Publié le : 09/01/2023 – 08:23
Avec la réouverture des frontières de leur pays, les touristes chinois peuvent à nouveau voyager à l’étranger. Le monde entier – ou presque – attend le retour de cette clientèle déterminante pour l’industrie du tourisme.
Les touristes chinois sont les plus nombreux à sortir de leur pays et ce sont aussi ceux qui dépensent le plus. En 2019 – dernière année d’avant le Covid-19 –, 155 millions de Chinois ont passé des vacances à l’étranger. Ils ont dépensé 255 milliards de dollars, soit le quart des revenus du tourisme. À titre de comparaison, les touristes américains, le deuxième contingent à l’international, dépensent presque deux fois moins.
Ce tourisme chinois est un phénomène en pleine croissance depuis une dizaine d’années. Il concerne les classes aisées. Seulement un Chinois sur dix détient un passeport. Parmi ces privilégiés, le désir d’ailleurs s’est matérialisé par l’envolée des réservations pour le Nouvel An lunaire, dès l’annonce de la levée des restrictions. Pour la semaine du 20 janvier, où les Chinois vont célébrer l’année du lapin, la demande pour les voyages à l’étranger est six fois plus importante que l’an dernier.
Les Chinois vont-ils voyager autant qu’en 2019 ?
Pas tout de suite. D’abord, parce que ces voyageurs enfermés depuis trois ans ont peut-être besoin de renouveler leurs passeports, et ils doivent surtout faire des demandes de visa, ce qui prend du temps, au moins quelques semaines pour obtenir ces deux sésames. Hormis dans les pays touristiques qui ont prévu une procédure en ligne simplifiée pour faciliter le retour des Chinois. C’est ce que fait la Thaïlande, par exemple.
Outre ces contraintes administratives, les touristes chinois vont surtout se heurter au manque de transport : beaucoup de liaisons aériennes entre la Chine et le reste du monde ont été suspendues à cause de la politique « zéro Covid », et la levée surprise des restrictions a privé les compagnies du temps de préparation nécessaire pour réactiver les lignes. Cela prendra quelques mois, voire plus. La réouverture des frontières de la Chine est une excellente nouvelle pour le transport aérien, mais les compagnies resteront prudentes.
La hausse du kérosène a fait grimper le prix du billet
Et l’inflation grignote le pouvoir d’achat des ménages. Pas sûr de remplir les avions dans ces conditions. Le retour aux capacités de 2019 n’aura sans doute pas lieu en 2023 où pèse un gros risque de récession sur l’économie mondiale. Pour toutes ces raisons, les projections sur le retour des touristes chinois sont donc assez prudentes. Selon un institut de recherche chinois, c’est à partir du second semestre que les Chinois vont vraiment sortir de leur pays, et sur l’ensemble de l’année, ils devraient être environ 50 millions à pouvoir le faire.
Et quels sont les pays qui vont en profiter le plus ?
Les pays d’Asie du Sud-Est, ceux qui dépendent le plus des touristes chinois, sont certainement ceux qui ont le plus à gagner à leur retour. La Thaïlande était la première destination de ces visiteurs : elle a accueilli douze millions de Chinois en 2019, dix millions pour le Japon. Si on se fie aux destinations les plus demandées par les Chinois depuis la fin de la politique « zéro Covid », on retrouve, parmi les dix premiers, des pays très impatients de les recevoir comme la Thaïlande ou Hong Kong qui souffrent depuis trois ans de l’absence de ces clients, que les pays les plus prudents, comme les États-Unis, la Corée du Sud ou le Japon, trois pays qui exigent des tests à l’entrée. La demande ne sera donc pas forcément découragée par des barrières sanitaires. La France, le pays européen le plus visité par les Chinois, ne fait pas partie de ce top dix, mais elle se prépare activement à leur retour.
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