Publié le 30 déc. 2022 à 9:42
Si Macao est habitué à voir affluer des touristes chinois sur son sol, cette fois-ci, ils ne viennent pas pour ses casinos. Depuis la fin de la politique « zéro Covid » et la flambée de cas qu’elle a provoquée , de nombreux citoyens de Chine continentale se pressent vers la minuscule région administrative spéciale, au sud du pays, afin d’y recevoir un vaccin à ARN messager, introuvable ailleurs.
C’est le « Financial Times » qui dévoile cette nouvelle pratique de « tourisme vaccinal ». Depuis l’annonce par Pékin début décembre de l’abandon de sa politique « zéro Covid » terriblement restrictive , le virus s’est répandu comme une traînée de poudre dans le pays de 1,5 milliard d’habitants, mettant le service hospitalier sous forte tension.
Des vaccins chinois peu efficaces
La Chine ne manque pourtant pas de vaccins. Mais les autorités de Pékin ont décidé de jouer la préférence nationale en autorisant uniquement les injections développées par deux laboratoires locaux : Sinovac et Sinopharm. Problème, ces vaccins dits « à virus inactivé » sont beaucoup moins efficaces que les vaccins occidentaux, reposant sur l’ARN messager.
Ainsi, une récente étude de la revue scientifique « The Lancet » souligne que les personnes ayant reçu trois doses de vaccin chinois sont deux fois plus susceptibles de développer une forme de Covid sévère que les personnes ayant reçu trois doses de vaccin à ARN messager. Et elles ont aussi 50 % de risque en plus d’être hospitalisées. Preuve de cette efficacité limitée, l’OMS avait validé l’utilisation de ces vaccins chinois en 2021, tout en recommandant de les utiliser seulement « dans des situations d’urgence », c’est-à-dire faute de mieux.
Bénéficiant d’une relative autonomie, le territoire de Macao, ancien comptoir commercial portugais, propose, lui, ces vaccins occidentaux tant convoités dans l’un de ses principaux hôpitaux. Interrogé par le « Financial Times », un responsable de l’établissement confirme que les demandes de rendez-vous ont explosé depuis début décembre. L’engouement est tel que certaines agences de voyages proposent désormais des formules pour organiser la venue de leurs clients de Chine continentale en recherche du précieux sérum.
Une clientèle élitiste
Mais cette forme de tourisme n’est pas réservée à tous les Chinois. Si ceux-ci peuvent rejoindre Macao sans visa ni autorisation spéciale, il faut débourser, outre le voyage, de quelques dizaines de dollars à parfois plus de 150 pour recevoir l’injection.
Et il faut aussi être bien informé. Selon Nicholas Thomas, professeur à la City University de Hong Kong, spécialiste de la politique étrangère chinoise et la sécurité sanitaire en Asie, seuls les Chinois les plus éduqués et les plus aisés ont les moyens de se renseigner sur la meilleure efficacité des vaccins à ARM messager et sur la façon de s’en procurer.
La réponse à la terrible crise sanitaire que traverse la Chine ne viendra donc pas de Macao alors que le retard prit par Pékin dans sa campagne de vaccination laisse craindre un désastre. Un tiers des Chinois âgés de 60 ans et plus, soit environ 85 millions de personnes, n’ont toujours pas reçu la troisième dose de vaccin, pourtant indispensable pour se protéger pleinement du virus. Chez les 80 ans et plus, ce taux est d’approximativement 60 %, soit 21 millions de personnes.