En se tournant vers des territoires qui ont besoin d’aide au développement, se pose souvent la question sécuritaire, avec des fréquentations en dents de scie, qui compliquent l’évaluation des besoins et des attentes des populations locales sur l’activité de tourisme.
« On vient avec de bons sentiments et plein d’espoir, mais l’outil touristique n’est pas une baguette magique positive, il y a une réalité sécuritaire indique Kévin Girard, Point Voyage. Au Mali, par exemple, avec l’islamisme qui progresse, les touristes viennent moins. Alors oui, l’autonomie est nécessaire mais il reste des attentes (où sont passés les touristes promis ?), de la rancœur voir de l’hostilité. »
Le tourisme équitable permet alors d’ouvrir des voies. En se dirigeant vers un projet alternatif, le touriste cherche à sortir des sentiers battus : une destination méconnue devient un atout. En accueillant des touristes, le territoire devient une destination. En investissant des territoires complexes, et en amenant le voyageur à la regarder autrement, le tourisme équitable créé de nouvelles destinations.
Il permet aussi d’ouvrir des regards, et pourquoi pas, de servir à des revendications plus politiques. C’est un peu ce qui s’est passé avec la Grande Traversée de la Palestine dont nous a parlé George Rishmawi, DG du Palestinian Heritage Trail : « Le tourisme a un énorme impact : sur l’accès à l’éducation et sur le bien-être, sur l’identité locale : en parlant d’elle, la population voit ce qui lui manque ou ce qu’elle a. Et, plus généralement, sur les voyageurs eux-mêmes, qui changent de regard. C’est une réalité politique : en posant des questions, les voyageurs comprennent qu’ils ont une responsabilité, et en parle. »
Pour Tetratkys, sur ce parcours précis, l’évolution est flagrante : 97 % d’impressions négatives avant contre 95 % de ressentis positifs après.
Bien sûr, chaque touriste revient avec l’expérience qu’il veut et avec le regard qu’il veut, mais le tourisme équitable et solidaire prouve à lui seul que le tourisme permet l’ouverture d’esprit : d’accord ou pas d’accord, tout le monde se parle, échange et se nourrit de l’autre.
Ralentir, se regarder et discuter, est-ce que ça n’est pas ce dont on a le plus besoin aujourd’hui ?