La Nouvelle-Zélande vient de rouvrir totalement ses frontières et le ministre du Tourisme, Stuart Nash, a affiché son intention d’attirer en priorité les voyageurs aisés.
Après avoir longuement gardé ses frontières fermées à cause du Covid-19, la Nouvelle-Zélande fait à nouveau les yeux doux aux touristes… et surtout à ceux dont le porte-monnaie est bien rempli. La position est totalement assumée par le ministre néo-zélandais du tourisme, Stuart Nash, qui a annoncé mercredi, lors de l’annonce d’un plan gouvernemental sur le sujet, son intention de cibler avant tout les visiteurs qui sont de «gros dépensiers».
«Nous allons accueillir les routards», a-t-il concédé, mais l’objectif affiché «sans vergogne» n’est pas de «cibler les personnes qui expliquent sur Facebook comment elles peuvent voyager à travers notre pays avec 10 dollars par jour en mangeant des nouilles instantanées». Stuart Nash leur préfère des «touristes de haute qualité».
I was in Nelson today to launch the first-stage of the Tourism Industry Transformation Plan, which aims to strengthen the tourism workforce & create a thriving tourism future for NZ.
The plan sets out a resilient & regenerative vision for tourism https://t.co/5UT5wE2MHh pic.twitter.com/0f1kUG7Nra
— Stuart Nash (@Stuart_NashMP) August 10, 2022
Selon le Guardian, ce n’est pas la première fois que le ministre néo-zélandais du tourisme tient ce genre de propos. En 2020, il avait déjà affirmé que son pays devait avant tout attirer des visiteurs qui «volent en classe affaires ou en classe économique premium, louent un hélicoptère, font un tour autour [du glacier] Franz Josef et mangent ensuite dans un grand restaurant». Une position qui lui avait valu des critiques, certains observateurs le jugeant «snob, élitiste et déconnecté».
Après deux ans de mesures sanitaires très strictes, la Nouvelle-Zélande a d’abord partiellement rouvert au mois de mai, autorisant les voyageurs européens, américains et canadiens à entrer sur son territoire. Les dernières restrictions aux frontières ont finalement été levées le 1er août dernier et le pays s’attache à présent à relancer son activité touristique.
La protection de l’environnement en question
Avant la pandémie, le tourisme international constituait une part importante de l’économie néo-zélandaise, mais, selon James Higham, professeur de tourisme à l’Université d’Otago interrogé par le Guardian, rien ne dit que les «personnes à valeur nette élevée» contribuaient davantage à la croissance du pays que leurs homologues à plus petit budget.
Notamment parce que «la tendance au cours des dernières décennies dans le monde a été que les touristes voyagent plus loin, voyagent plus vite, produisent plus de CO2, restent moins longtemps et dépensent moins à destination». «La contribution économique des croisiéristes», souvent aisés, est par exemple «lamentable par rapport aux étudiants qui viennent ici (en Nouvelle-Zélande, ndlr) pour étudier», illustre James Higham.
Il explique que les voyageurs plus modestes, les «routards» restent en général plus longtemps dans le pays visité, engendrant des dépenses cumulées et étalées dans le temps. Alors que les «gros dépensiers» ont tendance à multiplier les voyages de courte durée qui ne sont pas les plus avantageux, notamment «pour les destinations lointaines» et sont, en plus, «à forte teneur en carbone».
L’universitaire l’assure : les touristes de «haute qualité» dont parle Stuart Nash sont aussi souvent «les plus dommageables pour l’environnement». Une donnée à prendre en compte, sachant qu’avant la crise sanitaire la Nouvelle-Zélande s’inquiétait déjà de la dégradation de la nature liée à l’augmentation croissante du nombre de touristes.