Slow tourisme : une tendance accentuée par le Covid-19

0

 

De même que le mouvement de la “slow food” promeut une alimentation locale, variée, vertueuse et éco-responsable, le “slow tourisme”, loin du tourisme de masse, est une nouvelle tendance du secteur touristique, qui favorise l’économie locale et la protection de l’environnement.

Parmi les clefs de voûte de ce tourisme durable, le choix de déplacements propres (en train ou à vélo, notamment), des séjours dans des lieux éco-conçus et un ancrage dans un écosystème local. Des notions qui font de plus en plus sens auprès des consommateurs, dont la prise de conscience globale a été accélérée avec la crise du Covid-19.

Les vacances de rêve des Français ne sont plus les mêmes depuis la pandémie. C’est en tout cas ce que révèle la 43ème édition de l’étude sur l’industrie hôtelière française en 2020, menée par le cabinet d’audit KPMG. “Le Covid a été une forme de catalyseur assez fort, de manière à ce que le slow tourisme entre dans une nouvelle ère”, résume ainsi Stéphane Botz, directeur national Hospitality chez KPMG France. “Réduire son empreinte écologique devient un argument pour les Français. Le slow tourisme était une tendance de fond avant le Covid-19, qui s’inscrit fortement aujourd’hui”, poursuit-il.

Un changement qui s’inscrit aussi dans notre langage

Parmi les principales évolutions du tourisme à l’ère du Covid-19 : l’essor des mobilités douces. Vous connaissiez peut-être le “flygskam”, ce mot suédois intraduisible qui désigne la honte de prendre l’avion, mais connaissez-vous le “train brag”, la fierté de prendre le train ?

Ces nouveaux mots montrent l’importance croissante des mobilités douces, alors que le Parlement français a définitivement adopté à la fin du mois de juillet le projet de loi Climat et Résilience, inspiré des travaux de la Convention Citoyenne pour le Climat. Parmi les mesures phares : l’interdiction des vols intérieurs quand il existe une alternative en train de moins de 2h30.

Un tourisme local, d’ultra-proximité

A la faveur des restrictions de déplacement, les Français ont redécouvert les city-breaks dans l’Hexagone, avec un regain d’intérêt pour des capitales régionales comme Bordeaux, Toulouse ou encore Marseille. “Les Français se disent prêts à payer des séjours un peu plus chers pour rester en France, ou en Europe”, avance Stéphane Botz. De quoi renforcer la “relocalisation touristique” constatée par le cabinet KPMG, qui parle de “voyager moins loin, moins longtemps et moins cher”.

“66% des touristes accueillis en France se déplacent en voiture, mais l’on constate que les destinations à 2 heures de Paris et des autres zones urbaines deviennent accessibles : on peut déconnecter dans son territoire”, avance Stéphane Botz. Et quoi de mieux pour jeter un œil nouveau sur sa région que la découvrir autrement, à vélo par exemple ? En 2020, avec l’émergence du cyclotourisme, le site FranceVeloTourisme.com, qui recense des itinéraires à vélo accessibles à tous partout en France, a vu son audience bondir de 86% !

Du fait de ce nouveau tourisme ultra-local, “les hébergements cherchent à répondre à l’immédiateté du besoin, dans un rayon de 100 kilomètres autour des zones urbaines”, explique Stéphane Botz. Il semble en effet que les Français optent de plus en plus pour des lieux de villégiature au cœur de la nature, dans des cabanes, des “tiny houses” ou encore des “lodges”, par exemple. L’on assiste également au “renouveau de l’hôtellerie de campagne” avec des tendances émergentes comme l’agritourisme, pointe le rapport de KPMG. “Les gens cherchent à déconnecter et à renouer avec ce qui est essentiel, avec une réalité non-professionnelle”, justifie Stéphane Botz, qui précise que la notion de respect de l’environnement est en essor chez tous les modes d’hébergement.

“Remettre l’humain au cœur de la destination touristique”

Au-delà de ce souci pour l’environnement, les hébergements qui tendent vers le “slow tourisme” visent à créer des écosystèmes autour d’eux, en faisant appel à des acteurs locaux, notamment. “Il faut remettre l’humain au cœur de la destination touristique”, affirme Stéphane Botz. Cela passe par exemple par les circuits-courts, de quoi favoriser la relocalisation d’emploi dans les régions.

Une autre nécessité directement due au Covid-19 est celle de créer du lien, de faire des rencontres : “Les gens ne veulent pas seulement faire de la contemplation, ils souhaitent une interaction humaine”, remarque l’expert. “Le slow tourisme est intimement lié à l’économie circulaire, qui repose sur l’interaction entre le consomm’acteur et les territoires de proximité”, dit-il. Préparez-vous donc à vivre des micro-aventures, à partir expérimenter l’oenotourisme, le glamping (camping glamour) ou encore à sillonner la France en van !

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici