Les chiffres dévoilés le 8 avril 2021 dans le cadre des Rencontres du Tourisme Durable – organisé par le Groupe ADP et l’Alliance France Tourisme en partenariat avec le Cercle de Giverny – témoignent de l’envie des consommateurs de s’inscrire dans un tourisme responsable.
L’enquête, menée par l’institut de sondage Ifop, révèle notamment que, dans le cadre d’un prochain voyage, 61% des Français se disent prêts à payer plus cher des produits locaux et 44% sont prêts à payer leur séjour plus cher dans sa globalité pour voyager de manière respectueuse de l’environnement. Enfin, concernant l’hébergement et le moyen de transport, 40% sont disposés à débourser une somme plus importante pour une alternative durable.
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“Le développement durable est une nécessité”
Pour Nathalie Bel Baussant, directrice des programmes de tourisme durable de Teragir, ces données n’ont rien d’étonnant :
La transformation écologique et sociale du secteur du tourisme n’est pas une alternative. Le développement durable est une nécessité.
Une transition essentielle pour répondre aux attentes des consommateurs, mais pas que, comme le souligne Marie-Claire Daveu, directrice du développement durable et des relations institutionnelles internationales de Kering :
Il y a effectivement un enjeu financier, mais aussi éthique. Les entreprises du secteur s’engagent parce qu’elles sont convaincues d’avoir un rôle citoyen à jouer. Tout le monde a envie de protéger la planète.
Une prise de conscience qui semble s’être accentuée durant la crise sanitaire. En effet, 61% des Français se sentent davantage préoccupés par la préservation de la nature et de l’environnement depuis la pandémie. “Ce genre de période amène une accélération des transitions, décrypte Jean-Baptiste Lemoyne, secrétaire d’État chargé du Tourisme. Ce développement durable va devenir une composante essentielle de la croissance du secteur. Les Français sont aujourd’hui en quête d’un éco-tourisme accessible financièrement. A nous de le trouver !”
Qu’est-ce que le tourisme durable pour les Français ?
Toujours selon le sondage mené par l’Ifop pour les Rencontres du Tourisme Durable, voyager de manière responsable et durable s’inscrit dans le respect du mode de vie des habitants locaux pour 68% des interrogés et la consommation des produits locaux (55%). Les Français se disent également disposés à choisir un vol ou une destination de voyage en fonction du taux d’émissions de carbone des avions (55%).
La transformation écologique doit aussi venir des plateformes de voyages en ligne selon les personnes sondées. En effet, 85% regrettent de ne pas avoir accès à des sélections spécifiques de séjours respectueux de l’environnement et responsables.
L’instauration d’un quota ou d’une restriction de visites de certains lieux emblématiques victimes du tourisme de masse dans le but de préserver l’environnement est une bonne chose pour l’immense majorité des interrogés (88%). Une action déjà mise en place dans certaines villes comme à Venise où les paquebots de croisière sont désormais interdits dans le centre historique depuis mars 2021.
Pour Christian Mantéi, président d’Atout France :
C’est aussi le rôle des acteurs du secteur de déconseiller aux visiteurs de se rendre dans des zones dénaturées par l’afflux de touristes. On peut proposer des visites sur d’autres créneaux ou des découvertes en dehors des sentiers battus.
Des séjours plus longs et davantage de lien avec la culture locale
Malgré les idées reçues, vacances écolos ne riment pas nécessairement avec absence de confort, même si “la notion de confort a évolué ces dernières années”, rappelle Sven Boinet, président honoraire de l’Alliance France Tourisme. Pour Nathalie Bel Baussant, “il ne faut pas oublier le confort qui ne se voit pas, comme l’utilisation de produits de nettoyage qui ne sont pas nocifs pour le client et le personnel par exemple”.
Le programme des vacances tend lui aussi à évoluer pour laisser la place à une quête d’expérience et de bien-être qui passera certainement par “des séjours plus longs et davantage de réflexion sur les raisons qui nous poussent à découvrir un pays, une ville ou une région”, détaille Sven Boinet.
Un slow-tourisme qui permet de prendre le temps “de découvrir des cultures sans forcément partir très loin de chez soi”, souligne à son tour Nathalie Bel Baussant. Une vision partagée par Augustin de Romanet, président-directeur général du Groupe ADP qui observe que les touristes sont “davantage en quête d’authenticité et de lien avec les cultures locales”.
Un accompagnement humain et financier de la part des institutions publiques semble indispensable pour permettre aux acteurs du secteur du tourisme de répondre aux attentes et exigences des voyageurs. “Mais c’est une pression positive, conclut Christian Mantéi. Cette demande des consommateurs est une alliée pour nous encourager à produire différemment.”
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