Pour comprendre ce qu’est le tourisme social et familial aujourd’hui, il convient de se pencher sur ce qu’il s’est passé…hier. Né en 1936 avec l’apparition des congés payés, ce mouvement fait écho à l’apparition du temps libre. Dans ce contexte, l’idée est apparue de proposer des vacances pour tous, développant les rapports humains ainsi que la découverte d’activités, de cultures, ou tout simplement de la nature. Le modèle économique de ce mouvement était alors fondé sur des subventions accordées aux opérateurs qui, en contrepartie de ces flux financiers, affichaient des tarifs nettement inférieurs à ceux des opérateurs du tourisme marchand. Par ailleurs, les opérateurs recevant des subventions organisaient leurs activités sous forme associative.
Aujourd’hui, si les entreprises du tourisme social et familial restent toujours sous forme associative, les subventions antérieurement accordées ont disparu au profit des aides à la personne et le coté corporatif s’est également éteint en raison des offres diverses et variées proposées aux salariés.
Encourager et valoriser le tourisme social est aujourd’hui bien plus problématique qu’il n’y paraît dans la mesure où ce mouvement manque de visibilité et surtout n’est plus prisé par les entreprises. Il semble s’adresser uniquement à une catégorie de voyageurs, une catégorie, dont les consommateurs actuels souhaitent se détacher pour se rendre dans des clubs, hôtels, campings toujours plus « trendy » et luxueux.
Le tourisme social représente aujourd’hui plus d’un milliard de chiffre d’affaires
Voyager, c’est explorer de nouveaux lieux et embrasser de nouvelles cultures : c’est ce que propose le tourisme social et solidaire depuis plus de 80 ans. Représentant en France plus d’ 1 milliard de chiffre d’affaires, 20 millions de nuitées et 6 millions de vacanciers, le tourisme social a sa place et continue de résister dans le paysage touristique actuel.
Aujourd’hui, il s’adresse à une nouvelle clientèle et s’est peu à peu dirigé vers un tourisme de masse. C’est dans ce contexte que ce phénomène mute pour trouver un positionnement plus généraliste, moins de niche, en fixant un nouveau modèle économique qui lui permettra de survivre et de se développer dans un univers très concurrentiel.
S’engager dans le tourisme social et solidaire est avant tout s’engager pour un tourisme de qualité, humaniste visant à créer des liens entre le touriste, les hôtes et la population locale. C’est également s’engager dans un tourisme équitable que ce soit dans la répartition des revenus, l’utilisation des ressources ou l’accès au plus grand nombre.
Le tourisme social et tourisme durable, une compatibilité évidente
Les esprits ont changé et la pandémie a accéléré ce processus. Aujourd’hui, la clientèle recherche des destinations leur permettant un retour à l’authentique, à l’humain mais aussi à la découverte de cultures et de traditions, et ce de manière toujours plus responsable. C’est en ce sens que la totalité des acteurs se positionnent aujourd’hui, souvent sans aucune légitimité et uniquement sur ces critères marketing sans fondements. Or, il se trouve que les opérateurs du tourisme social et solidaire proposent ce concept de vacances depuis 1936, sans vraiment communiquer sur le sujet et sans en avoir besoin d’ailleurs. Être solidaire, familial, social et durable, c’est possible – ce mouvement continue de surprendre tous ceux qui hésitent encore à franchir le pas pour découvrir ce phénomène touristique toujours atypique.
Les nouvelles attentes des voyageurs d’aujourd’hui ne s’apparentent elles pas aux valeurs du tourisme social?
Jean Pochoy
17 Mai 2022, 11:02