapport à 2019) constitue «un record absolu», mais n’a pas pu compenser le manque de touristes venus de l’étranger, les nuitées de ces derniers étant de 60% inférieures à leur niveau d’avant la pandémie.
Alors que le tourisme suisse a montré «sa résilience» pendant la crise du coronavirus, cette dernière risque d’être à nouveau indispensable dans la nouvelle situation géopolitique. «La nouvelle de conflit en Ukraine a refreiné notre optimisme», a affirmé jeudi en conférence de presse Martin Nydegger, directeur de Suisse Tourisme.
Pourtant, le responsable avait de quoi être optimiste à la lecture des chiffres de 2021. Les nuitées de l’hôtellerie ont en effet augmenté d’un quart sur un an, à 29,6 millions, restant malgré tout inférieures d’un quart à leur niveau d’avant-crise.
La forte hausse des nuitées de la clientèle suisse (+17% par rapport à 2019) constitue «un record absolu», mais n’a pas pu compenser le manque de touristes venus de l’étranger, les nuitées de ces derniers étant de 60% inférieures à leur niveau d’avant la pandémie.
Dans certaines régions, les nuitées ont dépassé leur niveau d’avant la pandémie en 2021, notamment au Tessin et dans la région du Jura et Trois-Lacs.
La solide reprise l’année dernière justifie des prévisions ambitieuses pour 2022, avec des nuitées d’hôtellerie, qui devraient atteindre 84% du volume généré en 2019. Pour les hôtes suisses, elles devraient dépasser de 5% le volume de 2019 tandis qu’un niveau de 83% devrait être atteint pour les marchés proches.
La reprise sera par contre plus lente sur les marchés lointains: il manquera encore plus de la moitié des nuitées de ces hôtes cette année par rapport à 2019, précise Suisse Tourisme, qui table sur un retour à la normale en 2025 seulement.
Des tendances «diamétralement opposées» sont toutefois remarquées: alors que les hôtes en provenance d’Asie étaient «quasiment absents» en 2021, les Pays du Golfe et le Brésil ont inscrit de solides reprises, pourvoyant respectivement 425’405 et 92’265 nuitées.
Incertitudes autour de l’Ukraine
La guerre en Ukraine pourrait toutefois refreiner l’envie de voyager, en particulier pour les hôtes des marchés lointains comme les Etats-Unis, mais l’impact est encore difficile à évaluer, a noté M. Nydegger.
En outre, les Russes sont une clientèle importante pour les hôtels suisses. En 2021, ils ont pesé pour un peu plus de 100’000 nuitées, essuyant une baisse de plus d’un cinquième par rapport à 2020. En 2019, leurs nuitées hôtelières avaient totalisé 357’345. Du côté de l’Ukraine, pas loin de 40’000 nuitées ont été comptabilisées en 2021, moitié moins qu’en 2019.
Saison d’hiver en bonne voie
Au sujet de la saison d’hiver en cours, les nuitées sont en hausse d’un quart sur un an, selon une enquête de Suisse Tourisme réalisée la semaine dernière. La fréquentation des remontées mécanique et attractions est pour sa part attendue en hausse de 35%. Les bonnes conditions météorologiques ont soutenu la demande.
Les hôtes venus de l’étranger participent à cette embellie, les transactions par carte de crédit ont bondi de 80% sur un an. Les dépenses de la clientèle britannique, allemande et italienne ont plus que doublé au cours des sept premières semaines de 2022 sur un an, tandis que celles des Pays-Bas ont même été multipliés par six. Les dépenses par carte de crédit pour la France (+40%) et la Suisse (+49%) ont également fortement augmenté.
«Les réservations sont bonnes et la situation s’est normalisée au niveau du personnel», a indiqué Andreas Züllig, président d’HotellerieSuisse. La pénurie de main d’oeuvre reste toutefois un sujet de préoccupation.