>>Pour une économie maritime durable
>>Préserver les écosystèmes marins pour l’avenir
>>Faire de la mariculture un pilier de l’économie bleue
La Stratégie de développement du tourisme du Vietnam jusqu’en 2030, approuvée par le Premier ministre Nguyên Xuân Phuc le 22 janvier 2020, érige le tourisme maritime et insulaire comme l’un des quatre volets du tourisme national. En outre, la Stratégie nationale de développement durable de l’économie maritime à l’horizon 2030, avec vision pour 2045, précise que la promotion du tourisme maritime et insulaire est l’un des éléments contribuant à la formation de zones économiques maritimes clés.
Dà Nang, avec ses belles plages, est la station balnéaire préférée des touristes. Photo : Vu Hà/CVN |
Le tourisme maritime et insulaire montre ainsi son rôle très important pour l’économie nationale, en générant environ 70% des recettes touristiques et contribuant à hauteur de 8% au PIB national.
Des îles, des atouts
D’après Hoàng Nhân Chinh, chef du secrétariat du Conseil consultatif du tourisme (Tourism Advisory Board – TAB), par rapport aux autres pays d’Asie du Sud-Est, le tourisme maritime du Vietnam présente de nombreux avantages pour attirer les voyageurs.
Le pays possède des plages et des baies élues parmi les plus belles de la planète. Avant l’apparition du COVID-19, les touristes internationaux choisissaient le Vietnam comme une destination de prédilection pour leurs séjours sur les îles. De nombreux Européens, notamment Russes, ont souvent pris de longues vacances de trois à quatre semaines dans les stations balnéaires du pays.
Plusieurs grandes îles sont particulièrement propices au tourisme telles que Phú Quôc (province de Kiên Giang) et Côn Dao (Bà Ria-Vung Tàu) dans le Sud, Phú Quý (Binh Thuân) dans le Centre, Cát Bà (ville de Hai Phong) dans le Nord… En particulier, Phú Quôc et Côn Dao, bien agencées et équipées en termes d’infrastructures, de services, voient les activités touristiques battre leur plein et s’affirment de plus en plus comme des destinations touristiques majeures.
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L’île de Phu Quôc, province de Kiên Giang (Sud), une destination phare du tourisme maritime. Photo : Vinpearl/VNP/CVN |
Bon nombre d’îlots côtiers suivent cette voie, par exemple Hòn Tre (Khánh Hoà), Cù Lao Chàm (Quang Nam) dans le Centre, Tuân Châu (Quang Ninh) dans le Nord… Le tourisme maritime et insulaire rehausse de plus en plus son attractivité grâce aux investissements forts dans les infrastructures et les services.
”Si auparavant, les produits touristiques étaient assez monotones, maintenant des îles ont lancé de nouveaux produits originaux, typiques et séduisants, incitant les voyageurs à prolonger leurs vacances”, observe Hoàng Nhân Chinh.
Le district insulaire de Phú Quôc en est un bon exemple. Ces dernières années, il a investi gros dans ses attractions, raison pour laquelle les visiteurs ont tendance à y séjourner plus longtemps.
L’effervescence des circuits estivaux
Comme bon nombre d’autres secteurs économiques, le tourisme a connu une pause forcée de deux ans en raison de la pandémie de COVID-19. À la mi-mars 2022, après que le gouvernement a autorisé la réouverture totale du secteur, les villes et provinces côtières se sont lancées dans l’élaboration de nouveaux circuits insulaires et la reprise des existants pour profiter de la haute saison estivale.
Selon Nguyên Minh Mân, directeur marketing du voyagiste TST tourist, l’été est la haute saison touristique et les circuits insulaires sont toujours bien commercialisés chez les agences de voyages qui savent les rendre attractifs aux yeux des clients. ”Plus de 60% des circuits insulaires sont choisis par nos clients pendant l’été. Ainsi, les îles devront être exploitées de manière méthodique et professionnelle”, déclare-t-il.
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Des touristes arrivant à l’île de Ly Son début avril en bateau à grande vitesse Dà Nang – Lý Son. Photo : VNA/CVN |
Dans le Sud, Hô Chi Minh-Ville s’est lancée dans le projet de bateaux express reliant la mégapole à Côn Dao (province de Bà Ria-Vung Tàu). Selon le plan, deux vedettes rapides, d’une capacité de 600 places chacune, devraient prendre les passagers à l’embarcadère de Nhà Rông – Khánh Hôi de la mégapole du Sud pour atteindre l’île de Poulo Condor après cinq ou six heures. Le prix prévu est de 900.000 dôngs l’aller-retour.
Dans le Centre, la ville balnéaire de Dà Nang est la première localité à ouvrir un nouveau circuit insulaire après la décision du gouvernement de rouvrir le tourisme. Elle a inauguré début avril le circuit Dà Nang – Lý Son (province de Quang Ngai) en bateaux à grande vitesse pouvant embarquer 598 passagers.
