Les célébrations de l’entrée de la Sainte Famille attirent des millions de visiteurs égyptiens et étrangers.
Au cours de sa réunion à Rabat au Maroc la semaine dernière, le comité intergouvernemental de sauvegarde du patrimoine immatériel de l’humanité de l’Unesco a voté pour l’inscription « des festivités associées au voyage de la Sainte Famille en Egypte » sur la liste du patrimoine culturel immatériel. L’Egypte avait présenté une demande en ce sens. « Le dossier égyptien a obtenu 21 votes sur les 24 pays membres du comité », affirme Moustapha Gad, représentant de la délégation égyptienne auprès de l’Unesco. Il souligne que l’Egypte a présenté ce dossier en février 2021. « Le patrimoine immatériel est un patrimoine humain lié aux traditions et aux coutumes qui ont commencé à une époque très ancienne et qui perdurent jusqu’à l’heure actuelle », souligne pour sa part Adel Al-Gendy, coordinateur national du circuit de la Sainte Famille au ministère du Tourisme et des Antiquités.
La préparation du dossier avait commencé en 2018, lorsqu’une équipe de spécialistes de l’Institut supérieur des arts populaires (Académie des arts), en coopération avec des chercheurs du ministère de la Culture, et sous la supervision du ministère du Tourisme et des Antiquités, a documenté différents types de célébrations liées au voyage de la Sainte Famille. Cette équipe a remarqué que les communautés présentes dans les régions où ont séjourné les membres de la Sainte famille célèbrent deux dates en particulier. La première est celle de l’entrée de la Sainte Famille à Rafah, à la frontière Est de l’Egypte, le 24 bachans du calendrier copte, soit le 1er juin. Le gouvernorat de Minya, en Moyenne-Egypte, célèbre cette fête le 1er février de chaque année. La célébration se déroule sur un seul jour. « Le nombre de participants dépasse les 3000 personnes dans certains sites », souligne Al-Gendy. La seconde date célèbre la nativité de la Vierge. « Cette fête qui dure une quinzaine de jours a lieu à des dates variées durant les mois de mai, juin et août, selon les régions traversées par la Sainte Famille, notamment à Dronka et au Caire », explique Moustapha Gad. Ces festivités sont répandues sur les sites du trajet de la Sainte Famille depuis son refuge de Beit Lahm (Bethléem) en Palestine jusqu’à l’Est du delta égyptien.
Ce parcours couvre de nombreuses régions: Tell Basta et Belbeis dans le gouvernorat de Charqiya, Samannoud à Gharbiya et Sakha à Kafr Al-Cheikh, le grand Caire (Matariya, Mostorod et Haret Zoweila), le Vieux-Caire et Maadi. En Moyenne-Egypte : Djebel Al-Teir, Achmounein et Kom Mariya à Minya. Et, enfin, dans le gouvernorat d’Assiout : Djebel Qosqam, Mir et le monastère Moharraq.
Les églises transformées en lieux de fête
Pendant ces deux célébrations, les cours des églises et les enceintes des monastères se transforment en lieux de fête. Le clergé avec les scouts des églises organisent ces fêtes avec la participation de citoyens de toutes les classes sociales et de tous les âges. « Les églises reçoivent aussi des visiteurs venant des villes situées dans les alentours, ainsi que des touristes africains, notamment des Ethiopiens », ajoute Adel Al-Gendy. « L’église a construit un grand hôtel à Minya, l’une des stations les plus peuplées pendant la période de fête, pour fournir le confort aux visiteurs de ces festivités », indique-t-il. Quant aux autres sites, le ministère du Tourisme et des Antiquités les a réaménagés et y a installé des services confortables. Il a également pavé les routes pour faciliter l’arrivée aux monastères et aux églises du circuit. Le secteur privé a pour sa part investi dans l’hôtellerie et l’installation d’écolodges.
Lors de ces événements, les choeurs des églises récitent des hymnes religieux, accompagnés de battements de tambour célébrant l’histoire de la Sainte Famille, et son refuge en Egypte. Ces festivités sont une bonne occasion pour les dessinateurs et les fabricants d’icônes pour réaliser de belles oeuvres représentatives des membres de la Sainte Famille. Parmi les activités accomplies durant les célébrations il y a la scène du trajet de la Sainte Famille. « Il s’agit d’une jeune fille arborant la tenue de la Vierge avec un bébé en main à dos d’âne, accompagnée d’un vieil homme s’appuyant sur son bâton. Cet homme représente saint Joseph (Youssof Al-Nadjar), troisième membre de la Sainte Famille », explique Al-Gendy. Les festivités comprennent également une série de spectacles artistiques dans les cours des églises, avec des chansons populaires et des jeux de bâton. Pendant ces célébrations, les traditions populaires aussi ont une grande importance. « Les récits et les contes hérités d’une génération à l’autre sur les miracles de la Sainte Famille sont aussi racontés par les grand-mères ». Parmi ces récits, « les sources d’eau qui ont été jaillis pour que la Vierge puisse laver l’enfant Jésus, la destruction des statues et des colonnes des temples à Tell Basta lors de l’entrée de la Sainte Famille ou encore à Samannoud lorsque la Vierge a posé la main de l’enfant Jésus sur le corps d’un défunt qui a repris vie grâce à la bénédiction de la Sainte Famille. En réaction, les citoyens ont bien accueilli les membres de la Sainte Famille et lui ont présenté de la nourriture et des boissons », raconte Al-Gendy. Ces célébrations sont une bonne occasion pour les femmes au foyer de présenter leurs produits artisanaux et de vendre la gastronomie et les plats traditionnels de la région. Elles reflètent clairement la contribution de toutes les classes sociales aux festivités, allant du clergé aux autorités, hauts fonctionnaires et citoyens, chrétiens et musulmans. « Plusieurs nationalités, particulièrement les Africains, à l’instar des Ethiopiens, y participent », reprend Al-Gendy. « Les festivités associées au voyage de la Sainte Famille en Egypte reflètent l’identité de l’Egypte et sa vision », conclut-il.
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