A constater ce qui se fait en Algérie, depuis quelques années en tourisme, on pourra bientôt écrire, en parodiant l’essai d’Alain Peyrefitte sur la Chine (Quand la Chine s’éveillera … le monde tremblera »), que « quand l’Algérie s’éveillera, le tourisme tunisien tremblera ». Un tourisme tunisien qui piétine dans le marasme financier et qui devient une sorte de mal-aimé de l’investissement bancaire, et par tout l’Etat qui le traite avec du « je ne t’aime pas, mais je ne saurais faire sans toi (لا نحبك لا نصبر عليك) » comme dirait le proverbe autochtone.
En Tunisie où le tourisme représente 9 % du PIB et participe à hauteur de 35 % dans la couverture du déficit commercial, quelque 4,3 millions de touristes ont visité la Tunisie jusqu’au 20 septembre 2022. Un chiffre en augmentation de 168 % par rapport à 2021, mais en écart négatif de 38,1 %, comparé à 2019. Un secteur aussi, qui compte beaucoup, depuis quelques années, sur le tourisme algérien qui se fait de plus en plus de place devant le tourisme européen et colmate les brèches dans l’apport en devises de ce dernier.
Pendant la période estivale de l’exercice 2022, ils étaient 60 mille touristes algériens à être entrés en l’espace de 15 jours (du 15 au 31 juillet) selon le ministre Moez Belhassen. La fermeture momentanée des frontières par l’Algérie, y était pour quelque chose. Mais les chiffres devraient s’améliorer à la fin de l’année 2022 à l’occasion des fêtes de fin d’année, avec pour objectif d’atteindre au moins le chiffre de 1 millions d’Algériens pour tout l’exercice 2022.
Les chiffres du tourisme pour l’Algérie sont certes sans commune mesure. Elle recevait, en effet, en 2018, selon des chiffres de la Banque Mondiale, 2,657 millions de touristes, un peu plus de 2,371 millions en 2019 et seulement 591 mille en 2020.
Intervenant le 1er juillet sur France 24, la spécialiste du tourisme algérien, Saliha Hadj-Djilani indiquait que « il y a une forte demande sur l’Algérie, car c’est une destination avec des paysages authentiques et préservés, et l’Algérie a toutes les chances de devenir la destination de demain » pour les touristes étrangers
Mais l’Algérie se réveille depuis quelques années au tourisme, l’encourage par une volonté politique claire et concrète, à grands renforts de projets dans le pipe, et l’infrastructure nécessaire à ce secteur. En novembre 2021, le site « Voyager » rapportait en citation du ministre algérien du Tourisme et de l’artisanat, Yacine Hamadi, que « 751 projets d’hôtels et complexes touristiques, d’une capacité d’accueil de 95 mille lits sont en cours de construction, nécessitant une main d’œuvre de 37.289 employés ».
Le même mois de la même année, son collègue des Finances, Aïmene Benabderrahmane, indiquait que « 200 nouveaux hôtels seront réceptionnés en Algérie d’ici 2024 » et que « le gouvernement va achever le programme de modernisation et de réhabilitation du parc hôtelier public et encourager les différentes formules de partenariat public-privé ».
Un récent rapport publié par le cabinet de conseil « W Hospitality Group » (Pdf) qui a couvert 45 pays africains, écrivait que « la Tunisie construit moins de chambres que l’Algérie » qui renforce ainsi à grands pas ses capacités hôtelières.
En chiffres, selon le même rapport, l’Algérie qui dispose de 1.622 kilomètres de côte et donc de plages, construit plus de chambres d’hôtels que la Tunisie qui dispose de 1.400 kilomètres de côte. Plus encore, « sur les 10 plus grands hôtels du pipeline, quatre se trouvent en Égypte, deux au Cap-Vert et un en Algérie, au Sénégal, en Tanzanie (Zanzibar) et en Tunisie. La taille moyenne des 10 meilleurs hôtels est de 678 chambres (contre 728 chambres en 2021), contre une moyenne de 180 chambres pour l’ensemble du pipeline ».
Est-il alors exclu qu’on voit un jour inversées les files d’attentes de voitures à l’entrée des frontières algériennes ? Il ne restera alors au tourisme tunisien, qui peine déjà à renouveler et mettre à jour son parc hôtelier, qu’à jouer encore plus l’effet prix qui n’est pas sans impact sur le secteur et la qualité des services offerts.
Selon le site spécialisé, le prix moyen d’un hôtel 3 étoiles pour cette nuit à Algérie est de 79,12 €. Le prix moyen d’un hôtel 4 étoiles pour cette nuit à Algérie est de 110, 12 €. Le prix moyen d’un hôtel 5 étoiles pour cette nuit à Algérie est de 150, 33 €. En Tunisie, la nuitée dans un hôtel 5 étoiles est de 95 € pour ce week-end. Dans un hôtel 4 étoiles, la nuitée est de 40 à 50 €. Pour un hôtel trois étoiles, ce prix est de 10 à 20 €.
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