Située à 15 miles marins du continent, l’île de Lý Son, depuis longtemps considérée comme un ”paradis au milieu de la mer”, attire les visiteurs par son paysage naturel modelé par une activité volcanique ancienne et l’hospitalité de sa population. En 2019, Lý Son a été élue par le magazine américain Forbes comme l’une des dix plus belles plages du Vietnam.
Avant l’ouverture de cette ligne de bateaux au départ de Dà Nang, les touristes ne pouvaient s’y rendre qu’en prenant des bateaux express de petite taille depuis le port de Sa Ky à Quang Ngai, ce qui limitait le nombre de visiteurs.
Quant à la province de Quang Ngai, consciente du potentiel de Lý Son, dans la Résolution No5 datée de 2021 de son Comité du Parti, elle a décidé d’accélérer le tourisme pour en faire un secteur clé, et cette île a été choisie comme prioritaire pour l’essor touristique de la localité.
La province de Binh Thuân a rouvert les itinéraires depuis la ville de Phan Thiêt jusqu’au district insulaire de Phú Quý en deux heures et demie.
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La porte Tò Vò sur l’île de Ly Son, province de Quang Ngai (Centre).
Photo : Anh Tuân/CVN |
À 56 miles marins, Phú Quý dispose actuellement de bonnes infrastructures, et devient une destination prisée des voyageurs. La directrice adjointe du Service provincial de la culture, des sports et du tourisme, Nguyên Lan Ngoc, annonce que ce district insulaire se fixe pour objectif d’attirer cette année 55.000 visiteurs dont environ 2.200 étrangers, avec des recettes en croissance de 10% par rapport à l’an passé.
Connexion régionale et produis spécifiques
Le tourisme maritime et insulaire apporte des contributions importantes au tourisme national et aux réalisations socio-économiques du pays. Cependant, son développement actuel n’est pas encore à la hauteur de son véritable potentiel. En effet, l’exploitation touristique n’est effectuée majoritairement que sur les zones côtières, et il reste encore de grandes îles inexploitées.
Pour que ce secteur valorise tous ses atouts, des experts ont recommandé de prendre des politiques appropriées pour lier le tourisme maritime au développement de l’économie des localités littorales, créant une connexion étroite entre elles. Il faut que chaque localité ou chaque région identifie ses produits spécifiques, se concentre sur la formation des ressources humaines locales, mette à niveau son système de transports et se coordonne étroitement avec les ministères de la Défense et de la Police à propos des questions de sécurité.
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Il faut prendre des politiques appropriées pour lier le tourisme maritime au développement de l’économie des localités littorales. Photo : Vu Hà/CVN |
”Nous avons besoin d’un plan d’aménagement à long terme au service du développement durable de ce secteur. L’exploitation des ressources marines doit aller de pair avec la protection du milieu marin, notamment sa biodiversité, en minimisant les impacts des activités anthropiques”, suggère Hoàng Nhân Chinh.
Pham Hà, Pdg de Lux Group, une entreprise spécialisée dans le service de yachts de luxe, ajoute que le Vietnam devrait “placer le tourisme maritime au cœur du tourisme national” pour donner les politiques de développement à long terme. ”À mon avis, du fait que nous restons encore dans le flou à propos de quel type de tourisme doit-on mettre en avant, nous peinons à promouvoir efficacement nos destinations et nos produits touristiques”, affirme-t-il.
Des services de croisières recommandés
Des experts constatent que le Vietnam constitue une destination idéale pour les croisières en Asie. Même pour les plus grands paquebots du monde. Cependant, selon Pham Hà, le nombre de navires amarrés aux ports vietnamiens reste encore modeste, faute d’infrastructures et de procédures d’embarquement.
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Bateaux de croisière en baie de Ha Long, province de Quang Ninh (Nord).
Photo : VNA/CVN |
En outre, le service de croisières domestiques en baie a un très fort potentiel, contribuant à diversifier les produits du tourisme maritime. Mais les entreprises l’exploitantes rencontrent des difficultés en termes de procédures administratives. Pour exploiter un bateau de plaisance en baies de Lan Ha (ville de Hai Phong) et Bái Tu Long (province de Quang Ninh) dans le Nord, la société doit obligatoirement avoir 18 licences d’activités remises par différents organismes compétents.
Pham Hà propose que pour augmenter leur attractivité, les entreprises de croisières doivent enrichir leurs services pour prolonger les séjours des voyageurs. ”Par exemple, au lieu d’organiser régulièrement les circuits de deux jours et une nuit en baie de Lan Ha, la société peut créer des séjours plus longs afin que les visiteurs puissent découvrir aussi, dans le même trajet, ces deux baies voisines que sont Bái Tu Long et Ha Long. Le soir, outre les galas sur le sundeck, il faut organiser des visites de marchés traditionnels pour que les touristes puissent acheter des souvenirs de leur voyage”.
Le développement du tourisme maritime est nécessaire pour exploiter de façon intégrale la mer et les îles. Il est décrit comme une des clefs pour une économie bleue durable et comme un moyen de défendre la souveraineté nationale.
Linh Thao/CVN