L’édition française du hackathon européen Cassini s’est déroulée du 12 au 14 mai, organisée par l’Open Tourisme Lab et Murmuration. Pendant deux jours, quatre équipes ont développé des solutions responsables pour voyager en Europe en utilisant les données spatiales. Quels ont été les projets présentés ? Qui a remporté le hackathon ? Retour sur l’évènement qui se déroulait à Nîmes.
Organisé en simultanée dans 10 pays d’Europe, la 3e édition du hackathon Cassini a challengé les startups et entrepreneurs autour du thème « Tourisme durable & Datas Satellitaires » durant 2 jours. Cette année, l’édition française était organisée par l’Open Tourisme Lab et Murmuration en partenariat avec le CNES, Airbus, Aerospace Valley, Nîmes Métropole, le Département du Gard, Gard Tourisme et l’IEFT.
Les participants avaient 3 défis à relever au choix : réduire l’empreinte carbone des voyages touristiques, réduire l’impact du surtourisme sur les sites réputés ou réduire l’impact du tourisme sur les espaces naturels. Elles avaient une seule contrainte : utiliser les données spatiales de Galileo, Egnos et Copernicus ainsi que d’autres technologies pour imaginer des solutions plus responsables pour voyager en Europe.
Quatre solutions pour aider les touristes à faire le bon choix
Quatre équipes ont concouru pour cette édition française :
- Caravel a développé une solution qui veut mettre en valeur les sites les plus durables et les recommander aux touristes désireux de vivre des expériences touristiques éco-responsables, grâce à des indicateurs environnementaux tels que la qualité de l’air, les zones protégées, les flux de personnes et de circulation et le relief.
- go4zem a conçu une application qui veut démocratiser l’utilisation de solutions de mobilité sans émissions carbone et promouvoir des villes plus vivables, ainsi que des transports plus responsables. Elle met en relation tous les propriétaires – professionnels et particuliers – de véhicules propres (vélos électriques, trottinettes, scooters électriques, e-skates, etc.) avec des utilisateurs qui pourront les louer partout, à tout moment et pour n’importe quelle durée.
- GUS veut permettre aux utilisateurs de trouver une destination idéale en fonction de la période de l’année. Pour cela, la solution mesure la qualité de l’air et de l’eau, calcule l’empreinte carbone et prend en compte les flux sur les sites touristiques.
- Skydor a mis au point un dispositif phygital installé dans plusieurs quartiers de la ville. Il s’agit d’un portail en réalité augmentée à travers lequel les voyageurs peuvent découvrir des offres touristiques personnalisées. Dans l’application, les utilisateurs peuvent également obtenir des informations sur la qualité de l’air dans les destinations.
Elles ont concouru pour tenter de remporter 3 000€ en cash à partager entre les équipes lauréate, 1 mois de coworking par équipe lauréate offert par OTL, 5 jours de coaching business et métier offerts par OTL et Murmuration pour l’équipe gagnante.
Les données satellitaires au service de solutions innovantes
Pour participer au hackathon, aucune connaissance sur les données spatiales n’était requise. Plusieurs experts, comme Martin Rusnak, consultant en entrepreneuriat et en gestion spatiale à l’EUSPA (Agence de programme spatial de l’Union européenne), Emilie Serveno, chargée de projet territoire Languedoc-Roussillon d’Aeropsace Valley et Rémy Azevedo, Business Innovation Manager chez Airbus et mentor du hackathon, étaient présents pour expliquer les enjeux de ces données et leur utilisation.
« Nous les laissons tranquille pour le moment », a plaisanté Emilie Séveno-Carpentier. lors d’un entretien avec TOM.travel au premier jour du hackathon, « Mais nous les challengons régulièrement, en les invitant à ne pas se concentrer sur les aspects techniques. A l’heure où je vous parle, les équipes avancent bien, elles sont même en avance ». « Personnellement, je leur demande toujours ‘Qui va payer pour ça ?’ », a complété Martin Rusnak, « Il est important de leur expliquer quelles sont les différentes données satellitaires à leur disposition ». Les satellites permettent aujourd’hui d’avoir accès des images qui donnent des informations sur la végétation, les flux de personnes ou la qualité de l’air. « L’enjeu est de réorienter les touristes en fonction de ces informations », explique Emilie Serveno.
Plus connu pour ses avions, Airbus possède 16 satellites optiques et radars qui permettent d’accéder à ce genre d’images. « Il y a de nombreux applicatifs pour les startups. Elles prennent de plus en plus conscience de l’existence des données satellitaires et cela ouvre le champ des possibles », s’enthousiasme Rémy Azevedo. Une idée partagée par Martin Rusnak : « Ces données existent depuis un certain temps, mais de nouvelles problématiques voient constamment le jour dans le tourisme. C’est le cas notamment du slow travel et il faut y répondre ».
Et le grand gagnant de l’édition française est…
A l’issue des deux jours, l’équipe de go4zem a remporté le hackathon. Skydor a remporté de son côté le prix du coup de cœur du jury. Ce dernier était composé de Emmanuel Bobin, Directeur de l’Open Tourisme Lab, Olivier Fabregoul, élu au développement économique de Nîmes Métropole, Isabelle Bost, chargée de mission Tourisme et Attractivité du territoire au Département du Gard, Sandrine Rieutor, directrice générale de Gard Tourisme et Cathy Sahuc, COO de Murmuration.
Go4zem est arrivée au hackathon avec des rôles et une idée déjà bien constitués. « Seul un profil de développeur manquait à notre projet, mais nous avons pu être accompagnés par l’équipe de Murmuration », nous confie Karl Rapson, cofondateur de la startup. D’autres équipes, elles, étaient composées de personnes ne se connaissant pas.
Go4zem veut devenir le Airbnb de la mobilité en proposant aux utilisateurs des moyens de transport zéro carbone. Pour cela, elle veut recenser les véhicules propres de particuliers et de professionnels et les mettre en location. « Notre particularité est notre filtre touristique. Nous mettons en avant les stations de recharge, les évènements et les infrastructures touristiques à proximité », explique Karl Rapson. Même s’il existe déjà des loueurs de voitures entre particuliers, des applications de location de trottinettes, etc., le cofondateur assure qu’il n’existait pas de solution qui regroupe toutes ces offres au même endroit.
Go4zem veut lancer son application web dès cet été en Ile-de-France avec dans un premier temps la location de vélos et trottinettes électriques. A terme, tous les autres moyens de transports évoqués précédemment seront proposés, ainsi que les transports en commun. Un calculateur d’émission carbone sera ajouté, ainsi qu’un algorithme de recommandation basé sur la météo.
Comme pour les autres services de location, une assurance sera proposée aux loueurs comme aux clients ainsi qu’un système de notation des utilisateurs. Il sera même possible d’opter pour la livraison de certains modes de transport. La startup envisage de lancer bientôt une campagne de financement participatif. Cela lui permettra de transformer l’application web en application mobile notamment.
Mais avant ça, go4zem devra pitcher à la finale européenne du hackathon le 19 mai. 3 lauréats européens bénéficieront d’un accompagnement de 100h de mentorat par des experts européens ainsi qu’une visibilité à l’échelle européenne. En face de l’équipe française, on trouve des solutions qui aident à trouver les meilleurs spots pour voyager en van ou en vélo tout en respectant l’environnement, une solution pour réserver des activités durables ou encore un service qui permet de mesurer la pollution d’une zone de baignade.