Publié le : 05/11/2022 – 08:07
Le palace parisien Le Ritz propose des croisières à ses clients, l’hôtelier Accor investit dans le train Orient-Express avec un succès fou… Les professionnels de l’hôtellerie ont rendez-vous à Londres du 7 au 9 novembre avec le World Travel Market. Selon Vanguelis Panayotis, PDG des sociétés de conseil MKG et Hospitality ON, le transport y aura une place de choix.
RFI : À la tête de MKG et Hospitaliy ON, vos sociétés de conseils tourisme et hôtellerie, vous témoignez de cet incroyable changement : le transport s’invite à l’hôtel !
Vanguelis Panayotis : Oui, tout à fait. Le trajet comme expérience ! Et ce besoin de prendre le temps en considération. De plus en plus, ce temps de voyage fera partie de l’offre hôtelière.
La crise du Covid-19 a sans doute accéléré les choses ?
Certainement, mais la tendance était déjà là. La preuve avec l’investissement du groupe hôtelier français Accor, ces cinq dernières années, dans plusieurs moyens de transports. En premier lieu avec le nouveau label autour du train Orient-Express, un train considéré comme un palace sur rails ! Ce train était hors service depuis trente ans, parce que trop vieux, d’où l’idée de participer à sa réhabilitation pour de nouveaux voyages réservés à une clientèle de luxe.
Accor, présent en France et dans le monde entier, vient d’innover avec des offres d’escapades moins coûteuses
Tout à fait. Le groupe profite de l’ampleur de son réseau d’enseignes (Mercure, Ibis, Novotel…) dans toutes les régions de France pour proposer des voyages. Ces séjours peuvent être réalisés étapes par étapes en van par exemple. Accor a signé un partenariat avec le constructeur Mercedes et ça marche vraiment très bien.
Pour vous, le van, le train, et autre, correspondent à une vraie nouvelle demande ?
C’est certain. L’époque veut que les gens, donc la clientèle, se sentent de plus en plus déconnectés. Grâce au transport pour leur séjour en hôtel, le voyage les reconnecte à l’authenticité. Cela vient nourrir des émotions, crée des souvenirs. C’est cette expérience que la clientèle recherche aujourd’hui.
Avec une valeur service qui y trouve une renaissance, elle aussi, puisqu’il faut suivre ces escapades de découvertes.
C’est là une réelle nouvelle façon d’aborder le service de conciergerie. Il faut de la logistique, couvrir les besoins des clients. Ils sont personnels (visites, garde d’enfants, lingerie…), mais ils concernent aussi les offres locales plus générales, comme la gastronomie. C’est un véritable réservoir d’idées et de potentiel.
Une recherche d’authenticité propre aux jeunes générations, françaises et étrangères ?
C’est un phénomène mondial ! Avec une grande partie en France, et chez nos voisins européens. Cette demande explose aussi aux États-Unis ou au Canada. Je reste persuadé qu’avec les levées des confinements et l’ouverture de la Chine et des pays alentours, nous allons voir émerger des offres en Asie.
Le train, les minicamions… Et le palace Le Ritz, qui peut faire profiter à ses clients des croisières du même nom.
Les croisières Ritz, pour le concept de palace voguant. De même, le groupe américain Four Seasons vient d’acheter son deuxième avion.
Le but est de monter une minicompagnie aérienne ?
Ces avions sont proposés pour des séjours express, pendant le séjour à l’hôtel : pour visiter les régions ou pays avoisinants, voire en voyage initial, entre le pays de résidence (du touriste) et le pays de l’hôtel.
Pourrions-nous imaginer à l’avenir des offres avec des chambres d’hôtels ou des voyages jusqu’à l’hôtel en cargo de marchandises ?
Pourquoi pas, cela a bien existé dans le passé ! D’ailleurs, pour l’anecdote, l’un des fondateurs du groupe Accor, Paul Dubrule, est allé aux États-Unis avec un billet de navire de fret, le moins cher pour voyager dans les années 1950. Si une telle possibilité existait aujourd’hui, je suis persuadé que cela marcherait.
L’envie de moins polluer la planète fait apparaître toutes ces nouvelles idées, que vous appelez « nouvelles mobilités douces » de l’hôtellerie.
On vient de le voir en France avec les polémiques sur les jets privés des footballeurs. Ce qui était possible hier ne le sera plus demain. Aujourd’hui, les avions ou les véhicules des groupes hôteliers proposés à leur clientèle doivent répondre aux deux maîtres-mots : « expérience de groupe » et « authenticité ».
L’avenir possible du séjour ou du transport en ballon en fait partie ?
Oui, le séjour en dirigeable, on en parle ! Quel rêve de pouvoir profiter en famille d’une découverte d’une région ou d’un pays dans les airs… Cela donnerait le temps de savourer, tout en préservant la planète.
► À écouter aussi : Marc Delcourt veut faire décoller les avions au kérosène à base de sucre de paille