Une grosse valise et un sac à dos. Voilà dans quoi tiennent les effets personnels de Rémi Mikel. En devenant digital nomad, en 2018, il a donné ou vendu la majeure partie de ce qu’il possédait. Le but : voyager léger. Outre ses deux bagages, il a gardé un carton, avec « un costard, des papiers et des souvenirs ». Celui-ci est stocké chez sa mère, car le trentenaire n’a plus de pied-à-terre.
Depuis, il pérégrine toute l’année, en quête d’une météo ensoleillée. Cette envie de voyager en travaillant lui est venue lors d’un échange étudiant en Chine, alors qu’il était en master. « J’ai tellement aimé découvrir une nouvelle culture que je me suis dit que je voulais que ce soit ça, mon quotidien », raconte-t-il. Son diplôme en poche, il est salarié pendant près de trois ans à Paris dans une start-up. Une fois son prêt étudiant remboursé, il quitte l’entreprise avec une rupture conventionnelle.
Entre 200 et 300 euros par mois
Thaïlande, Vietnam, Cambodge, Mexique,Allemagne, France aussi. A chaque fois qu’il débarque quelque part, c’est le même rituel : il passe deux ou trois nuits dans une chambre, pour prendre le pouls de la ville. Quand il trouve un quartier qui lui plaît, il se met en quête d’un logement dans lequel rester un ou plusieurs mois. « Une fois que j’ai installé ma valise quelque part, je me sens chez moi. »
Côté budget, il dépense entre 200 et 300 euros par mois en logeant dans des hôtels, chambres d’hôte ou appartements trouvés sur Airbnb ou grâce à des annonces affichées dans la rue. Il évite les résidences en coliving, qui ciblent les digital nomads. « C’est souvent cher pour ce que c’est. C’est bien pour les gens qui veulent réseauter entre digital nomads. Mais moi, j’essaie plutôt de rencontrer des locaux. »
L’endroit où Rémi a préféré loger depuis qu’il est digital nomad : un appartement à Bangkok, en Thaïlande, en 2019, avec piscine sur le toit de la résidence. Il le louait avec un ami, pour 320 euros mensuels chacun.DR
Ses critères quand il est en quête d’un logement ? Avoir un grand lit, un bureau, un frigo, la clim, l’eau chaude… et une bonne connexion Internet. Car il en a besoin pour travailler à distance avec ses clients français.
En choisissant des destinations où le coût de la vie est moins élevé qu’en France, Rémi peut vivre en travaillant à mi-temps. De quoi lui laisser du temps pour visiter et rencontrer du monde. « Quand je commence à me sentir seul, c’est assez simple de se faire des amis en sortant dans des bars ou en s’inscrivant à des activités », explique-t-il.
En France actuellement, il repart en septembre au Canada, pour rendre visite à un ami, puis trois mois aux Philippines. Il en a conscience, ce mode de vie n’est pas le plus vertueux d’un point de vue environnemental. « Je culpabilise un peu de prendre l’avion… Une fois sur place, je fais en sorte de voyager avec le train ou le bus, même si l’avion coûte parfois moins cher. »
En se lançant dans ce mode de vie, il pensait rentrer et s’installer en France deux ou trois ans plus tard. Certes, ses plans ont été quelque peu modifiés par la pandémie. Il s’est retrouvé bloqué dans l’Hexagone au moment du premier confinement, mais a réussi à partir au Mexique juste avant le deuxième. Aujourd’hui, il se voit nomade pour encore au moins quelques années. « J’ai beaucoup plus de liberté et de temps que lorsque j’étais salarié. Je suis plus épanoui. » Et rien de sa vie d’avant ne lui manque vraiment.
Série « Drôles de logement »
En communauté, en Ehpad ou en nomade, ces jeunes ont choisi des façons de vivre et d’habiter hors du commun.
Episode 1 – « On vit dans un foyer de jeunes travailleurs à Paris »
Episode 2 – Ils vivent dans une maison construite en bois, paille et terre
Episode 4 – « On vit en communauté dans un habitat participatif » (à paraître)
Episode 5 – Etudiant de 23 ans, il vit en colocation dans un Ehpad (à paraître)
Episode 6 – Etre en couple et ne pas vivre ensemble, un choix qui détonne (à paraître)
Episode 7 – Ils vivent dans une colocation XXL avec 21 chambres (à paraître)