Comment Djibouti veut devenir un épicentre du tourisme vert

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La rive sud du golfe de Tadjoura est émaillée de multiples criques désertes. GREG LECOEUR / Le Figaro Magazine

Les autorités souhaitent développer cette économie dans un pays à la biodiversité étonnante et préservée. Loin du tourisme de masse, elles misent notamment sur l’écotourisme plongée.

« Une poignée de cailloux que Dieu a jetée dans un coin après avoir créé le monde ». C’est ainsi que les Djiboutiens ont l’habitude de décrire leur pays. Plus petit que la Bretagne, Djibouti (23 180 km2) occupe une position stratégique sur la Corne de l’Afrique avec son accès au détroit de Bab-el-Mandeb (30 km) qui sépare la péninsule africaine de la péninsule arabique (Yémen), la mer Rouge de l’océan Indien.

Stable, le pays ne connaît aucune des tempêtes politiques et guerrières que connaissent ses voisins (Érythrée, Éthiopie, Somalie, Yémen). « Nous disposons d’un microclimat sécuritaire rassurant pour les touristes, se félicite Ayeid Mousseid Yahya, l’ambassadeur en France et délégué permanent auprès de l’UNESCO. En 2021, nous avons accueilli 114.102 touristes, dont 38% de Français, 29% d’Européens et 8% d’Américains. Notre objectif pour 2035 est d’en attirer 500.000. Ce secteur est générateur d’emplois. Il représente 3% de notre PIB annuel (2 850 M€) et notre souhait est qu’il en représente 15% d’ici 2035 ».

Vers un tourisme durable

Contrasté, le relief de Djibouti enchaîne plaines, plateaux, chaînes montagneuses (2028m), plages, mangroves, îles et îlots, qui séduisent autant les baroudeurs que ceux qui aiment leur confort : «Nous avons deux hôtels de luxe, le Palace Kempinski avec piscine et spa ouvert en 2006 et le Sheraton ouvert en 1981 et rénové en 1999. Mais nous avons aussi des hôtels 3 étoiles, des locations en Airbnb et des apparts-hôtels, précise Mohamed Warsama Dirieh, ministre du Commerce et du Tourisme. Une offre qui est évidemment destinée à s’étoffer, mais avec le souci d’une gestion environnementale maîtrisée.»

Les dirigeants du pays ne souhaitent pas se lancer dans un développement désordonné, comme cela a pu être le cas à Cancun (Mexique), Sharm El Sheikh (Égypte) ou sur la Costa Brava en Espagne. « Nous sommes un pays jeune, indépendant depuis juin 1977 et nous apprenons des erreurs des autres, avoue diplomatiquement l’ambassadeur. Nous allons œuvrer pour un tourisme durable écologiquement mais aussi éthiquement responsable ». Pour atteindre les objectifs touristiques 2035-2050, les hôtels seront construits avec des matériaux spécifiques pour ne pas se transformer en puits de chaleur qu’il faudrait ensuite rafraîchir avec une climatisation consommatrice en énergie.

Une biodiversité marine préservée

En hiver, l’observation des requins-baleines est l’un des atouts touristiques de Djibouti. GREG LECOEUR / Le Figaro Magazine

Le pays possède un trésor, avec la baie de Tadjourah où de mi-octobre à fin janvier, se rassemblent des dizaines de requins-baleines attirés par le plancton. Le plus gros des poissons appartient comme les requins à la famille des cartilagineux (pas de squelette). Avec sa masse bleue à damiers reconnaissable entre toutes, ce doux géant (14-15m) est souvent observé dans la baie, nageant proche de la surface avec sa bouche ouverte pour filtrer le microscopique plancton ou de petits poissons dont la taille ne dépasse pas 2 cm. L’écotourisme s’est évidemment développé pour aller observer ce rassemblement : « mais avec des règles précises, souffle Osman Abdi Mohamed, directeur général de l’Office national du tourisme.Les bateaux sur zone doivent être accrédités et ne doivent pas être plus de cinq en même temps, l’approche des animaux est soumise à une charte internationale (moteurs réglés sur 2 nœuds à 50m, 6 nœuds à 150m…) ».

Enfin, Djibouti est un pays éminemment réputé pour la plongée sous-marine. « L’archipel des Sept Frères est accessible en bateau de croisière plongée, explique Gérard Carnot, directeur du tour-opérateur spécialisé Ultramarina. C’est une zone corallienne tumultueuse et poissonneuse, réservée aux plongeurs aguerris, avec des courants forts, synonymes de rencontres inoubliables avec des espèces pélagiques, thons, barracudas, requins, raies mantas. En croisièreégalement, la baie de Tadjourah est plus paisible, avec une visibilité parfois réduite du fait de la présence de plancton. C’est un marché de niche, mais nous y envoyons de plus en plus de plongeurs depuis 2019 ».

Djibouti abrite également un spot réputé comme il n’en existe qu’un seul autre au monde – en Islande, sur la faille sismique de Silfra avec d’un côté, la plaque eurasienne et de l’autre, la plaque américaine. À Djibouti, le détroit de Goubet-Al-Kharab est le point de rencontre de deux plaques tectoniques : la plaque africaine et la plaque arabique. Une immense fissure parsemée de grottes, tunnels et de cavités gorgées de faune.

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