La crise sanitaire vécue depuis deux ans et les événements sociaux de fin d’année en Martinique et en Guadeloupe ont laissé des traces. Les professionnels s’inquiètent des retombées.
Depuis mars 2020, la Martinique a vécu 8 mois de confinement (en 4 fois), 7 mois de motifs impérieux pour voyager vers notre territoire, des fermetures de restaurants, des septaines pour les voyageurs, plus de 6 mois de couvre-feu, des protocoles stricts sur la restauration et, « pour couronner le tout, une crise sociale (fin novembre) particulièrement dure pour le démarrage de la saison touristique.
C’est par cette énumération d’aléas subis depuis le début de crise sanitaire que l’UMIH (Union des Métiers et des Industries de l’Hôtellerie) Martinique a lancé un véritable « cri d’alarme », par un communiqué daté du 18 janvier et relayé quelques jours plus tard aux médias.
La profession y exprime ses vives inquiétudes face à une saison touristique marquée par de nombreuses annulations, l’incertitude pour le futur et des aides qui s’avèrent insuffisantes (lire aussi notre interview, ce mardi de Patrice Fabre, dirigeant du groupe Karibéa et la situation de précarité accentuée pour les salariés du secteur).
La semaine dernière, alors quele Comité stratégique du tourisme outre-mer (CSTOM), organisé à l’initiative de Jean-Baptiste Lemoyne, ministre délégué au Tourisme et Sébastien Lecornu, ministre des Outre-mer, était installé, Jean-Pierre Mas, patron des Entreprises du Voyage (organisation professionnelle représentant les entreprises du voyage et du tourisme) n’y est pas allé par quatre chemins. « Vous vous demandiez si l’image des outre-mer est durablement abimée, je vous réponds oui ! Il y a un vrai problème d’image, un vrai problème d’amélioration de l’attractivité ».
50% de perte d’activité à l’aéroport
C’est aussi ce que pense l’Umih972 : « l’image de la Martinique reflète une destination imprévisible avec trop souvent des annonces de dernières minutes et donc beaucoup d’incertitudes qui empêchent les voyageurs de venir sereinement. Les touristes, pas rassurés, réservent des voyages sur d’autres destinations ou préfèrent annuler leur voyage sur la Martinique ».
En 2021, l’aéroport Martinique Aimé-Césaire a, malgré tout, plutôt bien résisté, mais enregistre une perte d’activité de 53% par rapport à 2019 (997 437 passagers, transit inclus). Un peu en deçà des prévisions initiales. En Guadeloupe, le trafic à l’aéroport Guadeloupe-Pôle Caraïbes s’est établi à 1 279 263 passagers, soit 0,7% de plus qu’en 2020, mais toujours en recul de près de 50% (48,6%) par rapport à 2019.
Dans son éditorial du 6 février du magazine spécialisé Tourmag, Jean da Luz s’interroge : « Les Antilles ont-elles mangé leur pain blanc ? Difficile à dire. Mais force est de constater qu’entre les grèves en Guadeloupe et la réticence des départements d’Outre-mer à la vaccination, l’exotisme de ces destinations a pris du plomb dans l’aile. »
L’appui d’Atout France, en Outre-Mer
Alors, est-ce qu’un Comité stratégique du tourisme outre-mer peut sauver la destination des Antilles françaises ? Réponse du ministre des Outre-mer, Sébastien Lecornu : « Il faut donner des perspectives au secteur : renforcer sa résilience, accompagner sa montée en gamme et sa transition vers un modèle d’activité plus durable. C’est l’ambition que nous portons à travers la mise en place de ce CSTOM. »
Jean-Baptiste Lemoyne, le ministre délégué au Tourisme, a assuré les 200 professionnels présents lors de ce comité que les outils du « Plan Destination France » seront déployés dans nos territoires pour rebondir et reconquérir les clientèles. Ce plan doit soutenir la sortie de crise et permettre au secteur touristique français de garder et d’accroître son attractivité à horizon 2030.
Il se fonde sur quatre axes d’intervention (conquérir et reconquérir les talents ; renforcer la résilience du secteur et des acteurs du tourisme ; valoriser et développer les atouts de la destination France ; répondre aux enjeux de transformation du secteur).
Pour cela, l’État consacre une enveloppe de 1,9 milliard d’euros de crédits nouveaux sur les trois prochaines années. Combien pour les Outre-mer ? « Des mesures concrètes et de nouvelles opportunités seront déclinées Outre-mer par bassin régional, avec l’appui de l’opérateur Atout France. »
Dans son communiqué, l’Umih972 demande à l’État demande de considérer « en urgence ce petit territoire (de la Martinique) durement impacté par la crise sanitaire en faisant droit aux différentes négociations en cours : abaissement des seuils, revoir de manière rétroactive les fonds de solidarité du second semestre 2021, prolongation des mesures sur 2022 ».